mercredi 15 juin 2011

WU LYF vs BATTLES : du neuf, vraiment ?

Hype et buzz, la suite... Avez-vous remarqué que le nom de WU LYF a plus vite fleuri cette semaine sur la blogosphère musicale que des coquelicots sur le bord des routes au printemps?

Nouvelle sensation dont le bruit n'a fait que croître avec un bouche-à-oreille savamment entretenu (traduisez : un non plan média béton), ces mystérieux individus planqués derrière l'acronyme de World Unite! Lucifer Youth Foundation sont présentés comme la next big thing, voire comme des radicaux au discours activiste.

Si on appris à se méfier des ces rumeurs fabriquées, avouons que c'est vrai qu'on aimerait s'abandonner à l'excitation de la découverte, de la révélation qui nous foudroierait sur place et nous ferait tout oublier. Sans idées préconçues, on écoute donc "Go Tell Fire To The Mountain", album au titre et à la pochette promettant des envolées spatiales ou pourquoi pas, de l'invention prophétique.


Damned ! La première écoute nous révèle, en lieu des nouveaux messies du rock attendus, des ébauches inabouties de chansons engluées par une batterie assourdissante, baignant dans un nappage de vieil orgue permanent et un tricotage de guitares plus maladroites qu'inspirées.
Le pire étant ces braillements gutturaux aussi subtils que des cris de primates faisant office de vocaux à volonté "tribal-festif-collectif déchaîné", je suppose.



Je forcis le trait exprès, mais difficile de comprendre l'engouement autour d'eux. Réécouté une autre fois, point d'effet Madchester à la Happy Mondays/Stone Roses lus sur certains articles dithyrambiques, mais on s'aperçoit de l'inachèvement de cette musique, plus post-rock fatigant que nouveauté inédite.

Et cet ennui qui s'installe si vite pendant ces morceaux bien longs et identiques ! Pas la fête dyonisiaque escomptée, juste des musiciens qui croient révolutionnaire de jouer les mystérieux, bouder les journalistes et jouer cachés sur scène. Comme si les Residents ou Daft Punk n'avaient pas déjà occupé le créneau.



On suggère à ces énergumènes qui ont pour eux aux yeux de la presse le fait de venir de Manchester de négliger leur supposée "super-démarche" et plutôt de repenser toute leur musique élue haut la main déception (pénible) de la saison.
Qui n'a rien de passionnant et surtout, de faire une bonne chose : indiquer vite au "chanteur" Ellery Roberts un bon oto-rhino, rien que pour ménager nos oreilles...

Tracklist :
1. L Y F
2. Cave Song
3. Such A Sad Puppy Dog
4. Summas Bliss
5. We Bros
6. Spitting Blood
7. Dirt
8. Concrete Gold
9. 14 Crowns For Me & Your Friends
10. Heavy Pop

WU LYF. "Go Tell Fire To The Mountain " (LYF Recordings)
sorti le 13 juin

écoute sur spotify & deezer
chroniques : tous pour sur Tasca Potosina, La Musique à Papa et Le Noise !

WU LYF

En quête des sensations soniques promises, on se tourne alors vers le deuxième opus des New Yorkais de Battles. Sûr, on ne pourra pas reprocher aux américains de ne pas soigner leur son ou de nous brailler dans les oreilles.
Plus portés sur les instrumentaux musicaux dignes de laborantins fous, les américains portent bien leur nom de scène : Battles, c'est une vraie machine de guerre, une armada de soldats soniques avide d'en découdre avec les beats, les rythmes et les boucles.

Sur le précédent "Mirrored" de 2007, si le quatuor de grosses têtes se montrait autant descendants moderne de Gong ou de Steve Reich que champions d'un math rock expérimental (le single Atlas), le gang désormais réduit à l'état de trio suite au départ de Tyondai Braxton, confirme sa légère mue amorcée avec "The Lines" de la B.O. de Twilight - Eclipse.



Toujours ce goût des triturages sonores portés par un son puissant machinique, mais au ton plus pop, voire ludique.
D'où ce recours à des voix extérieures remplaçant la voix bidouillée de Braxton (Gary Numan, Kazu Makino de Blonde Redhead, Matias Aguayo) même si leur spécialité reste les grandes embardées de rythmes : la triplette "Inchworm"/"Wall Street" entamée avec "Futura", fleuron du genre et morceau générateur d'énergie inépuisable pour la journée.

Battles | "Futura" | "A Take Away Show"



On trouvera cet album plus léger que le précédent mais sans doute aussi moins surprenant, les bases de leur son y étant déjà présentes. Le signe d'un surplace créatif ? À voir.
Groovy et puissante, la musique de Battles n'a qu'un seul gros revers : écouter leur disque en entier épuise assez vite, sans oublier leur travers dommageables (le post-rock inaudible de White Electric).

Gros jouet parfois saoulant, mieux vaut y grappiller selon l'humeur un titre ou deux, mais on frise l'indigestion si on veut tout avaler.
Un peu comme ces bandes-son de jeux vidéo auxquels ils font songer, les délires high-tech de Battles peuvent vite tomber dans un côté gadget gratuit. Mais saluons l'énergie de cette bande de cadors musicaux.

