mercredi 9 novembre 2011

Le doublé CASS McCOMBS

Et de deux ! À peine quelques mois après son scintillant "Wit's End", le songwriter américain le plus insaisissable de ces dernières années a déjà remis le couvert. Pour qui a a succombé au charme des albums du musicien de Baltimore, voilà une nouvelle alléchante qui, de plus, prouve la bonne santé musicale de l'énergumène dont les disques s'avèrent de plus en plus écoutés, donc attendus.

Au moment de se pencher sur ce "Humor Risk", bien se rappeler de l'effet étrange de la musique d'apparence anodine de Cass McCombs, ceci dit pour éviter de rester sur une première impression de déception genre "moins bien" suite à un "Wit's End" (critique perso) quasi parfait.

Moins épuré et énigmatique que son auguste prédécesseur, ce nouvel opus semble revenir vers des chemins folk-pop plus fréquentés (guitare électrique, basse, claviers) plus énergiques, quasiment le tout venant sonore de la pop, même indie.

De quoi se sentir presque trahi. Oui, mais comme sans s'apercevoir, on y revient plus tard, et encore une fois, et une autre ensuite. Comme envahi par la ritournelle de "The Same Thing" et son entêtant gimmick pop au clavier :



Ou par l'effet hypnotique de la lancinante "To Every Man His Chimera". Ou charmé par l'aspect alanguie de "The Living World", ou l'atmosphère lo-fi singulière de la "Maria" de fin.
Et par les bruits d'ambiance
qui parsèment, comme des annotions griffonnées trouvées en marge d'un journal intime, ce disque à l'allure originale. Le tout porté par le timbre de sa voix chaude, et marqué du sceau d'une certaine bizarrerie qui transcende le matériau de base, la longuette "Mystery Mail" mise à part.

Une chose logique quand on sait ce que ce trentenaire avouait il y a quelques mois dans un entretien écrit pour
Magic, à lire ici :
"En fait, je préfère les albums complètement incohérents, les fourre-tout avec des chansons politiques, des chansons personnelles, ainsi de suite. Il n’y a aucune continuité esthétique dans ce que je fais, aucun style. J’essaie simplement de faire en sorte que l’auditeur me sente, entende les mots distinctement et les interprète comme bon lui semble." 
Ainsi, ce "Humor Risk" serait à aborder comme un disque-miroir posé face à "Wit's End", de huit longs titres chacun, aussi éclectique et changeant que ce dernier était posé et impénétrable.

Et le montre comme un individu libre, s'inscrivant à la fois dans la tradition de l'artiste folk prolixe (de Bob Dylan à Elliott Smith
en passant par Tim Hardin), mais confirme l'aspect inclassable d'un électron libre dont le talent semble être celui de transmuter en objets non identifiés des éléments pourtant connus :



Dans un registre où Conor Oberst de Bright Eyes a fini par lasser, Cass McCombs fait mouche lui qui n'a jamais cherché à courir après les modes. Un fait évident quand on revisite son parcours discographique, qui de "Catacombs" à "A" est parcouru d'une vraie pertinence intemporelle.













Ce qui n'empêche pas son auteur d'être de son temps, fidèle et changeant en même temps. De quoi rendre inattendu le quotidien musical par les vertus d'un alchimiste gentiment touché par un certain ange du bizarre, à l'univers décidément très addictif :

Cass McCombs - "Robin Egg Blue" (Gun Drum Mix)

Tracklist:
 

1. Love Thine Enemy
2. The Living Word
3. The Same Thing
4. To Every Man His Chimera
5. Robin Egg Blue
6. Mystery Mail
7. Meet Me At The Mannequin Gallery
8. Mariah

Cass McCombs. "Humor Risk" (Domino Records) Sorti lundi 7 novembre
♥♥♥♥
en écoute sur spotify et deezer
3 titres sur la Playlist Popavis sur les inrocks et magic
Cass McCombs


4 commentaires:

  1. Argh !! Vais-je arriver au bout de l'année sans avoir écouté un de ses deux albums ! Ce sera mon défi, caser lécoute des ces deux disques !!!!

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  2. Ah Ah, on a les défis qu'on peut ! :-)
    Sans hésitation, écoute d'abord "Wit's End", si ça te plaît, le reste après.
    Dans le cas contraire, j'imagine que t'en as tant d'autres à écouter qui t'attendent...

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  3. Arf, complètement passé à côté de Cass Mc Combs, de son premier album de l'année, et par conséquent du second. Faut que je me rattrape (même si je suis pas sûr que ça va me plaire)

    Et le changement d'image d'accueil c'est pour dire que tu t'en vas ? J'espère pas!

    Sinon je me posais une question sans aucun rapport: tu as déjà pensé à participer au classement des blogueurs ? C'est ouvert à tout le monde. C'est pas moi qui dirige, mais si personne ne t'en parle tu ne peux pas faire le choix d'y participer. Je te laisse l'adresse si ça t'intéresse (si tu ne notes pas, tu peux simplement écouter les propositions). http://classementdesblogueurs.fr/WordPress3/

    A bientôt quelque part

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  4. Merci pour ta sollicitude, et ton attention, futé Joris : le changement d'image, c'était pas vraiment conscient, juste pour indiquer un changement d'humeur, un Blake sur la rive, un peu distant quelque temps, pardon pour l'usage de la 3ème personne...

    Bon, me revoilà, donc : nouvelle image appropriée. Merci aussi pour le CDB, j'irais y faire un tour !

    Et à très bientôt, avec ou sans Cass McCombs :)

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