vendredi 29 avril 2011

LES OUBLIÉS DU MOMENT. The High Llamas, Peter Bjorn & John, Paul Simon

Allez, retour de "la rubrique trois pour le prix d'un."
Un rapide petit tour (comme Joris de Tasca Potosina aime le faire) de quelques artistes récents qu'on peut regrouper sous l'intitulé de "mal-aimés de la pop."
Trois disques un peu passés inaperçus à tort ou à raison? en cette saison discographique finalement bien fournie.

On commence avec le dernier opus des trois suédois Peter Bjorn and John, artistes souvent résumés à leur méga-succès sifflotant "Young Folks" sur leur "Writer's Block" de 2006.

Un arbre qui cache trop la maison pop à facettes multiples de ce trio productif et changeant, entre autres le travail de production du fort doué Bjorn Yttling, maître d'oeuvre sonore des meilleures galettes des chanteuses Anna Ternheim ou Lykke Li.








Après leur "Living Thing" de 2009, volontiers plus électro-tribal, les voilà partis sur d’autres chemins de traverse. En l’occurrence, selon une formule plus simple : batterie, rock basique et riffs de guitare ad hoc...

D'après eux, "pour enregistrer leur premier disque punk". Mais vu l’indéniable limpidité mélodique de nos oiseaux, voici du punk et garage-pop joyeux qui reste un vrai album de P B & J.
Autrement dit, un ensemble de bombes pop d'une immédiateté et efficacité assez irrésistibles.



Un disque à l'image des premiers jours du printemps, du genre néos-The Knack et procurant une légère euphorie, chansons toutes dans la joie du moment ([Don't Let Them] Cool Off, le single Second Chance) voire une relecture pop express du shoegaze (I Know You Don't Love Me).

Pas sûr qu'aux premiers mauvais jours, on y prenne autant de plaisir, c'est possible, mais parfois la pop et le rock ne cherchent pas la complication et se savourent (vite) juste dans l'instant.

Breaker Breaker - Peter Bjorn and John

Peter Bjorn & John. "Gimme Somme" (Cooking Vinyl Limited) ♥♥
sorti le 28 mars

en écoute sur deezer et spotify

Peter Bjorn and John

Deuxième album de cette sélection, c'est ni plus ni moins le nouvel album de la moitié du légendaire duo Simon & Garfunkel qui nous occupe, "So Beautiful Or So What", la dernière oeuvre du baladin pop Paul Simon.

Un artiste, pour ma part, perdu de vue depuis quelques lustres et que je retrouve ici avec un regard nouveau.
Est-ce de la nostalgie mal placée, alors que l'on décèle trace de son influence dans de nombreux groupes indie-folk-pop actuels (Vampire Weekend, Kings Of Convenience, etc) et que le célébrissime dernier album du duo '"Bridge Over Troubled Water" est ressorti récemment, titillant par là-même la fibre du passé qui sommeille en nous (moi) ?

En tout cas, avec le vieux Paulo, c'est à un travail d'artisan qu'on a affaire : retour à des espaces sonores connus, proches du Paul Simon des années 80 d'heureuse mémoire. Un mélange de folk acoustique mélodique greffé sur des rythmes world marqués (musique africaine, gospel, percussions indiennes) qui témoignent de la maîtrise du bonhomme.



Tout en saluant quelques réussites (Dazzling Blue, digne de la tradition indienne soufie ou Getting Ready For Christmas Day au rythme inventif), le plaisir de retrouver la voix douce inchangée de cet auteur subtil n'empêche pas de trouver ce disque au bout du compte plutôt sans surprise.

Du travail bien fait, mais sans réel enjeu ni vrai coup d'éclat. On y savoure surtout le jeu de guitare toujours cristallin de l'auteur de "Sound of Silence" tout en constatant trop de similarités avec son "Graceland" de 1986 dont il ne semble toujours pas remis, musicalement parlant.



Toujours plus authentique que les productions high-tech d'un Peter Gabriel, mais sans réelle nouveauté.
Reste la trace d'un auteur attachant, et le souvenir d'harmonies vocales irréelles, il y a longtemps dans le New York des années 60.

Paul Simon. "So Beautiful Or So What" (Universal Music/StarCon) ♥
sorti le 11 avril
en écoute sur deezer et spotify


Last, but not least, voici venir le groupe des High Llamas qui vont fermer la marche et cette rubrique. Un autre groupe et artiste que je retrouve après pas mal d'années d'absence de ma part.
Est-ce la raison du plaisir ressenti à l'écoute de "Talahomi Way" le nouvel album de ces atypiques anglais, oeuvrant dans l'ombre depuis les années 90 ? La bande de trop discrets orfèvres pop menés par le talentueux Sean O'Hagan, ex-leader dans les eighties de Microdisney, et qui perpétue avec inspiration et constance les canons pop des années 60.



La musique de nos "Hauts Lamas" (en VF), c'est un mélange des mini-symphonies pop autrefois ciselées par le génial Brian Wilson et ses Beach Boys, d'easy listening suave à la limite du kitsch et de B.O. savoureuses de films lounge, entre Henry Mancini et Lalo Schifrin.










Si l'on concédera que l'ami Sean n'invente rien, semblant se réfugier dans un certain âge d'or pop désormais révolu, avouons qu'il le fait avec une légèreté, une grâce et une élégance dont certains jeunes groupes feraient parfois bien de s'inspirer.

Un disque au charme discret qui semble au premier abord anecdotique, voire décoratif, genre musique d'ambiance, mais qui distille une évidente magie et félicité pop lumineuse, évocateur de soleil, de Riviera (tiens, comme Metronomy) et de temps suspendu.



Rempli de claviers scintillants, de cordes aériennes et d'harmonicas désuets, émaillé de perles pop intemporelles (Take My Hand, Fly Baby Fly), "Talahomi Way" sera un must pour les amateurs de pop vintage, aussi savoureux que le récent champion du genre Gruff Rhys avec son délicieux "Hotel Shampoo".

Talahomi Way- The High Llamas

Avouons qu'il est des retrouvailles qu'on savoure plus que d'autres.

Tracklist :
1. Berry Adams
2. Wander, Jack Wander
3. Take My Hand
4. Woven and Rolled
5. The Ring of Gold
6. Talahomi Way
7. Fly Baby, Fly
8. Angel Connector
9. To The Abbey
10. A Rock in May
11. Crazy Connector
12. Calling Up, Ringing Down

The High Llamas. "Talahomi Way" (Drag City/PIAS) ♥♥♥♥
sorti le 11 avril

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