Du coup après deux tentatives, me voilà peu prompt à rechercher la modernité sonore à tout prix, souvent illusoire, la plupart des chemins ayant pas mal été défrichés.
Finalement, nouvelle ou pas, il suffit à la musique qu'elle me transporte pour vraiment longtemps. On n'en demande pas plus, mais pas si facile...

Tracklist :
1. Africastle
2. Ice Cream (feat. Matias Aguayo)
3. Futura
4. Inchworm
5. Wall Street
6. My Machines (feat. Gary Numan)
7. Dominican Fade
8. Sweetie And Shag (feat. Kazu Makino)
9. Toddler
10. Rolls Bayce
11. White Electric
12. Sundrome (feat. Yamantaka Eye)

Battles. "Gloss Drop" (Warp) ♥ (♥)
sorti le 3o mai
écoute sur spotify
à lire sur Random Songs et critique sur Magic

Battles

7 commentaires:

  1. Ce qui me chagrine dans cette histoire, c'est qu'on fait dire beaucoup de choses au WU LYF. Mais ils ne se considèrent pas révolutionnaires, ni dans leur approche marketing ni dans leur musique. Et il suffit de les voir sur scène pour comprendre que le terme hype ne leur va pas du tout. Une bande de gamins qui veulent faire de la musique sans qu'on les emmerde, voilà ce qu'ils sont.
    On les connaissait pour quelques chansons, et l'album est à la hauteur de celles-ci, donc en ce qui me concerne, aucune mauvaise surprise. J'aime bien les cris et l'énergie communicative à la Animal Collective, la guitare discrète, la batterie sans limites... Je n'y vois ni post-rock ni Madchester (à part dans certains sons de guitare). Bref, je conçois qu'on y adhère pas, mais je ne comprends pas vraiment les critiques.

    Assez d'accord avec toi sur le Battles sinon, même si j'ai réussi à l'apprécier par moments.

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  2. Ah, je vois qu'on ne sera pas d'accord, Joris.
    C'est vrai, je sur-réagis peut-être trop sur WU LYF mais si "hype" il y a, c'est plus les médias qui s'embarquent dedans.
    Que eux veulent juste faire leur musique d'accord, mais difficile en tant qu'auditeur d'oublier le battage autour... quand en plus, on n'apprécie pas la musique en question ! Pourtant j'aurais voulu, je t'assure. Mais content de te voir plonger dans le débat :-)

    Quant au Battles, à la relecture me suis montré peut-être trop sévère car il y a un aspect que j'apprécie chez eux, cet aspect énergie pure directe de "Futura" entre autres. C'est juste à consommer avec modération ! ;-)

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  3. @Joris réécoute les albums du label Constellation (bonne chance !), le disque de Wy Lyf est bourré de gimmicks et de références empruntés au post-rock canadien, les morceaux sont construits de la même manière, avec un son qui s'en rapproche aussi. D'où mon étonnement quant à enthousiasme par rapport à ce groupe. Ceci dit, on se rend compte que globalement, c'est : soit on adore, soit on déteste. ;-)

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  4. @Blake: Après c'est possible que j'aurais réagi comme toi si l'album m'avait ennuyé !

    @Benoit: Tu as peut-être raison. J'ai vu aussi un commentaire de Blake sur La musique à papa qui les comparait avec d'autres groupes. Moi ça ne me dérange pas en fait... Il y a des dizaines de groupes qui se copient les uns les autres, en voilà un de plus, sauf que celui là il me parle. J'aime bien leurs ambiance, et leur univers. A la différence de Vampire Weekend ou des Local Natives :) D'ailleurs je n'ai pas spécialement insisté sur leur son dans ma chronique, parce qu'à la fois je trouve qu'ils ne ressemblent à personne, et à la fois j'y entend beaucoup de choses. Sans être forcément originaux, ils ont trouvé un son bien à eux.
    (Constellation c'est ceux qui ont joué avec Vic Chesnutt ? j'avais bien aimé, faudrait que je jette une oreille.)

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  5. J'ai beaucoup de mal sur WU LYF aussi. Je trouve cette musique... épuisante. Et c'est le même adjectif que je collerai aux Battles (et je comprends que tu éprouves la même chose, Blake).
    Bref, 100% d'accord avec toi, Blake ! :)

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  6. Je suis enfin en train d'écouter Wu Lyf. Et oui je suis en retard mais en général tout ce qui fait du tapage, je l'évite ou je le retarde mais à force de voir ce nom bizarre partout j'ai décidé de l'écouter. Je suis bien d'accord avec toi Blake (comme souvent en même temps). Y'a rien d'excitant la dedans. C'est du post-rock (du Explosions in the sky) avec une touche d'ethnique (à la mode) et une voix de primate et c'est sur ce point que je trouve que ca gache tout car à la limite y'a de l'idée niveau mélodie.

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  7. @alex : merci d'être raccord avec moi (comme souvent avouons). Du coup, je me demande s'il n'y aurait pas un peu de gênes de Yéti chez moi ? :-)

    @muffin man : la hype et moi ça fait deux normalement (à part MGMT qui m'a bien eu). Cette fois-là j'ai tenté avec plaisir. Plouf, plus de hype !
    Je comprends du coup ta précaution habituelle et merci de tes commentaires détaillés :-)

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