Ce "Memory of the 80's" de la semaine triche un peu avec son intitulé. En effet, cela aurait tout aussi bien pu être un "Memory of the 90's", voire "70's et même "2010", tant son auteur possède un long parcours entrepris depuis plus de trente ans. Mais l'ayant découvert au coeur de mes années 80 pré-adolescentes, il est pour moi attaché à cette décennie. En l'occurrence, cette première chanson choisie est une authentique "chanson qui me trotte dans la tête", ce depuis bien longtemps.
Paru en 1991, on doit ce titre subtil et envoûtant à l'un des musiciens esthètes les plus haut de gamme de la pop et de la sphère musicale contemporaine. L'album "Rain Tree Crow" cachait en fait des retrouvailles uniques et non renouvelées depuis avec la formation originale avec laquelle il avait débuté en 1978.
Japan, groupe new wave sophistiqué qui révéla la classe unique de Sylvian, comme un fils glam-pop héritier du charisme de David Bowie et du dandysme vocal de Bryan Ferry. Cinq albums entre 1978 et 1982, quatre ans d'étincelles pop dans les charts et puis s'en vont.
Je ne peux mieux comparer le travail de Sylvian qu'à celui d'un peintre, alternant les styles et les périodes, les harmonies et les ambiances musicales, à l'image d'un artiste-plasticien disposant les formes et les couleurs sur ses toiles. Le bien-nommé "Brilliant Trees", splendide premier opus de 1984 (j'ai toujours la K7 d'époque), montrait déjà la voie que Sylvian suivrait ensuite, en solitaire très entouré, entre ambient music, expérimentations jazz, rock progressif et perles pop zen. Ainsi que "Dead Bees On A Cake", son album ample et maîtrisé d'inspiration indienne de 1999, deux disques constituant les pierres angulaires de son oeuvre, résumée dans l'excellente compilation "Everything & Nothing."
Disque atmosphérique, intimiste, méditatif et "coconneux", cet album au parfum automnal vivace comme une senteur retrouvée, renferme tout le savoir-faire d'artisan de luxe de Sylvian en matière de
ballades languides et élégantes d'une douceur architecturée, aux silences évocateurs et à la mélancolie apaisante (Mother And Child, When Poets Dreamed of Angels, Waterfront).En témoignent les deux bijoux du disque, le magnifique "The Boy With The Gun" :
et le somptueux "Orpheus" :
On n'écoute pas vraiment à la légère le spleen élaboré de David Sylvian - dont on retrouve à l'occasion l'empreinte dans la musique du trop discret Perry Blake - mais renouer de temps à autre avec son oeuvre rigoureuse nettoie les oreilles de certaines impuretés pop indésirables accumulées au fur et à mesure des années. En ce début d'automne - saison "sylvianesque" par excellence - l'occasion est idéale de vous annoncer la sortie le 27 septembre d'un nouveau disque, "Sleepwalkers" chez Samadhisound, compilation de titres composés au gré de ses collaborations multiples (Sakamoto, Christian Fennesz, son frangin Steve Jansen), une spécialité de l'artiste à la curiosité musicale insatiable.
Par exemple, saviez-vous qu'il a enregistré un duo avec les new yorkais de Blonde Redhead ? *
Un avant-goût, avec ce "Wonderful World" délectable où vous reconnaîtrez la douce voix de la trop rare Stina Nordenstam :Tracklist :
1. September
2. The Boy With The Gun
3. Maria
4. Orpheus
5. The Devil's Own
6. When Poets Dreamed Of Angels
7. Mother And Child
8. Let The Happiness In
9. Waterfront
10. Promise (The Cult Of Eurydice)
David Sylvian. "Secrets Of The Beehive" 1987 (Virgin Records)
CHEF-D'OEUVRE ♥♥♥♥♥
Secrets Of The Beehive en écoute sur deezer ainsi que Brilliant Trees
Black Water, The Boy With The Gun et Orpheus en écoute sur la Mini Playlist 80's
* "Messenger" sur "The Secret Society Of Butterflies" EP de Blonde Redhead en 2005



































Avouons qu'il faut surtout accepter de s'abandonner au climat et au rythme somnambulique de ce film aussi calme qu'un lac immobile, accepter sa lenteur zen à la volonté hypnotique qui repose d'ailleurs, du moins au début.





