mercredi 1 décembre 2010

PETITS & GRANDS PLAISIRS EN EP. Cascadeur, Django Django, Iron & Wine, Owen Pallett

Après le léger coup de sang de la dernière fois, reprise d'une petite sélection musicale, cette fois-ci par le biais d'un rapide tour d'horizon des EP - il n'y a pas que les albums dans la vie - format qui permet à certains artistes de se faire connaître et à d'autres de rester dans l'actualité musicale.

Ce qui est le cas de l'hyper-actif canadien Owen Pallett. Violoniste prodige, compositeur-interprète, arrangeur (The Last Shadow Puppetts, Beirut), le jeune homme cumule beaucoup de casquettes et divise pas mal cette année la blogosphère à son sujet.

Artiste brillant déjà auteur du très remarqué (remarquable) "Heartland" en début d'année ou virtuose maniéré trop sûr de lui ?
Personnellement, je suis preneur de sa pop baroque orchestrée et sur "A Swedish Love Story", son EP sorti fin septembre, le musicien nous dévoile une face pop plus immédiate, moins conceptuelle que les longues pièces d"Heartland", plus électro aussi.

Ce qui n'empêche pas "Heartland" d'être à mes yeux un des albums de l'année.


Et je me régale toujours avec ses envolées de violon à la Andrew Bird (Scandal At The Parkade) et ses inflexions de voix si Beach Boys à la Brian Wilson, maître pop incontesté. Réjouissant de musicalité, limpide et acrocheur, offrez-vous ce court plaisir pop avant de statuer sur le sort de cet artiste rebelle aux étiquettes.
Owen Pallett. "A Swedish Love Story" (Domino Recordings) ♥♥♥ EP 5 titres en écoute sur spotify et deezer
Avec la bande d'énergumènes venus d'Écosse identifiés sous le nom de Django Django, c'est une autre affaire.

On ne sait trop comment appréhender ces excentriques à la production fort rare (deux singles depuis l'an dernier, même pas de EP, là j'ai triché un peu). Pour une musique au curieux mélange, entre rock sixties style Shadows et pop psyché barrée à la Beta Band avec choeurs inspirés très en place.

Un résultat assez séduisant et ludique comme en témoigne leur premier single paru l'an dernier, "Love's Dart" :


Mais il faut avouer que les petits Django Django feraient mieux de se méfier.

Car, malgré quelques médias que leur cas intéresse (merci Bernard, toujours Lenoir sur Inter), la présence de l'excellent titre "Storm" sur une compil Rough Trade et d'irrégulières visites à quelques festivals, à trop espacer leur production (pas d'album en vue et pas signés sur un label digne de ce nom), ils risquent fort de passer de la case "espoirs prometteurs" à "ex-vedettes indé" mort-nées avant même d'avoir existées.

Allez, on se bouge un peu les gars, et on espère avoir d'autres choses à écouter prochainement de plus consistant - en terme de quantités - que ce petit single 2 titres (Wor et Skies Over Cairo) néanmoins gouleyant, avec parfois ce goût de néo Devo ou B-52's.

Django Django. "Wor" ♥♥♥
2 titres en écoute sur spotify et Storm sur Rough Trade Counter Culture
Avec Iron & Wine, c'est autre chose. Derrière ce nom de groupe bien noté "Amérique locale", se cache l'auteur-compositeur Sam Beam que je pourrais qualifier de bon élève du folk indépendant et de l'Americana. Copain des Band of Horses, sorte de Bon Iver en moins torturé, sa carrière est jalonnée d'excellents disques, souvent aux réminiscences très Nick Drake (sa voix y fait fortement songer).
Et pour le dernier en date "The Shepherd's Dog" en 2007, il avait même agrandi sa palette musicale - blues, jazz et cuivres, parfois sous influence des Calexico
Le voilà qui, à l'occasion d'un EP "Walking Far From Home" se met aux sons électroniques, comme tout le monde ces temps-ci, railleront certains pour trois compositions assez attachantes. Manque à mes yeux un tout petit quelque chose, un peu de fantaisie peut-être pour m'emporter complètement.

