Peaufinant son impeccable folk-pop sous influence anglo-saxonne (bien sûr Pink Floyd de la période Syd Barrett des débuts) le discret Jonathan Morali a réussi, dans un paysage sonore français le plus souvent indigent, à construire en quatre albums dont une B.O. un parcours musical d'une belle intégrité.
Mais avec ce cinquième disque, il franchit encore un palier supplémentaire en termes de song writing et de production. Et surtout, l'irruption évidente d'une notable allégresse pop et de rythmes variés donne d'indéniables couleurs à la mélancolie fondamentale de ses compositions dont "Ghost Days" en 2008 représente l'apogée, mais qui pouvait à l'occasion engendrer un peu de monotonie, absente ici.
Richesse des arrangements électro-folk, variété instrumentale (claviers, pianos, guitares, claquements de mains) et surtout omniprésence réjouissante des voix. Comment qualifier l'admirable travail opéré sur les choeurs - souvent ludiques, oui, oui ! - sur ce disque, qui accompagnent toutes les sinuosités, méandres et bifurcations de mélodies complexes dans lesquelles pourtant jamais on ne se perd ?
Des exemples ? "Hi Life" audible en boucle sans lassitude, le mélange électro folk aux choeurs tournoyants d"Halalcsillag", la douce mélancolie du superbe "A Robbery", la ballade folk obsédante "I Might Float", et... et... on citerait tout l'album.
Disque aquatique, ondoyant et fluctuant, inspiré par la découverte de Morali des joies de la baignade en mer, "Brotherocean" n'a rien à envier au meilleur de la production anglo-saxonne.
Production passée : le monde océanique de "Brotherocean" évoque l'univers du vétéran génial Robert Wyatt, période "Rock Bottom". Production actuelle : on songe parfois au petit génie Loney Dear, et surtout à Radiohead : splendides "Lost" ou "Rest" qu'auraient pu écrire un Thom Yorke apaisé, mais aussi production à venir.
Car il est évident qu'avec un disque si maîtrisé et cohérent, l'avenir de Morali et de ses compères musiciens qui donnent vie à l'entité "Syd Matters", devrait dépasser les frontières hexagonales. On le lui souhaite, surtout quand on apprend qu'il a récemment rencontré Nigel Godrich, LE Nigel Godrich producteur de Radiohead, qui connaissait d'ailleurs déjà bien son travail.

Quel que soit son destin, on se réjouit du voyage sonore de haute tenue que nous réservent ses rêveries musicales aux humeurs changeantes, entre noirceur et luminosité.
Où l'auditeur se régale, naviguant entre spleen joyeux et euphorie de la mélancolie. Si, c'est possible, et ce n'est pas le moindre des mérites de cet album de marier les paradoxes à ce point.
Seule réclamation : Mr Morali, pourquoi donc le titre "Shore" qui clôturait le EP "Hi Life" ne figure-t-il pas sur l'album ?
D'abord, parce que c'est mon titre préféré. Ensuite parce qu'il est sublime : mélodie, choeurs, climat en apesanteur, un vrai bijou malheureusement plus audible sur deezer ou spotify. Mystères non élucidés de l'édition discographique.
Tracklist :
1. Wolfmother
2. Hi Life
3. Halalcsillag
4. A Robbery
5. We Are Invisible
6. River Sister
7. Lost
8. Rest
9. I Might Float
10. Hadrian's Wall
Syd Matters. "Brotherocean" (Because Music) sorti le 30 août
COUP DE COEUR ♥♥♥♥♥
"Brotherocean" en écoute sur spotify et deezer
Version collector avec 2 bonus inédits : "Ocean Soul" et "One By One" disponible sur la fnacchroniques sur Hop Blog, La Musique à papa et article sur les Inrocks
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