samedi 18 décembre 2010

TOPS 2010 (1). Top des flops 2010


On finit 2010 comme tout le monde avec la manie des bilans, des palmarès et des tops, sauf que chez moi c'est tout nouveau.
En effet, Les Chroniques de Blake ayant moins d'un an d'existence ce sera donc la première fois que je me prête à l'exercice.
Pour commencer, un petit "top des flops" très disparate sur les disques que j'ai trouvés décevants ou surestimés par les médias. Un exercice subjectif et peu charitable, à voir comme une mise en jambes avant les choses sérieuses et donc par essence une chronique multi-sujets !

10. Gorillaz - "Plastic Beach"
Le vrai-faux groupe virtuel de Damon Albarn confirme avec cet opus assez fantomatique le statut de groupe-joujou-gadget qu'il a toujours eu à mes yeux depuis le début. Super pro mais désincarné, avec sa tonne d'invités de prestige (Lou Reed en tête) qui ne parviennent pas à donner corps à cette pâlichonne fête électro-hip-hop-pop. Une vraie machine musicale en plastique ?
deezer et spotify



 

9. Bryan Ferry - "Olympia"
J'aurais aimé que sa Majesté Bryan Ferry, dandy historique du rock, évite de pondre un album paresseux qu'on croirait conçu comme les chutes de ses albums 80's les plus clinquants.
Un zeste d"Avalon" de 1982, un doigt de "Bête Noire" en 1987 : des rythmes funky vieillots, des invités prestige à la pelle qui s'annulent (encore) et des choeurs féminins kitsch : la recette ne prend plus, malgré son timbre de crooner voilé. Le plus regrettable étant cette inutile reprise du "Song To The Siren" piqué à Tim Buckey et This Mortal Coil.
Qu'on ne t'y reprenne plus, Bryan !
deezer et spotify


8. Arcade Fire - "The Suburbs"
Alors, oui, dans mon anti-top, il y a la formation chouchou du rock indé. Et je serai franc, j'aurai mauvaise grâce à décréter que "The Suburbs" soit vraiment un mauvais disque de bout en bout.
Mais que voulez-vous, je n'ai jamais été très sensible au lyrisme appliqué, soit naïf, soit emphatique du couple Win Butler & Régine Chassagne, ces bons éléves indé qui manquent surtout selon moi de vraie folie.
Et comme ne les ai pas vus en live où il semblent exceller et que la presse spécialisée se répand partout en superlatifs un poil outranciers, ce n'est pas cette petite place ici qui va leur porter tort, vous en conviendrez.

7. Sade
- "Soldier Of Love"
Vous me direz : qu'attendre d'un disque de Sade en 2010 ? C'est parce que vous n'avez pas passé votre adolescence avec dans les oreilles le doux feulement sensuel de miss Helen Adu, dont les deux premiers albums restent des modèles de soul jazzy grand public.
Hélas, si la dame est resté d'une belle élégance, ce disque lisse sans histoire n'est pas à la hauteur de son absence de dix ans. Comme conservée dans le formol, la pop mid-tempo calibrée et mollassonne de Sade reste inchangée depuis 20 ans et confirme le peu de risque pris par une chanteuse en surplace artistique permanent.

6. Antony And The Johnsons - "Swanlights"
Voilà l'album qui confirme ce qui m'avait toujours gêné chez le pourtant estimable Antony trop souvent jugé intouchable. Une fois passée la découverte de son timbre androgyne sur son "I Am A Bird Now" (2005) inaugural, le vibrato dramatique appuyé (maniéré) du géant androgyne ennuie, à force d'usage fort répété au long de compositions trop semblables.
Ici la formule est clairement au bord de l'usure et l'ornière artistique pointe, sans parler d'un duo pénible avec Björk.
Et s'il rejouait les divas transgenre néo-disco avec les Hercule & Love Affair, ou allait voir vraiment du côté de l'électro ?
deezer et spotify


5. Sufjan Stevens - "The Adge Of Adz"
Un qui n'a pas eu peur de plonger dans l'électro jusqu'au coup, c'est le père Sufjan Stevens, le petit surdoué très aimé du folk américain. Apparemment pris d'une envie mégalo de publier le disque le plus surproduit de l'histoire, son "The Adge Of Adz" qui prend déjà pour certains fans figure de nouvelle cathédrale pop, a plus pour moi l'allure d'une grosse pièce montée (ou un kouign aman) surchargé d'harmonies vocales et d'effets à faire passer Phil Spector et Trevor Horn pour des producteurs au rabais. 
Une démarche qui ne laisse pas indifférent pour un disque fascinant par instants, mais souvent "too much" et qui manque surtout d'un certain dosage pour ne pas s'avérer vite saoulant. Et l'émotion, dans tout ça, Mr Stevens ? Sacrifiée sur l'autel de l'ambition, on dirait.
en écoute sur son Bandcamp

4. Nicolas Comment - "Nous étions Dieu"
J'en avais déjà parlé en mal, et j'y reviens, ça tourne sans doute à l'acharnement. Mais, à l'heure où une flopée d'artistes de la nouvelle scène française publient de bons albums (Marchet, Lallemant, Belin) il est désolant que certains aient pu trouver un quelconque intérêt dans ce copier-collé pas inspiré et mal écrit des pires tics de Gainsbourg ou Daniel Darc, le tout marmonné avec toute la glaciale morgue d'un pseudo-dandy arrogant qui se voudrait poétique.
C'est à s'en désabonner de Libé ou de Magic, pour autant qu'on y soit abonné, c'est vrai, au fait.
deezer et spotify


