vendredi 26 août 2011

BERNARD LENOIR IS LEAVING

Petite interruption de la semaine ciné, mais cette info ne pouvait pas passer inaperçue :

"Heaven Knows We're Miserable Now". Voilà, ce qu'on redoutait est arrivé : "C’est Lenoir" sur France-Inter, c’est fini. Pas vraiment surprenant de la part de l'ami Bernard dont on sentait ces derniers temps une légère lassitude, et pas seulement pour une raison d'horaire trop tardif.

Mais pour ma part c'est quand même au minimum 28 ans de compagnonnage fidèle qui se font la malle lire ici un billet écrit sur lui l'an dernier.
Fondation essentielle de ma petite éducation musicale et indissociable de mon adolescence (et bien au-delà!), la voix la plus chaleureuse de la radio prend donc congé sur la pointe des pieds.

Il y aurait tant à dire sur le lien affectif indéfectible que l'animateur discret avait su tisser avec son public.

Lenoi
r pour moi, c’est la découverte d’une voix chaleureuse et tranquille dans l’apathie de l’été 83 diffusant sur France-Inter une musique que je n’entendais nulle part ailleurs : souvenir précis d’une soirée enregistrée en cassette - comme tellement d’autres par la suite - où s’enchaînaient des groupes et artistes comme Japan, Robert Plant, Bauhaus, Jackson Browne, Tom Robinson Band, Talking Heads, Tom Tom Club ou les pop stars Bananarama qui chantaient un "Cruel Summer" au titre prémonitoire désormais en cette fin août 2011.

Sans lui, les soirées radio auront un air plus morne et moins libre, car Lenoir n’est pas uniquement ce défricheur essentiel auquel je dois tout, qui sauva de l’ennui et façonna le goût musical et les oreilles avides de plusieurs générations au joies du rock indépendant - sans lui aurai-je découvert et tant aimé (quelques noms au hasard dans une liste fort longue : Joy Division, Echo & The Bunnymen, David Sylvian, Prefab Sprout, The Divine Comedy, My Bloody Valentine, Perry Blake et autres Cocteau Twins essentiels ?
Et en France : Dominique A, Miossec, Yann Tiersen, Arman Méliès, Murat ou Gérard Manset, l'ermite solitaire qu’il sut pourtant faire parler ?























Lenoir
, "John Peel français", passeur essentiel évidemment... Mais pour moi, surtout un rempart fragile mais réconfortant contre la médiocrité médiatique, une résistance au formatage culturel à l’œuvre partout ailleurs, un havre de paix pour pop-maniaques enflammés et rock- addicts acharnés (Hugo Cassavetti, Emmanuel de Buretel, Michka Assayas entre autres).

Une figure de pessimiste actif, se méfiant des modes passagères, souvent désabusé comme nous tous par la marche absurde du monde, mais toujours lucide et élégant.
Car élégant jusqu’au bout, l’ami Bernard s’éclipse comme il dit "au sommet de la vague", vague qu’il savourera désormais au soleil, connaissant le goût de l'homme pour les plages du Pays Basque.

Bien sûr, il faut bien partir un jour. Bien sûr, à l'heure du net et des blogs, la musique qu'il a défendue si longtemps est plus visible qu'avant, mais ne plus entendre le rock indie audible sur la radio du service public me semble un pas en arrière, sans parler des Black Sessions, moments rares qui vont nous manquer.

Plutôt que trop s’apitoyer sur ce départ dommageable - le petit coup de blues n'est pas loin - je préfère garder en mémoire le souvenir de cet album de Divine Comedy gagné chez lui l’an dernier (merci, Bernard!) ou de la diffusion-express à l'antenne d’un titre du groupe Musée Mécanique suite à un mail perso envoyé à l’émission.

La classe intégrale, vous dis-je ce "Gentleman Lenoir"...

explication de son départ

"Lenoir, le rock et moi" portrait par son ami Hugo Cassavetti sur télérama.fr

réagir, témoigner sur France Inter

De bonne augure : on devrait retrouver Le Black sur le net dans l'aventure d'un blog, le plus tôt possible espérons-le.

Séquence ancien combattant et souvenirs garantis avec ces classiques des Smiths et de This Mortal Coil, titres pour moi les plus associés au programme :




3 commentaires:

  1. Lenoir arrête sa célèbre, non cultissime émission de radio, le choc !!! Une page de la rock'n'roll culture made in France se tourne.
    A + +

    RépondreSupprimer
  2. cher ami,

    très bel hommage, je partage à 300 % tes impressions et découvertes via Lenoir et ses émissions depuis des lustres adorées...

    moins écoutés ces dernières années... je me souviens de k7 compils que j'avais fait et que je dois avoir dans un carton

    Merci Lenoir tu es lumière et vivement ailleurs, sur un blog... tiens un média que l'on aime bien ici

    à très vite

    christoblack

    RépondreSupprimer
  3. merci de vos réactions à tous deux, christo & francky, et bienvenue à nouveau :-)
    y avait vraiment mieux pour débuter ce mois de septembre cette rentrée, franchement. Du coup j'ai rajouté deux "Black souvenirs " garantis en vidéo.On va être obligé de s'y faire, mais sûr que ça prendra du temps.

    To hear you soon Bernard, I hope...

    RépondreSupprimer