dimanche 28 novembre 2010

SCÈNE FRANÇAISE. Bastien Lallemant, Florent Marchet, et humeur sur quelques autres...


Suite et fin de ce ponctuel tour d'horizon de la scène française, côté chanteurs, qui prend dans un premier temps un air de session de rattrapage express.

Surtout concernant le dernier album du très discret Bastien Lallemant, paru au début du mois de ... mai dernier !

Ami et collaborateur de Bertrand Belin, Bastien Lallemant signe avec "Le Verger" un disque intemporel à l'évidente filiation gainsbourienne, qui ressuscite parfois à s'y méprendre vocalement le grand Serge, période La Javanaise-Les Goémons.


Plus narratif que Belin, moins post-moderne qu'un Arnaud Fleurent-Didier, l'art de Lallemant se révèle plus classique en terme d'inspiration et de composition.

Une flânerie poétique de belle tenue, où Lallemant, épaulé de quelques compagnons de jeu - Belin, Armelle Pioline de Holden aux choeurs, Pascal Parisot - distille une belle élégance sans afféterie et une certaine malice au long de jolies compositions (L'empoisonneuse, Les fougères).
Le tout composant un tableau soigné, quoiqu'un peu sage et trop ordonné, qui a donc le défaut de séduire sans toutefois surprendre.

À lui de proposer maintenant un parcours aux reliefs plus accidentés, pour peu que le public lui prête un peu attention.

Bastien Lallemant. "Le Verger" ♥♥ en écoute sur MusicMe

chroniques sur Culturopoing et Les chroniques de Charlu allez donc voir chez lui, un excellent blog ...



Myspace Bastien Lallemant

Arrive ensuite le cas du dernier Florent Marchet, qui avec "Courchevel" bénéficie d'une jolie mise sur orbite en terme d'exposition grand public qui lui avait manqué en 2007 à l'époque de son impeccable "Rio Baril" d'excellente mémoire, un disque désabusé de haute tenue.

Et peut-être la raison pour laquelle j'étais resté moyennement convaincu par ce nouvel opus lors de l'écoute à sa sortie en octobre : plus direct, plus simple avec ses pop songs efficaces (trop?), voire propre et calibré pour les passages radio (le single Benjamin en tête).

Seule l'inspiration, l'observation des petites misères et frustrations de la classe moyenne, reste toujours si peu consensuelle.


Seulement, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
À la faveur d'une récente prestation chez Lenoir sur Inter (voir sur La Musique à papa) - et en comparaison d'autres productions moins fréquentables, j'y viendrai - force est d'avouer la cohérence et l'intégrité du personnage.

Même s'il a un peu "électro popisé" son approche musicale ainsi que développé un look néo-Deschiens très trendy, il est bien loin d'en être réduit à bêler avec le ventre mou de la variété française des plateaux télé grand public.

Ne cédant en rien sur l'ironie et le spleen qui fonde ses vignettes chantées désabusées sans pathos (La Famille Kinder, La Charrette), Marchet, en petit frère pop de Dominique A - influence principale, un peu encombrante quand il essaye d'imiter ses inflexions de voix - va-t-il réussir à déambuler en équilibre entre chanson d'auteur et variété intelligente ?

Pari lancé mais que l'intéressé devrait tenir, s'il sait garder son cap, et je ne doute pas qu'il y parvienne en artiste avisé doué d'auto-dérision et aux références musicales irréprochables en écoute sur sa Playlist proposée à Libé

Florent Marchet "Courchevel" (PIAS France) ♥♥♥ en écoute sur Deezer et Spotify

chronique sur Hop Blog

Courchevel, L'eau de rose et La charrette sur la Playlist Automne




Florent Marchet.com

Et là, même si ce n'est pas vraiment mon habitude de prendre plaisir à dire du mal, force est d'avouer qu'il me faut vous parler de deux disques qui m'ont énervé...
Non seulement du fait de leur piteuse qualité, mais surtout parce que certains critiques professionnels ont eu l'étrange idée d'en dire du bien.

Je m'inquiète donc pour l'état de santé - physique : a-t-elle des oreilles en bon état ? ou mental : on craint le pire - de la critique de Télérama qui a décerné 3 étoiles à l'album "L'Homme Moderne " de Benjamin Paulin en citant Dutronc comme référence (pauvre Dutronc).

Si c'est moderne de chanter des textes creux mal écrits, surfant à coup de clichés sur le malaise social, d'un cynisme paresseux et d'un machisme vulgaire ("Ma femme voulait que je change, alors j'ai changé de femme"), alors, oui, le dandy de prisunic Benjamin Paulin, fils à papa bellâtre qui se veut élégant, est moderne.

Et si enrober le tout d'une soupe musicale néo-yéyé et variété-rap avec la diction caricaturale d'un slameur fabriqué des beaux quartiers à faire passer Grand Corps Malade pour un artiste inspiré, alors le très toc Paulin est moderne.

Faut-il que l'industrie et la presse musicale soient si larguées pour plébisciter des disques qui mériteraient de rester sur les étagères ?

Le plus effarant étant bien de voir du talent, là où il n'y en pas du tout du tout.

