samedi 26 mars 2011

BLOG IN BREAK : pause

Pour quelques raisons un peu longues à développer ici - rien de grave, pas d'inquiétude à avoir - j'ai préféré mettre le

BLOG EN PAUSE
POUR UNE DURÉE INDÉTERMINÉE










Allez, je vous dois tout de même deux mots d'explication : un manque actuel de disponibilité, une certaine routine apparue, donc un peu de lassitude passagère...

Les Chroniques de Blake se mettent légèrement entre parenthèses, afin de mieux revenir ensuite avec plus d'entrain. En souhaitant que cette période d'absence soit la plus courte possible...

Merci de votre compréhension à tous
et à bientôt

samedi 19 mars 2011

POP BATTLE. The Dø vs Moriarty

Vu le (très relatif) calme questions sorties, profitons de la sortie récente quasi conjointe des nouveaux albums de deux groupes emblématiques de "la-scène-pop-française-avec-une-chanteuse-qui-chante-en-anglais" pour les opposer en un mini-match comparatif.

À ma gauche : le duo franco-finlandais The Dø, chouchou du public hexagonal et des gazettes indé depuis 2008, année du succès de leur premier LP "A Mouthful" (avec le multi-entendu On My Shoulders). À ma droite : le groupe franco-américain Moriarty qui revisite à sa façon les musiques patrimoniales des U.S.A : country, folk, blues and co...








Sur le papier, The Dø est celui des deux qui semblait partir avec une tête d'avance, fort des origines nordiques de sa chanteuse Olivia Merilahti, souvent synonymes de félicité pop mêlées d'expérimentation inventive (obligée depuis Björk?).

Il est vrai qu'on ne pourra pas reprocher au duo d'éviter de proposer un copié-collé du premier album "A Mouthful" (2008) quoique hétéroclite et généralement surcôté.

Sur ce deuxième opus on les entend qui tentent des choses, essayent d'éviter la reconduction d'une formule trop prévisible et les recettes pop radiophoniques, cherchant des chemins de traverse plus accidentés...


Encore faudrait-il qu'ils aient trouvé,
car cela ne débouche jamais sur un résultat probant et un univers musical cohérent. Juste l'impression d'un fourre-tout pop même pas vraiment expérimental, juste très décousu, plein d'embardées sans réelle décision artistique (pop tribale? dream pop évanescente?) et assez pénible sur la longueur car dépourvu de réelle grande chanson.

Du coup, votre appréciation dépendra surtout de l'effet qu'a sur vous la voix d'Olivia : soit vous supporterez son timbre suraïgu, soit vous serez exaspéré par les affèteries de femme-enfant de sa voix très en avant.



En fait, on prendra son (petit) plaisir dans les chansons les plus pop, quoique relativement anodines (les immédiates Too Insistent ou The Wicked & The Blind) en se désolant de ce non-album et en regrettant à l'écoute du seul titre réellement touchant, le "Dust It Off" d'ouverture, que le couple ait raté ainsi son incursion dans l'onirisme pop expérimental.

The ­Dø - Dust It Off


Un domaine où des groupes tels que CocoRosie, Seabear ou The Knife s'avèrent des modèles qu'ils auront du mal à égaler. D'ailleurs, en groupe largement surévalué, en auront-ils jamais les moyens ?

Tracklist :
1. Dust It Off
2. Gonna Be Sick!
3. The Wicked And The Blind
4. Too Insistent
5. Bohemian Dances
6. Slash Them All
7. Leo Leo
8. B.W.O.J.
9. Slippery Slope
10. The Calendar
11. Was It A Dream
12. Quake, Mountain, Quake
13. Moon Mermaids


The Dø. "Both Ways Open Jaws" (Wagram/Cinq Sept)

écoute intégrale sur Deezer et Spotify

"Dust It Off" sur la Playlist Hiver


Contre toute attente, on trouvera donc son plaisir dans un univers musical plus classique, mais pas sans séductions. Au moins, chez les franco-américains de Moriarty, pas de démarche pseudo-arty tournant à la prétention quand elle est dépourvue de résultat.

Comme sur leur premier album en 2007 "Gee Whiz But This Is A Lonesome Town" (avec le savoureux titre Jimmy), mais avec une liberté encore plus manifeste, le groupe franco-américain revisite avec un plaisir évident et une belle aisance les codes des musiques de l'Ouest, le vrai..

