Qu'un billet sur le dernier Miossec figure ici est une chose qui m'étonne assez moi-même. Pas du tout que la figure du chanteur brestois me laisse indifférent, mais depuis quelques années on a épisodiquement suivi sa carrière qui faisait un certain surplace (excepté le beau "1964" de 2004), flirtant souvent avec une banale chanson-rock et retrouvant en fait rarement la verve de ses deux premiers albums "Boire" et "Baiser" fin des années 90.
Ainsi, l'écoute des "Chansons Ordinaires" commence mal : des titres courts d'un rock minimal à la prise de son brouillonne, brassant les mêmes textes désabusés chantés d'une voix courte, une première écoute qui passe plutôt dans l'indifférence.
Pourtant à s'y reprendre plus tard, son choix de revenir à un format rock plus serré se révèle une bonne idée, d'autant que passées les trois banales et mornes premières chansons, ce huitième album révèle une vraie énergie retrouvée.
Ne pourtant pas chercher de l'innovation musicale dans ce recueil de onze titres - tous débutant ironiquement par "chanson" - enregistré à l'instinct avec de jeunes musiciens proches de Dominique A après seulement trois jours de répétition. On n'y renouvellera pas les fondamentaux d'un Miossec, premier à critiquer la faiblesse de son chant, la tendance qu'aurait son inspiration à radoter ou la simplicité musicale de son approche.
Une fois que l'artiste a réglé lui-même lucidement son propre compte, c'est donc aussi pour ses limites qu'on peut estimer Miossec et prendre plaisir à ces retrouvailles. Comme retrouver un vieil ami perdu de vie (une thématique de l'amitié très présente ici) défauts y compris, mais que le passage du temps rend vraiment plus touchant.
Omniprésence des amours mal fichues, éternelle rage sociale, regret de la liberté artistique de la chanson passée perdue de nos jours, obsession du temps qui passe ("Comme le temps passe, comme il nous abîme, comme il nous laisse de cicatrices" sur Chanson qui laisse des traces) : rien de nouveau, mais Miossec enfonce ici avec efficacité le clou du spleen et de la désillusion déjà planté dès ses débuts (remember Regarde un peu la France).
Plutôt ragaillardi par le format rêche et expéditif de l'expérience, par ses musiciens parfois bruitistes qui jouent sec et dru, ces "Chansons Ordinaires" ne semblent pas être une illusoire tentative de retourner au son de ses débuts.
Juste une étape plus lumineuse et plaisante dans le parcours souvent inégal, mais toujours attachant de ce solitaire irréductible amateur de tension, d'accidents et d'une certaine zone d'inconfort.
Et puis au fond, difficile de renier les vieux amis, ce serait se renier soi-même... Welcome back, Christophe !
Tracklist :
1. Chanson Que Personne N'écoute
2. Chanson Pour les Amis
3. Chanson d'un Fait Divers
4. Chanson Pour un Homme Couvert de Femmes
5. Chanson Pleine de Voix
6. Chanson Dramatique
7. Chanson du Bon Vieux TempsAinsi, l'écoute des "Chansons Ordinaires" commence mal : des titres courts d'un rock minimal à la prise de son brouillonne, brassant les mêmes textes désabusés chantés d'une voix courte, une première écoute qui passe plutôt dans l'indifférence.
Pourtant à s'y reprendre plus tard, son choix de revenir à un format rock plus serré se révèle une bonne idée, d'autant que passées les trois banales et mornes premières chansons, ce huitième album révèle une vraie énergie retrouvée.
Ne pourtant pas chercher de l'innovation musicale dans ce recueil de onze titres - tous débutant ironiquement par "chanson" - enregistré à l'instinct avec de jeunes musiciens proches de Dominique A après seulement trois jours de répétition. On n'y renouvellera pas les fondamentaux d'un Miossec, premier à critiquer la faiblesse de son chant, la tendance qu'aurait son inspiration à radoter ou la simplicité musicale de son approche.
Une fois que l'artiste a réglé lui-même lucidement son propre compte, c'est donc aussi pour ses limites qu'on peut estimer Miossec et prendre plaisir à ces retrouvailles. Comme retrouver un vieil ami perdu de vie (une thématique de l'amitié très présente ici) défauts y compris, mais que le passage du temps rend vraiment plus touchant.
Omniprésence des amours mal fichues, éternelle rage sociale, regret de la liberté artistique de la chanson passée perdue de nos jours, obsession du temps qui passe ("Comme le temps passe, comme il nous abîme, comme il nous laisse de cicatrices" sur Chanson qui laisse des traces) : rien de nouveau, mais Miossec enfonce ici avec efficacité le clou du spleen et de la désillusion déjà planté dès ses débuts (remember Regarde un peu la France).
Plutôt ragaillardi par le format rêche et expéditif de l'expérience, par ses musiciens parfois bruitistes qui jouent sec et dru, ces "Chansons Ordinaires" ne semblent pas être une illusoire tentative de retourner au son de ses débuts.
Juste une étape plus lumineuse et plaisante dans le parcours souvent inégal, mais toujours attachant de ce solitaire irréductible amateur de tension, d'accidents et d'une certaine zone d'inconfort.
Tracklist :
1. Chanson Que Personne N'écoute
2. Chanson Pour les Amis
3. Chanson d'un Fait Divers
4. Chanson Pour un Homme Couvert de Femmes
5. Chanson Pleine de Voix
6. Chanson Dramatique
8. Chanson Protestataire
9. Chanson Qui Laisse des Traces
10. Chanson d'Insomniaque
11. Chanson Sympathique
Miossec. "Chansons Ordinaires" (PIAS France) Sorti le 12 septembre
♥♥
en écoute sur spotify et deezer
2 titres sur la Playlist Pop
article sur magic
Miossec chez Pascale Clark sur france inter
Miossec le site
Génial ce billet Blake... Comme tu l'imagines, j'ai laissé ce disque dès sa sortie en parture à Liberty girl... eh, j'attends le verdict.. elle est accro mais d'après mapremière écoute, ça va érisser le poil.
RépondreSupprimerPour m apart, c'est bizarre, mais je suis moyen sur ses débuts, c'est con, mais exactement son phrasé décalé qui casse tout qui me gène un peu... ça dépend..ça dépasse, y'a trop de mots pour les cases. Ceci dit, j'aime beaucoup "L'étreinte".. avec en plus cette association avec un peintre qui lui a mis du fauve pour l apremière fois... tjrs les mêmes pochettes avant.. et ça va bien, disc différent... "la mélancolie".. disc impec.
Voilà, je te redonnerai des nouvelles après verdict, je l'ai laché le disc ..il va revenir ...comment ??? moi j'ai une petite idée... juste comme ça, et tu l'as dit, gros son Dominique A, tendu, bon, guitare à poil.
BYEEEEE
Salut Charlu : marrant comment chacun reçoit les artistes, dans le cas du breton, une certaine affection de base mais assez indifférent à sa récente production...
RépondreSupprimerBon, l'ai tout de même vu en concert avec son pote Yann Tiersen, joli moment conjoint, ensuite oubli.
Et puis ce retour au basique assez probant : plutôt content de le revoir, comme un membre de la famille longtemps perdu de vue avec qui on renoue vite. Les liens anciens parfois, ça a du bon ;-)