samedi 11 juin 2011

WILD BEASTS. Des bêtes pas si sauvages

Idéal aussi que ce troisième album des Wild Beasts pour remettre doucement pied sur terre et animer un week-end qui s'annonce maussade. Ainsi, "Smother", le nouvel opus des ces outsiders anglais est peut-être de ceux qui va révéler au plus grand nombre les vertus de leur musique.

Indéniablement pop, trempée dans l'électro et prenant ses sources dans une excentricité british entre influences cabaret et culture électro pop, la musique au spleen subtil du gang venu de Kendal est surtout marquée par la voix si identifiable de son chanteur principal Hayden Thorpe :



Chanteur principal mais pas unique, certains titres étant assurés par le bassiste Tom Fleming, mais avouons que le falsetto marqué de Thorpe est une composante plus qu'essentielle du son des Wild Beasts.
Du genre "voix qui peut diviser", entre fans de sa préciosité hypersensible ou vrais hermétiques à son emphase dramatique toujours en équilibre sur le fil du too much. Un aspect maniéré qui ne m'a pas gêné à l'écoute de ce timbre surtout expressif.

Une voix en tout cas véhicule parfait pour des pop songs dont l'excellence des compositions et de la production s'avère indéniable au fur et à mesure de l'écoute d'un disque au son percutant et affûté, plus subtil que prévu.

Élaboré dans les studios des sorciers électro Caribou et Four Tet, "Smother" - étouffé en V.F. - affirme une belle harmonie sonore, entre cascades de piano entêtant (la perle "Lion's Share), percussions martelées (Reach A Bit Further), mini-tubes entêtants (Plaything) et arrangements synthétiques aériens (le sommet Loop The Loop) dans une ambiance fascinante assez voisine des productions de Nigel Godrich :



L'affirmation d'une belle continuité dans la lignée de leur second album "Two Dancers" de 2009, affiné musicalement et évitant à la fois les pièges de l'électro-branchouillerie à laquelle n'échappe pas les Hot Chip ou les excès théâtraux où leur lyrisme enflammé aurait pu les conduire, genre The Irrepressibles.

Un slalom subtil et bien mené à l'image des vocalises de la voix au vibrato haut perché de Thorpe qui, plus que l'inévitable cousinage avec Antony & The Johnsons qu'on peut y voir tout de suite, évoque surtout toute une lignée d'excentriques androgynes dont le Marc Almond de Soft Cell, Jimmy Sommerville ou même le vétéran Marc Bolan.












Mais surtout, on les aime aussi les Wild Beasts, car la vraie référence cachée qui s'impose, c'est celle réactivée grâce à eux de la figure du regretté Billy McKenzie. Une personnalité exubérante qui imposa ses prouesses vocales et sa différence au sein des méconnus Associates, combo atypique des années 80 monté avec son compère Alan Rankine, devenu depuis producteur.

Groupe obscurément culte durant leur poignée d'années d'existence, marquée de jalons à la fois kitschs et flamboyants (The Affectionate Punch 1980, Sulk 1982) et marqué par la personnalité baroque et changeante du tourmenté McKenzie, faux bouffon et vrai marginal qui mit fin à ses jours en 1997 :





Une figure d'outsider à revisiter si le coeur vous en dit ici sur Spotify, référence qui semble plus que jamais au coeur de l'inspiration mélancolique et précise de nos Wild Beasts contemporains, animaux plus sensibles que réellement dangereux une fois bien apprivoisés.

Tracklist :
1. Lion's Share
2. Bed Of Nails
3. Deeper
4. Loop The Loop
5. Plaything
6. Invisible
7. Albatross
8. Reach A Bit Further
9. Burning
10. End Come Too Soon

Wild Beasts. "Smother" (Domino Recordings)
♥♥♥♥
sorti le 9 mai

en écoute sur deezer et le single "Albatross" sur spotify
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Wild Beasts

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