Ritournelle folk qui fleure bon la poussière des westerns (jolie Isabella), blues grasseyant à l'atmosphère humide (Dark Line In The Middle Of), folk rural aérien (Beasty Jane), ballade blues-rock intense à deux voix (Julie Gold's Candy Cane Tale) : un voyage à priori peu dépaysant tellement nous sommes familiarisés depuis des décennies avec ces sonorités.



Mais le tout est revisité avec tant de savoir-faire et d'inspiration, genre "artisan doué et partageur" qu'on aurait mauvaise grâce à bouder son plaisir.

Rien n'y manque
: violons, hamonica, superbes guitare dobro et guitare acoustique, et surtout la voix craquante de Rosemary Standley, notre guide au charme étrange qu'on ne quitte pas des yeux (oreilles) durant ce voyage aux images très cinématographiques.



De plus, le solide savoir-faire de Moriarty, même traditionnel, nous console de l'aspect Canada Dy d'une inodore scène folk française trop proprette (Cocoon, Lily Wood & The Prick, June & Lula, etc).

Plaisir modeste ? Peut-être, mais de quoi donner l'envie de se procurer un Stetson et de grimper sur le premier Jolly Jumper venu pour se consoler de la déception toujours pas digérée du pâle western "True Grit" des frères Coen. C'est déjà ça !

BONUS : leur version du "Enjoy The Silence" de Depeche Mode


Tracklist :
1. I Will Do
2. Isabella
3. Clementine
4. Where Is The Light
5. Beasty Jane
6. Serial Fields
7. How Many Tides
8. [ ]
9. Decaf'
10. Julie Gold's Candy Cane Tale
11. Mah-Jong
12. The Dark Line in The Middle Of
13. Roboto Oshii

Moriarty. "The Missing Room" (Air Rytmo) ♥♥
écoute intégrale sur Deezer et Spotify

autres chroniques sur Tasca Potosina et Des Chips et du Rosé

3 titres de Moriarty sur la Playlist Hiver

mardi 15 mars 2011

WOMEN'S SOUND. Austra et Fever Ray

Une semaine pile après la Journée de La Femme du 8 mars dernier, un petit salut (même si trop tardif) à deux artistes féminines dans l'actualité musicale immédiate. D'abord Austra, nom de guerre d'un groupe derrière laquelle se cache la chanteuse italo-lettone basée à Toronto (vive les voyages!) Katie Stelmanis.

Une artiste à l'affiche de la 14ème édition du Festival "Les Femmes s'en mêlent". Chaque année, cette fois-ci, du 19 mars au 3 avril prochain, à Paris et en province, le festival met en lumière le meilleur de la scène rock & pop féminine internationale, dont cette année surtout la révélation américaine Glasser.

Mais la petite Katie Stelmanis y est aussi très attendue, plus connue sous le nom de son groupe Austra, une des sensations du moment depuis que l'hypnotisant single "Beat And The Pulse" a fait son apparition cet hiver.

Trois minutes cinquante-deux secondes - ou six minutes en version longue, voir plus bas - d'électro pop envoûtante sur un beat cold répétitif et anxiogène qu'on croirait piqué à la Anne Clark des années 80, transfiguré par la voix perçante et puissante de diva gothique de Stelmanis :


Austra a-t-elle pour ambition de marcher sur les plate-bandes des récentes stars néo-gothiques Soap & Skin ou Zola Jesus ? On est sûr en tout cas qu'avec son électro-dance obsédante, elle devrait parvenir sans difficulté à séduire autant les nostalgiques de la cold wave 80's que les night-clubbers et accros des dance-floors.

C'est tout le mal qu'on lui souhaite, son EP disponible chez Domino Records s'avérant prometteur pour la suite, d'ailleurs à découvrir plus bas :

Austra. "Beat and The Pulse EP" (Domino Records) ♥♥ en écoute sur la Playlist Deezer qui suit :


le site de Austra

Pour autant, si j'admets être un peu poursuivi par ce single captivant comme Géraldine Sarratia des Inrocks le décrit ici, on ne peut tout de même pas éviter l'inévitable comparaison avec l'électro pop glaciale de Fever Ray.