3. Orchestral Manoeuvres In The Dark - "History Of Modern
Je sais, c'est pas beau de tirer sur les ambulances, d'autant qu'on entend peu parler d'eux et de leur nouvelle galette. Et ce n'est pas un mal, car on se demande pourquoi McCluskey & Humphreys ont réactivé le dinosaure OMD si c'est pour le faire avec si peu d'inspiration et d'idées. À quoi sert de souiller nos souvenirs z'émus de leurs Enola Gay, Electricity ou ...Souvenir pour les polluer avec ces pop songs synthétocs basiques et racoleuses ?
Le problème n'est pas de continuer, chers ex-vedettes, mais plutôt de respecter le public en évitant de surfer opportunément sur la nostalgie 80 sans l'avoir réactualisée. De quoi réévaluer à la hausse les derniers Depeche Mode ou Killing Joke, voire les p'tits jeunes de Violens.
 
2. Goldfrapp - "Headfirst"
Ceux-là, en d'autres époques, auraient mérité le goudron et les plumes pour avoir sabordé de manière si radicale une des formations pop hier les plus séduisantes, début des années 2000.
Will Gregory
et Alison Goldfrapp, auteurs des capiteux "Felt Moutain" ou "Seventh Tree" ont définitivement vendu leur âme au diable et au dieu show-biz, Alison se rêvant sans doute en nouvelle Madonna ou Lady Gaga indie.
Sinon pourquoi nous infliger ces neuf titres néo-disco d'une banalité affligeante, genre sous-Giorgo Moroder, où le vulgaire le dispute au kitsch ? Sans être le groupe le plus expérimental du monde, on n'imaginait pas un tel abandon de la moindre ambition artistique. Un triste gâchis.

AND THE WINNER IS :   

1. Kanye West - "My Beautiful Dark Twisted Fantasy"
Je ne suis pas très amateur ou connaisseur de hip-hop et il est sans doute mal venu de critiquer un album d'un genre qu'on connait mal. Mais comme il est difficile ces derniers temps de ne pas avoir lu d'éloges de ce qui serait déjà un classique, voire LE chef-d'oeuvre 2010, tous genres confondus.
Si c'est le cas, je m'inquiète et je comprends mieux pourquoi je ne suis pas sensible au hip hop, avec cet étalage de morgue auto-satisfaite à base de vocaux clichetonneux et de gros son tape-à-l'oeil (oreille). Kanye West croit peut-être avoir publié l'équivalent rap moderne des "What's Going On" de Marvin Gaye ou "Songs In The Key Of Life" de Stewie Wonder et se verrait sans doute dans la peau d'un néo-Quincy Jones. Avec cet objet voyant et boursouflé, on serait plus près de la bande-son de blockbusters cinéma épate-gogos.
Que la critique cède à sa campagne de promotion et veuille faire passer pour le comble du raffinement un gros Big Mac étouffe-chrétien confirme bien le peu de crédibilité qu'on doit lui accorder ces temps-ci. Raté ! Et ce n'est pas ça qui me rendra plus curieux du hip hop.




Ont échappé au top in extremis, faute de place et eu égard à leur glorieux parcours : Massive Attack, Brian Eno, Edwyn Collins.













à suivre bientôt : Bilans 2010, la suite...

4 commentaires:

  1. Je suis plutôt d'accord avec toi, sauf pour le Sufjan Stevens, que tu as bien cerné, à ceci près que je ne dirais pas qu'il manque d'émotion. Quand on écoute les paroles, ou qu'on se plonge dans Vesuvius ou I Want to Be Well, il ya tout de même quelque chose. Mais je conçois que ça ne fonctionne pas pour tout le monde.
    Quand au Kanye West, un gros Big Mac, c'est certain, mais un putain de bon Big Mac comme on en mange pas souvent. Je l'air trouvé boursouflé et souvent de mauvais goût, mais une production d'excellente qualité, et c'est sans doute ça qui le sauve.

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  2. hello Spiroid : hé oui, c'est le lot des tops, surtout négatifs comme ici, on forcit parfois le trait.
    Le Sufjan Stevens divise pas mal son monde : chef-d'oeuvre? arnaque? j'ai surtout vu la virtuosité, pas été assez touché.
    Mais c'est vrai que c'est très perso, tout ça... Quant au Kanye West, comme déjà dit, suis pas assez féru de rap, c'est juste la quasi-unanimité critique contestable qui me l'a fait mettre en tête.

    Subjectivité, subjectivité ;-)

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  3. c'est marrant, j'avais envie de faire un truc dans le même esprit, un top 10 des albums les plus surestimés de l'année. J'aurais mis : Kanye West, Sufjan Stevens, Arcade Fire, Gorillaz, Deerhunter, Flying Lotus, Gil Scott-Heron, These New Puritans, The National et MGMT .
    Voilà c'est fait.

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  4. tu aurais dû Benoît, j'aurais voulu lire tes arguments pour chacun, ça aurait été marrant, dommage ...
    Quoique au sujet de Deerhunter et MGMT, on n'aurait pas été d'accord, mais bon, c'est le jeu ;-)

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