mardi 30 août 2011

LE CINÉ DE L'ÉTÉ (7). 10 films de chevet

Pour conclure cette semaine cinéma, un exercice de liste de top sans classement, principe repris de mes voisins/collègues/amis de Hop Blog et Benzine, ce dernier étant un webzine auquel je collabore avec plaisir depuis peu.

Manière de dévoiler un pan de sa cinéphilie personnelle, films de chevet et cinéastes chouchous. Aujourd'hui, 10 films de chevet, très prochainement, 10 films fétiches, propices aux souvenirs.

10 films de chevet :

L’Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz (États-Unis, 1947)

Merveille de l’âge d’or hollywoodien, ce conte romantique est un des sommets du cinéma stylé et spirituel de Joseph L. Mankiewicz. Classique du cinéma américain poétique et rêveur, bercé par la mer et la musique de Bernard Herrmann, une magnifique réflexion sur la puissance du rêve et une fable de fantômes où la plus belle apparition est celle de la mythique Gene Tierney, sublime de beauté et de grâce en jeune veuve qui s’ouvre à la vie grâce au rugissant revenant Rex Harrison. Inoubliable.

La Sirène du Mississipi de François Truffaut (France, 1969)

Grand film sur la passion déguisé en film noir glacé, ce film trop sous-estimé est, selon la définition de son auteur, un "grand film malade" admirable. Une vibrante déclaration d’amour à son actrice Catherine Deneuve et un film fiévreux vital dans le parcours d’un Truffaut cartographe de l’absolu amoureux, hyper-sensible dont le romantisme fondamental irrigue toute l’œuvre, de "Jules et Jim" à "La Femme d’à côté".

Fenêtre sur Cour de Alfred Hitchcock (États-Unis, 1954)

Comment choisir dans l’oeuvre gargantuesque du plus célèbre des cinéastes ? En piochant l’un de ses films les plus parfaits, métaphore du voyeurisme fondamental de son cinéma et modèle idéal de l’art hitchcockien : régal de suspense mêlé d’humour noir et prouesse technique virtuose, le jeu de cache-cache et de séduction entre James Stewart et Grace Kelly mitonné par le génial oncle Alfred est une fête ininterrompue d’intelligence et de plaisir.

La Nuit du Chasseur de Charles Laughton (États-Unis, 1955)

Film unique de l’acteur Charles Laughton, "La Nuit du Chasseur" est un conte de fées d’un onirisme rare et une fable féerique dont la lumière noire ne fait que grandir au fil du temps. Thriller initiatique sondant les merveilles et terreurs de l’enfance autant qu’hommage à la beauté du cinéma muet, ce voyage mythique au bout de la nuit servi par un Robert Mitchum d’anthologie est un chef-d'oeuvre rare, un des diamants purs de l’histoire du cinéma.

Mon Oncle de Jacques Tati (France, 1958)

Comique anticonformiste au regard tendre, Jacques Tati est tout entier dans ce film doux-amer comme les notes de musique qui accompagnent Monsieur Hulot tout le long de ses déambulations. Autant moraliste à la Sempé que burlesque pince-sans-rire à la Buster Keaton, le plus graphique des créateurs burlesques pourfend le snobisme et l’inhumanité de la société moderne avec l’âme d’un enfant narquois préférant les chemins qui musardent aux routes trop bien tracées.

Barry Lyndon de Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 1975)

Fresque en costumes d’une grandeur glaciale, la vie picaresque de l’arriviste Lyndon plongé dans les soubresauts d’un XVIIIème siècle cruel n’est pas seulement un film historique ébouriffant de maîtrise et d’esthétisme. C’est aussi l’oeuvre la plus révélatrice d’un Stanley Kubrick moraliste et misanthrope caustique disséquant au scalpel les vanités humaines, auteur d’une fresque désabusée révélatrice de son perfectionnisme sans égal et d’une rare lucidité.

Dead Man de Jim Jarmusch (États-Unis, 1995)

Rêverie symbolique en hommage au western et ses mythes, "Dead Man" est une balade contemplative autant nourrie de dérision que de foi en un cinéma libre et baladeur. Road-movie atypique, comme tous les films de Jim Jarmusch, sur les traces d’une Amérique légendaire et du cinéma primitif, l’aventure onirique d’un Johnny Depp perdu en "Jarmuschland", porté par la bande musicale géniale de Neil Young,  ose la poésie et la langueur pour une fable discrètement mystique qui s’amuse de la mort pour mieux l’apprivoiser.

Il Était Une Fois En Amérique de Sergio Leone (Italie/États-Unis, 1984)

Un des plus beaux films sur l’Amérique et les fantasmes qu’elle inspire, le dernier film du grand Sergio Leone est une fresque foisonnante d’une mélancolie et d’une profondeur comparable aux plus grands romans. Oeuvre testamentaire sur le temps qui passe et le pardon impossible, l’aboutissement du style élégiaque et lyrique d’un maître du récit et styliste inventeur de formes. Tout ici, d'un Robert de Niro magistral à la bande originale bouleversante du génial Ennio Morricone, est depuis longtemps rentré dans la légende.

Memories Of Murder de Bong Joon-ho (Corée du Sud, 2003)

Polar dérangeant, burlesque bouffon, satire politique et plus encore : le thriller atypique de Bong Joon-ho est un régal d’atmosphère et de virtuosité déroutante. Respectant les codes du thriller pour mieux les détourner, ce cinéma imprévisible est l'une des meilleures nouvelles de ces dernières années révélant une génération d’auteurs (Kim Jee-woon, Im Sang-soo) et la vigueur d’un cinéma asiatique battant Hollywood sur son propre terrain.

The Tree Of Life de Terrence Malick (États-Unis, 2011)

À peine couronné de la Palme d’Or et autant salué que pourfendu par la critique, le dernier film de Terrence Malick, le plus secret des cinéastes, déjà film de chevet ? Oui, tellement la beauté de ce film-poème, à la fois épopée cosmogonique et chronique lumineuse sur le deuil, retrouve le chemin des origines et la vocation première du cinéma : l’émerveillement. Aboutissement du cinéma panthéiste de l'auteur de "La Balade Sauvage", ode à la nature et voyage au pays de l’enfance touché par la grâce, "The Tree Of Life" est un film souvent bouleversant, d’une liberté absolue, qui redonne foi dans le pouvoir d’un cinéma ample et visionnaire.














Demain, un choix de 10 films fétiches ....

3 commentaires:

  1. A l'exception des deux derniers films ("Memories of murder" que je n'ai pas vu et "Tree of life" que j'avoue avoir plus ou moins détesté), très très très beau top auquel je souscris pleinement ! Et excellents résumés, d'une rare efficacité.

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  2. Merci pour ton retour sympa! Pour le Terrence Malick, j'avoue que ce n'était pas prévu mais c'est l'effet "coup de coeur" qui a joué, il faut bien assumer ses emballements parfois :-)

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