jeudi 3 février 2011

DUBSTEP OR NOT DUBSTEP ? James Blake, l'album

Depuis belle lurette que le disque de James Blake circule sur le net, tourne sur les lecteurs mp3 et fait les gorges chaudes de la blogosphère musicale, nul surprise si je l'évoque avec une légère avance sur sa parution officielle ce lundi 7 février, puisqu'en fait je suis déjà en retard, si vous me suivez bien.

Avec ce premier album attendu comme l'un des grands rendez-vous de ce début 2011, James Blake divise bel et bien, signe des attentes qu'il suscitait chez beaucoup.

Le single-carte de visite de l'album :


Alors, confirmation du talent de ce jeune londonien de 22 ans vu pour les amateurs d'électro comme son futur grand espoir ? Ou trahison de l'esprit inventif et underground du genre dubstep, dont il était considéré comme son petit génie il y a un an avec les remixes de Destiny's Child, Lil Wayne ou ses collaborations avec les Mount Kimbie ?












Tandis que ses précédents EP (The Bells Sketch, CYMK) déjà évoqués ici peaufinaient une électro à tendance expérimentale tissée d'un entrelacs complexe de samples vocaux et effets sonores répétitifs à tendance hypnotique, l'album s'avère fondamentalement construit sur les parties vocales.
Il y développe une sorte de gospel électro minimaliste à la fois sensuelle et désincarnée, basée sur les claviers et le piano et surtout sa propre voix où il maîtrise un vibrato de crooner black digne de celui d'un vieux briscard de la soul music.

Un choix qui n'aurait pas dû surprendre à l'écoute de son "Klaviewerke EP", où le virage gospel et soul s'amorçait déjà amplement, avec ces claviers résonnants et cette soul en apesanteur.

Une option qu'il a épurée à l'extrême sur l'album, créant une atmosphère de chants néo-gospel, de soul futuriste dépouillée (Limit To Your Love), voire de recueillement spirituel (Measurements).

"James Blake, l'album" instaure une atmosphère fortement addictive qui témoigne à l'évidence d'un tempérament solitaire, d'une maîtrise technique imposante et d'une aisance vocale qui convoque au détour des plages les échos des voix de Nina Simone, Al Green, Terry Callier, D'Angelo ou le voisinage vocal proche d'un Antony & The Johnsons. Sans omettre que l'album compte au moins deux moments de haute volée : l'obsessionnel "I Never Learnt To Share" et le crescendo sonore de "The Wilhem Scream".



Pour être juste, les arguments de certains détracteurs du LP qui lui reprochent un aspect "r'n'b blanc" ainsi que son usage parfois immodéré de l'auto tune ne sont pas toujours sans fondement, assez pertinents dans les deux "Lindisfarne" à mi-parcours du disque.

Mais paradoxalement, c'est aussi cet aspect de bloc uniforme où Blake semble creuser encore jusqu'à l'os (l'abstraction?) toutes ses fantomatiques complaintes soul se répondant entre elles qui lui confère son identité marquée, entre caresse soul et solitude désolée. Dans ses meilleurs moments, il y a de la grâce dans cette électro-soul mutante au temps suspendu.


Pour revenir à la mini polémique suscitée, le mécanisme est connu qui fait qu'un artiste essuie les foudres du cercle d'initiés auquel il échappe pour élargir son audience, mais je pense qu'il y a encore de la marge à ce que James Blake devienne une soupe marketing déclinée jusqu'à l'usure.

Loin d'être un puriste spécialiste du dubstep, mon avis n'est cependant que celui d'un mélomane anonyme séduit par l'épure et la classe d'un artiste à la griffe déjà affirmée.
Et, pour finir, on ne réfutera pas le caractère événementiel de la sortie de ce disque. Que cet album soit ou non novateur, et qu'il figure ou non dans les grands disques de l'année, le temps seul nous le dira.

