samedi 17 septembre 2011

LE CINÉ DE LA RENTRÉE. La Guerre est déclarée

Avec un jour de retard (c'est bien bon de batifoler sur Facebook, mais ça n'aide pas à écrire son billet), on poursuit nos séances ciné avec le film dont on a le plus entendu parler cette rentrée.

Si tout le monde sait déjà que "La Guerre est déclarée" depuis le 31 août, vu que c'était LE film attendu de septembre depuis son accueil triomphal en mai, je n'ai vu que cette semaine sur grand écran le combat de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm contre le cancer qui affecta leur fils.
Porté par un rare emballement critique depuis sa présentation cannoise, "La Guerre est déclarée" ne prétend pourtant pas à être un "chef-d'oeuvre", effet indésirable de la déferlante médiatique l'entourant depuis et qui n'aura pour effet que d'en décevoir ou agacer certains.


Non, pour ceux - dont votre serviteur - qui avaient vu "La Reine des Pommes", charmant et délirant premier film de son auteur/trice, ce deuxième film est la confirmation du talent personnel, pétillant et ludique de Valérie Donzelli.

Prototype unique qu'elle-même et son ex-compagnon ont du mal à qualifier - ni drame, ni comédie, ni mélo - autant oeuvre plongeant dans l'auto-fiction que récit d'un combat intime contre le pire, "La guerre est déclarée" est un petit miracle de film vivant, physique et libre, volonté selon eux "de se débarrasser du mauvais et de conserver le bon".

Un positivisme se traduisant à l'écran par un dosage d'équilibriste entre le grave et le cocasse, le douloureux et le léger, mais toujours juste. Un refus du pathos et un contre-pied qui en font une vraie bouffée de vie, film d'action d'un très jeune couple contraint d'affronter le pire, petits soldats prenant d'assaut les hôpitaux et faisant face malgré tout ensemble.

Sentimental, souvent poignant mais sans chantage émotionnel ou trafic d'émotions falsifiées, le film est en fait moins le récit de l'aventure du petit Adam que celui de ses parents, unis dans l'adversité, poussés à l'énergie, mais détruits de l'intérieur et finalement séparés. Et tout cela dit sans la moindre amertume.

Jalousie du succès aidant, on reproche plein de choses à Valérie Donzelli, dont la principale serait de privilégier le fond sur la forme. Drôle de reproche pour un film plutôt malicieux, tourné avec un appareil-photo HD (!), joliment éclairé, où voix-off, énergie juvénile et bouffées de chanson sont autant de clins d'oeil à Truffaut, la nouvelle vague ou la comédie musicale.

Un film utilisant au mieux la musique, en accord profond avec l'humeur des scènes qu'elle introduit. Pertinente bande-son où Vivaldi, Yuksek, Georges Delerue, Jacno ou Peter von Poelh sont plus des vraies couleurs ajoutées au film (comme chez Xavier Dolan) que le banal habillage pop perçu par certains.

Non exempt de maladresses (interprétation flottante, Jérémie Elkaïm en tête), "La Guerre est déclarée" se révèle attachant aussi malgré/grâce à elles, vivifié par de jolis seconds rôles (Anne Le Ny, Frédéric Pierrot, mention spéciale au couple Michèle Moretti-Philippe Laudenbach) et s'avère un constant hommage au monde médical et à l'hôpital public dans son ensemble.

Au final, c'est surtout une bouffée d'un cinéma en liberté, humain et réconfortant dont le message positif n'irritera que ceux qui ont choisi de voir tout en noir, tout le temps, partout, même au cinéma.
Ça les regarde, mais l'art peut aussi se nourrir de sentiments simples, honnêtes et optimistes.



"La Guerre est déclarée" (France, 2011). Sorti le 31 août
♥♥♥Réalisation : Valérie Donzelli. Scénario : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm. Directeur de la photo : Sébastien Buchmann. Production : Édouard Weil. Distribution : Wild Bunch. Musique : Vivaldi, Benjamin Biolay, Laurie Anderson, Yuksek, Jacno... Durée : 100 mn.

Avec : Valérie Donzelli (Juliette) ; Jérémie Elkaïm (Roméo) ; César Desseix (Adam bébé) ; Michèle Moretti (Geneviève) ; Philippe Laudenbach (Philippe) ; Anne Le Ny (Dr Fitoussi) ; Frédéric Pierrot (Professeur Sainte-Rose) ; Bastien Bouillon (Nikos) ; Gabriel Elkaïm (Adam à 8 ans).

avis divers : pour sur la houlette du hérisson, pour/contre sur télérama et contre sur chronic'art

rencontre publique avec Valérie Donzelli & Jérémie Elkaïm

le site du film

3 commentaires:

  1. oui, le déferlement médiatique tend à faire de ce film ce qu'il n'est pas,

    j'aime bien donzelli, elle a son indépendance, sa petite musique à elle, pas géniale (et elle n'y prétend pas, comme tu le rappelle) mais juste et pétillante.
    C'est déjà beaucoup plus qu'une grande partie de ses confrères/soeurs.

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  2. content de te voir du même avis, ami arbobo. Joli moment, joli film et n'écoutez donc pas les grincheux.
    Par contre, qui peuvent bien être ces confrères et consoeurs dont tu parles ? On voudrait bien des noms ;-)

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  3. J'avais cordialement détesté La reine des pommes, et je ne suis pas un grand fan de Valérie Donzelli (à travers ses interviews par exemple), même si je vous rejoins sur le fait qu'il est agréable de voir des films sans prétention. J'appréhende un peu ce film là, je ne sais même pas si j'irais le voir, même s'il est probable que celui-là me plaise bien plus que son précédent. Je serais grincheux sur ce coup là :)

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