Benjamin Paulin. "L'Homme Moderne" (Universal Music AZ)

Pour les curieux : l'article signé Valérie Lehoux sur Télérama et à vos risques et périls, "L'Homme moderne" en écoute sur Spotify

Juste pour que vous mesuriez l'ampleur des dégâts, et ce n'est pas la pire ! :

Mais les épreuves ne s'arrêtent pas là puisque suit le premier album du dénommé Nicolas Comment, par ailleurs photographe.

Avec "Nous étions Dieu", ce dandy froid et compassé croit certainement avoir décroché la lune puisque son disque a l'heur "d'em-ba-ller" les rédactions de Libé, des Inrocks ou Magic.

Pas difficile, il a bien écouté le chant non chanté de Gainsbourg, l'électro nihiliste de Taxi Girl et l'austérité de Kat Onoma-Rodolphe Burger, a bien brassé paresseusement.

Et mon tout ressemble à un Yves Simon glacial ânonnant des platitudes artistico-érotico-existentielles aux rimes faciles sur fond d'électro basique et de guitares piquées à Rodolphe Burger.

Une petite chose fabriquée et vaine, qui ne mériterait pas qu'on s'y attarde, si donc la presse parisienne ne l'avait déjà fait rentrer dans leur club, que France-Inter ne le diffusait dans leur programmation musicale (épargnez mon dimanche matin) et que surtout, certains osent la comparaison avec Gainsbourg (je ris), Manset (je ris moins) ou ....Bashung (je ne ris plus).

Bon, ça suffit la supercherie, d'autant plus quand le monsieur commence à y croire.
Jugez donc la réaction mesquine de petit marquis outragé qu'il eût à la lecture d'un papier défavorable sur le blog Rock My Days et de son droit de réponse arrogant : "...votre chronique, le symbole du degré zéro de la critique rock" " ...lâche tâcheron de la critique amateur", j'en passe et des meilleures...

Le droit de suite du blogueur lui rive d'ailleurs bien son clou, et le tout, fort instructif sur la prétention et le refus de certains prétendus artistes à essuyer la critique est édifiant et à lire ici.

Si la critique se montrait moins complaisainte envers certains artistes ou maisons de disques, elle regagnerait peut-être une part de sa crédibilité depuis longtemps perdue.

Nicolas Comment. "Nous étions Dieu" (Kwaidan Records/Discograph)

Voulez-vous tenter l'écoute sur Spotify ?

Pour remettre les pendules à l'heure, rien de mieux que saluer l'ami Bashung trop tôt parti, mais à l'oeuvre si présente, non pas avec le documentaire hâtif conçu par Boris Bergman, mais bien avec l'intégrale paru chez Barclay.

Nommé "À perte de vue", l'objet porte bien son nom et réside en un coffret de 27 CD dont les 12 albums studio, 5 live ou encore 3 albums de raretés. Le reste est à découvrir pour moins de 100 €, voire 79 € si vous cherchez bien.

Indispensable pour les amoureux de l'alsacien solitaire ou ceux qui voudraient redécouvrir son parcours.

On se quitte avec "Angora", bijou qui clôt son chef-d'oeuvre Fantaisie Militaire :



2 commentaires:

  1. Je suis tout chose, fan de tes pages je me retrouve posté chez toi et chez moi.. c'est assez motivant pour continuer.

    Tu sais quoi!! j'ai chopé Nicolas Comment hier midi d'occas chez Gibert, et hier soir je croise le buzz à son sujet. Je suis bizarrement interpelé, j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter son disque.. je suis hyper hyper fan (et donc frustrer) de Pierre BONDU 2004 avec le disque " quelquepart quelqu'un" et j'ai soigné ce manque avec "nous étions dieu". J'ai aussi trouvé un poil de Fred Poulet "milan athletic club", de Jacno "frensh touch", de Yvan Hio 2006 et même de La Blanche 2002 avec l'inoubliable "monsieur rocard". Puis évidemment Gainsbourg et Biolay, mais surtout pas Manset ni Bashung (qui a dit ça ???!!!). Sa réaction est effectivement excessive mais fait parti du "faut qu'on parle de moi". Sinon réécoute le disque en imaginant que c'est qqun d'autre.
    Bon, sinon à part ça Pierre Bondu me manque beauoup "Mieux que personne".
    Complètement d'accord avec toi pour Florent Marchet... notre nouveau Souchon.

    Merci encore Blake, quel plaisir ces échanges musicaux. Je guette chacune de tes chroniques. A bientot pour une autre autopublication.

    Sincères amitiés.

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  2. Salut Charlu.
    Après relecture, j'avoue m'être un peu lâché (ça m'arrive parfois) sur Nicolas Comment, j'adhère pas à son disque d'acord, mais c'est plutôt les critiques qui m'ont le plus agaçé dans cette histoire. Du coup, j'ai un poil forcé le trait ...pas grave, ça ira pas loin de toute façon.
    Sinon, je crois que c'est Libé qui a cité Manset et Bashung, mais à vérifier...

    Merci de ta constante fidélité, j'aime bien aussi cette interaction sympathique, ç'est stimulant ;-)
    Amitiés...

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