Tracklist :
1. Unluck
2. The Wilhelm Scream
3. I Never Learnt To Share
4. Lindisfarne I
5. Lindisfarne II
6. Limit To Your Love
7. Give Me My Month
8. To Care (Like You)
9. Why Don’t You Call Me
10. I Mind
11. Measurements

James Blake. "James Blake" (Atlas/A&M) ♥♥♥♥
SORTIE LUNDI 7 FÉVRIER
2011

en écoute sur Deezer et Spotify

Ils en ont déjà parlé, les pour : arbobo, Des Oreilles dans Babylone, Esprits Critiques

les contre : Chroniques électroniques, Brainfeeders & Mindfuckers

et un peu agacés : The Drone

myspace James Blake

10 commentaires:

  1. hé hé, en tout cas pour un représentant d'nu genre assez obscur en France, il fait drôlement parler de lui :-)

    ravi que tu rejoignes les "pour" blake (remarque vu son nom ç'aurait été dommage...)

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  2. Bon, comme je ne peux tout de même pas me renouveler partout, le même texte que chez les amis d'Esprits Critiques :

    C’est un des albums polémiques de la rentrée avec Destroyer et Anna Calvi.

    Il y a ceux qui adorent et ceux qui vouent aux gémonies. Je n’ai pas encore écouté.

    Mais je me prépare déjà à me jeter dans la bagarre pour renforcer l’un ou l’autre camp. Je sens que mon appoint sera capital. Certains se moqueront sur le thème des carabiniers d’Offenbach. Mal leur en prendra. Ils comprendront l’inanité et la douleur de leur attitude quand Je lancerai ma cavalerie sur la morne plaine. Avec un art stratégique hérité d’Hannibal et Napoléon, je basculerai juste au moment où les forces des combattants fondent et les tranchants des lames s’émoussent. Du haut des machicoulis de ma science, j’aspergerai les incroyants de mes certitudes. Je porterai au bucher les dernières hésitations des faibles. Je glisserai la lame dans les corps et saupoudrerai les blessures de sel marin (de préférence de Guérande bio, c’est un meilleur produit).

    Et, vainqueur, dans un dernier souffle guerrier, j’assisterai les vaincus et les aiderai à panser leurs plaies.

    Bon, je vais aller l’écouter, tout de même...

    Ceci dit, une année avec trois polémiques sur le mois de janvier, c’est déjà une bonne année, non ?

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  3. Si je t'ai bien suivi... je suis TRES en retard ! Grâce à toi de m'avoir permis de rejoindre les rangs des "Pour", définitivement.

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  4. Hello Blake.

    Disque polémique, c'est exact. Il a déclenché une véritable bataille critique. Hype ou pas hype ?? Bon ou mauvais ?? Futur du dubstep ou bouse électronique ??? Vaste débat. Perso, j'ai le disque mais je ne l'ai pas encore beaucoup écouté. J'ai du mal à me faire un avis tranché actuellement mais je ne comprends pas cette acharnement sur lui. Ça me rappelle la polémique autour de "North" du groupe Darkstar. Il y a ceux qui ont adoré (moi le premier) ce néo dubstep mâtiné de pop (ou néo pop-dubstep) et ceux qui y ont vu que mièvrerie électro pop !! Chacun sa sensibilité, et heureusement. Mais de là à descendre en flèche un disque, il y a de la marge.
    Je ne comprends pas cette tendance (très présente sur les blogs) à vomir, à massacrer un disque que l'on a pas aimé !! Est-ce se prendre pour un critique (amateur) à la compréhension absolue, quelqu'un dont le jugement à valeur de raison universelle ???
    Perso, on pourra me le reprocher mais j'ai pour principe de n'écrire que sur ce qui me plait. Le reste, aux oubliettes.....En même temps, c'est le jeu de la critique. Mais entre critiques négatives construites et acharnements immédiats sans réels arguments valables autres que le défoulement, il y a une différences énorme. Mais ce n'est que mon modeste point de vue !!!

    A + +

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  5. @arbobo : hé oui, Blake (mes excuses pour parler de moi à la 3ème personne) est pour James Blake, rien de plus logique en fait … Et de toute façon, il est bien, non, ce disque ? ;-)

    @mmarsup : magnifique post ou plutôt quasi-poème épique au souffle quasi-hugolien. Mmarsup en Napoléon de la blogosphère musicale, ça a de la gueule... Que sera-ce quand tu auras écouté l'album ? ;-)

    @In Cold Bog : ravi si tu as découvert et apprécié, cet espace est fait pour :)

    @francky : vaste débat que tu ouvres. Perso j'aime pas non plus trop dire du mal, sauf en cas de gros rejet d'un disque de ma part ou d'éloges critiques professionnels exagérés, genre battage médiatique saoûlant (style Anna Calvi récemment, j'avoue)... mais tu remarqueras que généralement, j'argumente un minimum.

