mercredi 20 avril 2011

CINÉMA. Rabbit Hole, Kidman en majesté

Allez, avec pas mal de retard suite à un long week-end ailleurs et privé d'informatique (mais comment peut-on vivre sans ?), voici tout simplement une des surprises inattendues et des plaisirs cinéma de ce printemps.

Rabbit Hole" le troisième opus ciné du réalisateur indé John Cameron Mitchell est l'occasion de revoir dans un bon film notre Nicole Kidman autrefois adorée, légèrement perdue de vue ces dernières années dans les projets ciné sans grand intérêt. La retrouver à la hauteur de son talent est d'abord une des joies de ce film.

Ensuite "Rabbit Hole" est le cas - plutôt rare finalement - d'oeuvre abordant un sujet difficile (la perte d'un jeune enfant) sans pour autant être un film austère ou plombant.
Contre toute attente, John Cameron Mitchell et son actrice-productrice nous proposent là un film d'une belle luminosité, le tout malgré la douleur du sujet.

Doit-on cette belle qualité à la lumière élégante et solaire constante qui baigne le film, créatrice d'une atmosphère chaleureuse consolatrice ? À l'intelligence d'un scénario qui nous fait partager le quotidien des parents victimes, vécue différemment selon Becca, la femme ou Howie, le mari : volonté d'oubli ou besoin du souvenir ?

À l'interprétation brillante de comédiens inspirés car toujours justes ?
La Kidman en tête, amincie, fébrile, subtile, partagée entre colère ou volonté de subversion ; Aaron Eckhart mari à la fois intransigeant et désorienté ; Sandra Oh, touchante en mère perdue rencontrée au séances de thérapie collective, sans oublier toutes les scènes familiales entre la fille et la mère - épatante Dianne Wiest - d'une justesse étonnante sur la relation mère-fille souvent problématique mais essentielle.

Ou plus simplement au talent d'un metteur en scène talentueux, ici avec Nicole Kidman, autrefois plus queer et baroque (Hedwig & The Angry Inch, Shortbus), sorte de petit frère indépendant d'un Todd Haynes ?












Et si le parcours du travail de deuil peut renvoyer à d'autres films ayant déjà traité le sujet ("La Chambre du Fils" de Nanni Moretti -1998 , "Des Gens Comme Les Autres" -1980 de Robert Redford) "Rabbit Hole" a toujours l'intelligence de ramener le film vers la vie qui triomphe malgré tout : ainsi Becca se rapproche tout le long de l'adolescent Jason*, responsable malheureux de l'accident qui causa la mort de son enfant. (* un peu à l'image de Catherine Deneuve dans le film "Après Toi" de Gaël Morel, mais de manière beaucoup moins névrotique )












Volonté de pardon, besoin de sens ou de consolation dans un chagrin mutuel ? Le rapprochement du jeune et de la quadragénaire témoigne d'un regard constamment humain et fraternel, symbolisée par une B.D. créée et bricolée par Jason, ouvrant la porte de mondes parallèles, et de vies infinie..

Belle image d'un film constamment juste, étonnamment souvent drôle, d'un humour acerbe mais vital et qui ausculte les relations à l'oeuvre dans un couple en danger, qui ne parvient plus momentanément à vivre ensemble mais qui ne peut se quitter.
Un couple à l'orée des possibles dont on se doute à la fin du générique que tous les possibles s'ouvrent maintenant à eux.

Bonne surprise de la saison, poussez sans hésiter le bout de votre nez à la porte de ce "trou du lapin", qui malgré ce sujet délicat est une bien jolie réussite de cinéma (indépendant) du printemps.

"Rabbit Hole" (États-Unis, 2010). ♥♥♥♥
Réalisation : John Cameron Mitchell. Scénario : David Lindsay-Abaire d'après son oeuvre. Direction Artistique : Ola Maslik. Chef-Opérateur : Frank G. DeMarco. Superviseur musical : Robin Urdang. Producteurs : Nicole Kidman/Per Saari/Leslie Urdang Fox. Distribution : Haut et Court. Durée : 92 mn. sorti le 13 avril 2011

Avec : Nicole Kidman (Becca); Aaron Eckhart (Howie) ; Dianne Wiest (Nat, la mère) ; Tammy Blanchard (Izzy) ; Miles Teller (Jason) ; John Tenney (Rick) ; Sandra Oh (Gabby).



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