Fever Ray, le projet solo fascinant de Karin Dreijer Andersson du duo The Knife, qui a signé avec cet album 2009 un diamant noir du genre, pop tribale et électro gothique, devenu canon obligé récent du genre.

Revoilà donc la suédoise de retour ces jours-ci : une grande rigolote qui aime jongler avec le décorum morbido-dark le plus réfrigérant (voir les photos très conviviales), pas étonnant de la voir réapparaître avec "The Wolf", un titre volontiers oppressant destiné à la B.O. de "Red Riding Hood", enième variation ciné du Petit Chaperon Rouge signée par la réalisatrice des piteux Twilight :


Une démonstration de maîtrise sonique impressionnante quoique volontiers théâtrale, limite grand-guignol tout de même.... Mais c'est parlant de la voir réapparaître en même temps qu'Austra qui s'élance dans la compétition avec une approche musicale très similaire.

Troublant que la musique de ces deux artistes à l'atmosphère angoissante et anxiogène, genre bande-son de fin du monde, résonne étrangement avec l'actualité nipponne dramatique aux airs de fin du monde également.

Alors ? Vous laisserez-vous séduire par Katie et son groupe (la batteuse Maya Postepski et le bassiste Dorian Wolf) dont le premier album "Feel It Break" paraîtra le 17 mai prochain chez Paper Bag Records ?




Ou gardez-vous vos faveurs à la glaçante Karin qui joue à se faire peur dans les bois avec d'excellents compagnons musicaux comme Brian Reitzell (Air, Sofia Coppola) et The Big Pink ?

"Red Riding Hood, The Original Motion Picture Soundtrack" (Water Tower Music)

Fever Ray 2009 en écoute sur Deezer et le site de Fever Ray

À vous d'élire votre prêtresse électro-gothique préférée ...












... puisqu'on n'a que l'embarras du choix avec toutes ces voix et talents féminins qui ne cessent d'éclore chaque année.

vendredi 11 mars 2011

POP. Les rêveries estivales de SIN FANG

Parfois, vous avez beau lutter, vouloir vous échapper, mais souvent un disque s'impose à vous avec une évidence qu'il serait inutile de vouloir combattre. En lieu et place de disques moyennement emballants, réservons donc à ce "Summer Echoes" en avant-première la première place qu'il occupe depuis qu'il est passé par mes oreilles et ne les quitte pas depuis.

Parfois un disque ne se limite pas à une collection de chansons alignées à la suite les unes des autres. Parfois c'est entreprendre une excursion dépaysante pour une destination inconnue sans repère très familiers et s'y trouver pourtant très vite à l'aise.

Écouter "Summer Echoes", c'est partir pour le monde aérien, mouvant et planant d'un magicien dont la pop cotonneuse et sinueuse vous réservera le plus dépaysant des voyages immobiles. C'est pénétrer dans les méandres de chansons comme si on pénétrait dans les recoins du cerveau de son auteur et y retrouver contre toute attente un peu de soi-même.

Déjà quelques années que les amateurs de pop nordique connaissent les vertiges musicaux du lutin islandais, grand enfant prompte à se déguiser volontiers, autrefois dénommé Sin Fang Bous, raccourci pour ce deuxième opus en Sin Fang. Que ce soit sur les albums de son groupe Seabear ou son ludique premier album "Clangour" de 2009, l'énergumène déploie un langage musical au codes pourtant connus : la pop-folk lo-fi vaporeuse et bricolo, typique des artistes indépendants de ces régions nordiques.

Et avec "Summer Echoes", même si on croit connaître souvent le chemin, les panoramas rencontrés une fois arrivés vous semblent étonnamment tout neufs.

Pourtant, avec les deux premiers titres aux airs de lambeaux vaporeux de dream pop, le trip commence plutôt sans relief. Et puis, "Fall Down Slow" déboule avec son évidente luminosité bizarroïde (termes contradictoires, mais écoutez-la donc) et vous captive.
Une magie confirmée par la fabuleuse "Because Of The Blood", tintinabullante et irrésistible avec ses choeurs élégiaques dignes de Fleet Foxes brumeux ou d'Animal Collective acoustiques. Et le disque s'envole alors sans jamais baisser d'intensité.