Mais laissons-lui le bénéfice du doute, d'autant plus que le EP est annonciateur d'un nouvel album "Kiss Each Other Clean" à paraître en janvier prochain (on espère d'ailleurs un visuel plus gracieux). Et que le résultat s'avère tout de même plus audible que les récentes facéties saoûlantes de Sufjan Stevens.

Iron & Wine. "Walking Far From Home" (Warner)
♥♥ (♥) EP 3 titres en écoute sur grooveshark
chronique sur I Left Without My Hat


Ironandwine.com

Et, pour finir en beauté - et je pèse mes mots - voici un EP comme il en sort peu chaque année, et dont son auteur qui bénéficie déjà d'une côte d'amour grandissante justifiée, s'avère être ... un petit français.

En effet, venu de Metz comme Chapelier Fou, autre talent hexagonal en vue, Alexandre Longo, planqué derrière le pseudo de Cascadeur, se cache sur scène sous un casque de motard, comme les Daft Punk en leur temps. Manière de se protéger du public, ou moyen efficace de se distinguer et faire parler de lui ?
Qu'importe, tellement la beauté indéniable des quatre-cinq titres de "Walker", la chanson-titre en premier lieu, efface tout et balaye toutes les préventions qu'une telle démarche artistique pourrait éveiller.
"Walker" en live aux Francos 2010 :



Une pop lyrique illuminée par un piano triste, irradiée par une voix d'ange haut perchée et déroulant un tapis de mélancolie consolatrice à effet immédiat.

Ou, pour sortir les éternelles comparaisons musicales, des titres où se mêleraient la fougue vocale équilibriste de Jeff Buckley, le trouble d'un Robert Wyatt, la sensibilité d'un Antony & The Johnsons sans le pathos, ou les vertiges d'un Patrick Watson.
Et ce piano solitaire et désolé, aux notes bleu nuit, comme si Satie croisait les fantaisies électro des CocoRosie. Autant dire, tout un univers touchant et une poésie peu courante en France.
Et qui justifie l'emballement de la sphère média, des Inrocks aux Francofolies - il y est passé, idiot que je suis, je l'ai raté sans le savoir - même jusqu'à Europe 1.
Il va sans dire que la sortie de son premier album est fièvreusement attendue, et que, s'il s'avère d'aussi haut niveau que ce "Walker", l'avenir de Cascadeur promet d'être radieux.
Avouons qu'il fait bon succomber à la mélancolie émouvante de ces morceaux hypnotiques et ces paroles à la douleur apaisée. Comme chanté sur "Meaning" : "Someday, I'll understand the meaning of my life".

Même si on ne sort pas tout à fait indemne, voire tout chamboulé d'une chanson comme "Your Shadow", ma préférée, concourant déjà au titre de plus belle chanson triste de l'année, aux côtés de "Caramel" de John Grant ou "A Robbery" de Syd Matters.
 
Cascadeur est aussi soucieux de ses prestations scéniques, plutôt imagées et spectaculaires ajoutant un plus visuel à sa musique déjà évocatrice d'images en elle-même.
Foules sentimentales, indie pop ou non, Cascadeur est fait pour vous.


Cascadeur. "Walker" (Mercury/Universal Music) EP 5 titres en écoute sur Deezer et Spotify
♥♥♥♥♥ COUP DE COEUR
chroniques sur des chips et du rosé et sur artistic rézo


myspace de Cascadeur
 
Prévision de sortie du premier album "The Human Octopus" : février 2011

Avez-vous remarqué ? "Les Chroniques de Blake" en sont à leur centième billet... déjà ! Je me dois déjà de saluer les lecteurs, de passage ou réguliers, qui sont passés ici depuis mon arrivée sur le net en mars dernier. Le voyage est bien agréable avec vous, j'avoue.
 

3 commentaires:

  1. Merci pour toutes ces jolies découvertes ! Ma playlist c'est enrichie de quelques très belles musiques :).

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  2. C'est rien, c'est cadeau !

    Blague à part, c'est un peu pour ça qu'on tient un blog, faire partager des artistes qui vous touchent, parfois moins, et parfois beaucoup ... comme Cascadeur par exemple ;-)

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  3. Django Django c'est sympa sur deux titres avec ce petit côté Stray cats, après sur la longueur faut voir ce que ça peut donner

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