Premier rendez-vous cinéma de la saison et j'espère, pas le dernier, on inaugure cette rentrée avec une petite virée express en Italie.


Surprise : l’athée Moretti - en portraiturant ici le Vatican en proie à l’inquiétude après que le nouveau pape tout fraîchement élu mais frappé de stupeur (Michel Piccoli) rechigne à occuper son poste - porte un regard plus tendre et amusé que celui, intraitable et incendiaire, auquel on s’attendait. "Habemus Papam", avec son joli point de départ - le cri saisissant de bête blessée poussé par Piccoli juste avant son accession - s’inscrit comme une fable cocasse sur le refus du pouvoir, ménageant de jolis moments de comédie, voire de burlesque pur.


La charge féroce attendue devient donc une comédie douce-amère sur le renoncement et la dépression, se révélant en fait autant anti psychanalyse qu’anticléricale, où le psy appelé à la rescousse (Nanni Moretti lui-même) mais contraint de soigner son patient en public (!) devient alors le nouveau centre d’intérêt.
Si l’épisode ne manque pas de saveur, la faconde de l’acteur-réalisateur manque souvent de supplanter la figure du pape en vadrouille au risque de perdre du coup son sujet de vue. On préfère ainsi la pertinence de cette balade en liberté quand elle compare le Vatican au monde trompeur du spectacle, du théâtre en particulier - ainsi plus jeune, le pape aurait voulu devenir acteur - que les épisodes burlesques d’un psy trompant l’ennui des cardinaux en improvisant un match de volley, marotte d’un Moretti se citant lui-même (déjà vue dans Palombella Rossa).

En souhaitant que certains prétendants à un destin national chez nous, s’ils voient ce film, en tirent les modestes mais salutaires enseignements. On peut toujours rêver, non ?

♥♥♥
Réalisation : Nanni Moretti. Scénario : Federica Pontremoli, Francesco Piccolo, Nanni Moretti. Directeur de la photo : Alessandro Pecci. Production : Sacher Films, France 3. Musique : Franco Piersanti. Distribution France : Le Pacte. Durée : 102 mn
Sortie : 7 septembre 2011
Avec : Michel Piccoli (Melville), Nanni Moretti (Brezzi), Margherita Buy (La psychanalyste), Renato Scarpa (Cardinal Gregori), Jerzy Stuhr (Le porte-parole), Dario Cantarelli (l'acteur de Tchékhov).
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