À quoi doit-on la réussite de ce philtre pop unique ? À la production inventive et minutieuse, de cette pop moins bricolo-enfantine que son précédent LP mais divinement électro-acoustique, élaborée avec ses potes de Mùm dans les studios des célèbres Sigur Rós ?

À la construction évolutive, parfois expérimentale et pourtant finement architecturée des ses pop song décalées ? À ces vocaux aériens filtrés, entre Beach Boys venus du froid et Belle and Sebastian excentriques ? À cette liberté musicale toute-puissante dont fait preuve Sindri Már Sigfússon (a/k/a Sin Fang) comparable à celle du gamin créant des mondes fabuleux dans ses gribouillages d'enfant instinctif ?

À cet esprit ludique qui le voit sur "Rituals" s'aventurer sur des terrains voisins de l'afro-pop tendance Vampire Weekend-Fool's Gold, esquisser une rythmique hip-hop sur "Sing For Dream" et zébrer ses comptines réverbérées de riffs électriques énergisants un peu partout (Fall Down Slow, Nothings) ?

Sin Fang - Nothings

Sin Fang - Always Everything

Qu'importe : "Il ne faut pas chercher à dévisager l'ange qui vous a décoché une flèche" aurait dit un poète (ne me demandez pas lequel, j'ai oublié). L'important est la réelle euphorie procurée par cette précieuse rêverie, nuage musical vaporeux et organique à la fois, culminant sur la mélancolique et éthérée "Two Boys" :



Enfant terrible à la créativité radieuse, le farfadet Sin Fang en petit Beck du nord, signe un album addictif, un des vrais bons disques de ce début 2011 et petit chef-d'oeuvre que je conserverai précieusement aux côtés de l'indispensable "Dear John" (2009) du suédois Loney Dear, du premier album de la chorale pop alternative I'm From Barcelona (2006) ou du délicieux "Weathervanes" (2009) des Freelance Whales.











Autant de raccourcis immédiats pour une précieuse ascension vers de radieux cieux pop.
En bonus : Une reprise inédite parfaite (absente de l'album) du classique de Simon & Garfunkel "The Only Living Boy In New York" :



Tracklist :
1. Easier
2. Bruises
3. Fall Down Slow
4. Because Of The Blood
5. Rituals
6. Always Everything
7. Sing From Dream
8. Nineteen
9. Choir
10. Two Boys
11. Nothings
12. Slow Lights

Sin Fang. "Summer Echoes" (Morr Music) ♥♥♥♥ Album à paraître le 16 Mars

article
sur Magic
chroniques sur ground control to major tom, dirty music.com et pop revue express

découverte sur morr music

myspace de Sin Fang

mercredi 9 mars 2011

Memory Of The 80's, remake (17). THE HOUSE OF LOVE

Alors que les albums à écouter se bousculent à la porte et que je devrais être en train d'écrire des papiers sur certains, voici par pur esprit de contrariété le moment idéal pour botter en touche et sortir du grenier où elle prenait la poussière la rubrique "Memory Of The 80's".
Pour en extraire un souvenir qui ne devrait pas apparaître ici, puisque l'album sur lequel elle figure est paru au tout début de l'année 90, même si la chanson était en fait plus ancienne, une "Shine On" bien nommée.


"Shine On", au riff de guitare irrésistible, au refrain si si si simple mais si addictif pour un titre envoûtant, grand souvenir de "quand j'étais jeune", illuminé par la voix sombre et magnétique de Guy Chadwick de The House Of Love :



L'un des morceaux de bravoure et plus gros succès de ce groupe qui fut l'un des chouchous de la sphère rock indé fin des années 8o et des étudiants en lettre, fit les beaux jours des Inrocks de la grande époque mais reste bien négligé à tort depuis.

1990 fut la grande année de The House Of Love, nom tiré d'un livre d'Anaïs Nin et groupe au croisement du rock du Velvet Underground et de la new wave psychédélique de leurs aînés Echo & The Bunnymen.