    L'exercice critique, en fait, est très très subjectif, mais parfois une critique bien argumentée peut ouvrir sur des points de vue différents enrichissants sur une oeuvre, si le critique est de bonne foi et ne sert pas de sa tribune juste pour se lâcher gratuitement;-)
    Et dans le cas du James Blake, pas mal d'avis négatifs reflètent leur déception ressentie suite à l'attente, un avis respectable après tout... même si je ne le partage pas ;-)
    See you soon !

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  6. Blake et Francky.. on me réclame très très souvent des billets d'humeur. "Vomir" comme vous dites. Je suis comme vous, je ne voispas l'intéret de s'étendre sur un disk qui ne passe pas et donc que l'on a pas écouté très objectivement. Et il y a aussi le problème de l'autopublication d'amateur qui nous donne pas le droit de faire n'importe quoi. Gardons l'énergie pour les choses qui nous vont. J'ai qd même fait un essai qui me botte pas des masses sur Ducktails. J'ai même failli le retirer.. mais en parallèle afficher le nombre d'écoutes pour chaque critique peut expliquer certains jugement et relativiser l'acidité. En fait j'étais tellement dépité à l'écoute de ce disk qu'il fallait que je vous prévienne..ça craint ??
    Pour James Blake, j'ai écouté grace à Blake et puis fouillé après écoute sur la toile. Encore une fois le buzz m'a rendu muet. Pourtant j'ai pris beaucoup deplaisir à écouter ce disk.. c'est le gros débat autour de lui qui en fait un prétentieux (et notamment ceux qui ne l'aim epas), pas le disk lui même. C'est qd même pas dégueux, moi y'a même des chansons qui me font penser à Antony/Finfley Quaye sur un son Eraser/Pressure Drop avec de la soul en plus. Super moment en tout cas merci Blake..pour Blake.

    Bye a++

    ps: Je suis désolé de vous demander ça, est ce que tu pourrais Blake (ou qqun d'autre) me mailer (adresse en page de blog charlu), je suis une buse en ordi, je ne sais pas mettre plusieurs vidéo dans mes pages (une seule). Je ne gère pas bien les outils (j'arrive à le faire chez les frères du son, ils m'ont expliqué). Le technique ici ça fait tache..en mail c'est mieux ?? MERCIIII

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  7. Pour ce disque à fond !!! J'adore cette ambiance !! Même les voix synthétiques que je n'aimais pas à la première écoute, elle passe très bien maintenant.
    Rien à faire du débat autour de cet artiste, encore une fois c'est la musique qui prime ! Franchement le piano de Limit to your Love est génial ! Et cette voix !! J'ai du mal à croire que c'est un blanc bec de 22 ans.

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  8. @Muffin Man : content que voir que le James Blake suscite ton enthousiasme. Quant à la mini-polémique, c'est juste parce que ses EP étaient beaucoup plus dubstep et électro que ce 1er LP plus vocal, très "r'n'b blanc".
    De là à ce qu'on lui reproche (déjà) à verser dans le commercial grand public, franchement...
    Sinon, j'ai fait un p'tit tour sur ton site : le concept musique + pâtisserie : très original... À bientôt, j'espère :-)

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  9. Merci Blake d'être venu visité mon blog. Pour ma part ce n'est pas la première fois que je viens sur le tien et ce ne sera pas la dernière car je l'aime ! Et en plus ce qui est rigolo c'est que nos deux blogs ont pratiquement vu le jour en même temps ! Je mets de ce pas un lien vers le tien sur mon blog ! A très bientôt !

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  10. Hello,

    Une bonne surprise James Blake... Je l'ai découvert grâce à Deezer (oui oui...) et j'ai été surpris. Oui, surpris, je pense d'ailleurs que à la première écoute on est un peu obligé de l'être.

    Comment rester neutre face à cette ambiance qu'il créé ?

    Donc merci pour cet article, je l'ai ainsi retrouvé et je vais l'écouter un petit moment grâce à toi ;)

    (Mais pas sur Deezer... > limite de temps grr)

    A bientôt !

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