Un espoir de la scène britannique des eighties finissantes dont la carrière débuta sous les meilleurs auspices avec un premier opus éponyme paru en 1988 sur le mythique label Creation d'Alan McGee (My Bloody Valentine, Jesus & Mary Chain, Oasis).
Un premier opus dont certains disent que c'est le meilleur album du groupe, rempli des classiques "Destroy The Heart", "Real Animal" et surtout la culte "Christine" témoignant du talent du groupe à marier des guitares carillonnantes ligne claire à la Smiths sur une pop-rock ténébreuse à la Jesus & Mary Chain :



Personnellement, j'ai un faible pour le deuxième album plus familier, le "Butterfly Album" surnommé ainsi pour le différencier du premier également sans titre.

L'album du succès naissant dans la foulée de leur "Shine On" tubesque. Moins post-new wave que le précédent, cet album au papillon arbore un son plus dynamique, alternant standards rock évidents : "Hannah", "In A Room " et ballades gracieuses, "Beatles And The Stones", "Shake And Crawl" ou "Blind". Mais ce qui devait être leur porte d'entrée vers une carrière radieuse fut paradoxalement le début de leur fin :
 


Signant sans clairvoyance sur le label Fontana chez Mercury (celui déjà qui abrégea la carrière des sublimes Cocteau Twins) le groupe n'évita pas les pièges habituels du rock-business : usage immodéré des drogues, rivalité grandissante entre Guy Chadwick et le guitariste virtuose Terry Bickers, l'égal d'un Johnny Marr (The Smiths) ou d'un Bernard Butler (Suede), qui préféra s'éclipser pour aller former Levitation.

Dépourvu d'un pilier créatif essentiel, mal managé par un directeur artistique (Chadwick : "le type qui nous a signé avait signé Tears For Fears et Def Leppard (!) et ne voulait que des tubes avec des refrains faciles"), The House Of Love joue de malchance en publiant leurs disques suivants en 1992-1993 : la scène rock s'emballe pour l'incendie Madchester allumé par les Happy Mondays, la folie sonique du shoegaze, le grunge américain qui bourgeonne autour de Nirvana et la brit-pop avec la rivalité Blur-Oasis naissante.

Vus déjà comme des has been dépassés, les ex-espoirs londoniens ne firent pas le poids avec leurs albums aux pochettes de plus en plus hideuses (voir dessous), leur chanteur pas assez beau gosse, et leurs nouveaux titres se contentant de reconduire les mêmes schémas. Le tout aggravé par la tendance de Chadwick à virer crooner rock, pourtant parfait sur la suave "The Girl With The Loneliest Eyes".














Pour autant, il est vrai de trouver injuste le relatif oubli qui entoure ce groupe aux qualités pop-rock maintenant classiques, qui fut très inspiré à sa grande époque.
Redécouvrez donc ce "I Don't Know Why I Love You" d'un Chadwick vachard envers sa girl friend ou un "Marble" tiré de leur troisième LP "A Spy In The House Of Love", en fait compilation de B-sides d'un niveau que certains groupes actuels aimeraient bien avoir comme déchets :




Et pour être honnête, The House Of Love, en-dehors de son statut de groupe injustement jeté aux oubliettes de l'histoire du rock, c'est surtout lié pour moi à la fin d'une époque que j'étais content de voir se refermer : souvenir heureux d'avoir fêté la fin de mon service militaire au son d'un "Shine On" libérateur dans une boîte rock de Bordeaux.
Eh oui, c'est un vieux qui a fait son armée qui vous parle. Alors comment ne pas chérir un peu le souvenir de The House Of Love avec ça ?

"Destroy The Heart" en version live :


Tracklist :
1. Hannah
2. Shine On
3. The Beatles & The Stones
4. Shake & Crawl
5. Hedonist
6. I Don't Know Why I Love You
7. Never
8. Someone's Got To Love You
9. In A Room
10. Blind
11. 32nd Floor
12. Ze Dest
The House Of Love
. "The Butterfly Album" 1990 (Fontana/Mercury)
♥♥♥♥♥
en écoute sur deezer et spotify
The House Of Love sur la Mini Playlist 80's

myspace the house of love

dimanche 6 mars 2011

EASY LISTENING. La friandise musicale de Rumer


Ce printemps sera-t-il finalement un printemps seventies vintage ? On ne serait pas contre ? Avouons-le, on a tous un faible parfois pour les douceurs et le sucré, juste pour le plaisir et cette impression de retomber en enfance, même si on sait que ce n'est pas toujours bon pour la santé.

C'est la même chose musicalement avec l'album évoqué ici, découvert il y a quelque temps sur le net et dont la sortie française est imminente, normalement le 14 mars, dès demain 7 mars disponible sur deezer.


Autant le dire, ici pas d'indie rock ou d'électro pop, c'est un disque de variété mainstream, de la vraie, et même qui pourrait plaire à la ménagère de moins de 50 ans, encore plus la ménagère de moins de 50 ans qui vivrait dans les années 70.

Car "Seasons Of My Soul" est une vraie anomalie temporelle, une machine à remonter le temps, un disque qui aurait pu être publié en 1972-1973 et faire les beaux jours des radios, époque Nixon ou Pompidou. Une collection de ballades soyeuses offertes dans un emballage easy listening garanti vintage :



À l'écoute de "Slow" le langoureux premier extrait, on croit reconnaître la voix de Karen Carpenter qui chanterait un bon titre de Sade. Et ces arrangements : cordes caressantes, harmonicas glissants, trompettes enjouées, on croirait ceux du légendaire Burt Bacharach qui n'aurait pas mieux arrangé le premier album de cette jeune anglo-pakistanaise.

Bacharach : une influence évidente totalement revendiquée par la jeune Sarah Joyce (a/k/a Rumer) et son compositeur-arrangeur Steve Brown, qui ont ressuscité avec soin et inspiration tout un pan de la musique populaire des seventies.

Toute une "smooth pop" doucereuse et chargée en sucre dont les championnes furent la déjà citée Karen Carpenter, Dusty Springfield ou la classieuse Dionne Warwick. Toutes voix d'or pour lesquelles le couturier sonore Bacharach fit du cousu main, de la variété de luxe flirtant souvent avec le kitsch, mais d'une limpidité et d'une suavité dont on croyait le secret perdu depuis trente ans (n'est-ce pas, Mrs Neil Hannon ou Bertrand Burgalat).

On peut citer aussi Carole King ou la variété pop-sixties de Claudine Longet.


 








Ressuscité presque à l'identique (comme si le punk, la new wave et l'électro n'avaient pas existé), le son chaud de cette époque agira comme une madeleine musicale sur ceux qui furent enfants dans ces années de pantalons pattes d'éph et de mobilier en plastique. Juste de la nostalgie bon marché, me direz-vous ?











Non, car on pourra prendre un vrai plaisir au premier degré à cette lounge music de luxe, flirtant entre variété soul, standards de comédie musicale et musique d'ameublement (trop chic pour les prisunic) qui n'invente rien, je vous l'accorde, mais le fait si bien. Le maître Bacharach a d'ailleurs adoubé la jeune artiste qui l'a rencontré chez lui en Californie.



Et qu'est-ce qui différencie Rumer de toutes les Adèle, Katie Mellua, Yael Naim ou Norah Jones du monde squattant les playlists des radios généralistes ?

Le goût tout simplement : un vrai choix esthétique, une élégance vocale et un feeling intimiste proche du jazz - sa voix veloutée n'a rien à envier à certaines stars du jazz vocal, Diana Krall en tête - qui signe le projet : "Am I Forgiven", "Saving Grace", "Take Me As I Am", déjà autant de petits euphorisants intemporels (avec ce son de trompette omniprésent craquant).

L'inédit "Some Lovers" composé par Bacharach :



Ensuite la demoiselle n'a pas vraiment le profil d'une diva : pas une beauté fatale, mais indéniablement sensuelle.

À signaler : une chanson ne passe pas, c'est cette reprise finale dispensable du dégoulinant "Goodbye Girl" de David Gates datant de 1977. La seule qui ne soit d'ailleurs pas une composition originale de l'anglaise.

Laissez-vous régaler sans opposer de résistance par les bonbons musicaux rétro au goût de caramel de Rumer. Ça passe tout seul, ca reste en bouche, parfois ça colle un peu, mais dans l'ensemble, ça fait un bien fou. Le tout est de ne pas trop en abuser.

Rumer. "Seasons of My Love" (East West/Warner)
♥♥♥
dès le 7 mars en écoute sur Deezer et sur SpotifyLe EP "Slow " en écoute sur Spotify

Quelques titres à découvrir ici
:

interview de Rumer
sur RTBF.be

Rumer