mercredi 19 janvier 2011

MEMORY OF THE 80's, back again (16). Prefab Sprout


Je vous entends d'ici : un flash-back alors que l'actualité musicale a enfin repris son cours ? Mais voyez-vous, j'ai besoin d'évacuer la mémoire d'un groupe étonnamment pas encore évoqué dans cette rubrique et recroisé ces jours-ci sous le coup d'une impulsion.
Donc, avant de parler bientôt pop, folk indie ou dubstep, retour vers un des trésors les plus chéris par les amateurs de pop intemporelle, paru au milieu des années 80. L'exemple même de la mélancolie sublimée en classique pop touchant :


"When Love Breaks Down" : ma carte d'introduction au talent du song-writer le plus sophistiqué et le plus limpide à la fois de son époque, Paddy McAloon. De la race des virtuoses qui, fort d'une grande culture et subtilité musicale, donna à la pop anglaise un de ses plus beaux fleurons à la tête de Prefab Sprout.



L'album "Steve McQueen" en 1985 : une poignée de titres tous plus nostalgiques, délicats et sensibles (When Love Breaks Down, Appetite, Goodbye Lucille #I, Bonny entre autres) à la douceur ineffable et à la douleur contenue, illuminés par les vocalises diaphanes de sa blonde girlfriend Wendy Smith. Avec ce disque, McAloon n'a pas seulement composé un des disques les plus justes sur le sentiment amoureux et l'un des albums automnaux les plus touchants...


... il a fait du coup jeu égal avec les song writers les plus doués, émule de Ray Davies, Elvis Costello, Andy Partidge (XTC) voire Brian Wilson ou McCartney.

Ou même plus anciens, vu la culture du bonhomme et son goût pour les "musicals" : Cole Porter ou George Gershwin. Cet érudit pop catégorie premier de la classe n'a-t-il pas écrit plus tard - à l'époque de Jordan : The Comeback, dans le titre Paris Smith - qu'il aurait aimé "être le Fred Astaire des mots" ? Et a depuis enfanté quelques possibles héritiers, de Neil Hannon (The Divine Comedy) à Conor O' Brien (Villagers).


"Le beau Goobye Lucille #1", sorti aux U.S.A. sous le titre "Johnny Johnny" :



Étrange et cruel destin que celui du Sprout : on ne parlera pas de groupe maudit, le groupe ayant d'ores et déjà gagné depuis longtemps son entrée au panthéon de la pop.
Mais affublé d'un nom à faire fuir ("chou préfabriqué", quelle idée!) et de looks improbables, plus doués en studio que sur scène, trop sophistiqué pour le grand public, trop littéraire et précieux pour les rockeurs, trop mainstream pour les new waveux, McAloon et son groupe souffriront toujours d'un certain entre-deux.

Est-ce ce qui les poussa à faire appel au super-producteur Thomas Dolby, qui leur offrit une méga-production lustrée "easy listening" d'époque ? Ce qui eut au moins le mérite de clarifier le song writing parfois inutilement alambiqué de son auteur (l'album Swoon de 1984), mais de façon souvent intempestive face à la finesse de dentelle de chansons somme toutes intimes et remplies d'un spleen profond.

Un exemple avec "Cruel" tiré de "Swoon" :



Question : que seraient-il advenus s'ils avaient croisé George "The Beatles" Martin ?

Mais malgré cet habillage parfois daté, ce serait une erreur de cantonner Prefab Sprout aux vieux souvenirs eighties. D'autant que que j'ai à peine effleuré "Steve Mc Queen". Vous ai-je parlé de l'excellent batteur Neil Conti, du jeu de basse du frérot Martin McAloon, également présent dans le groupe ou de la richesse de compositions complexes flirtant aussi avec le jazz et la bossa nova (Hallelujah, Horsin'Around) ?

 












Et surtout de la voix de McAloon elle-même : claire, expressive, habitée et chaleureuse, élément capital - ainsi que celle de Wendy Smith - du magnétisme de ces pop songs aussi désabusées dans leur propos que lumineuses dans leur forme.
Plus personnellement, Prefab et cet album, c'est le meilleur moyen de faire revivre d'un seul coup mes années lycée : l'enthousiasme et l'ennui de l'adolescence, les emballements et les doutes de cette période étrange, si lointaine et si proche, mais désormais enfuie.

Ainsi quoi de mieux que le souvenir de cette "Bonny" inchangée, définitivement ma préférée :



ou le spleen hanté de "Desire As" : 



Et pour avoir une idée du caractère intemporel de ces chansons touchées par une certaine grâce, penchez-vous donc sur ces versions acoustiques de 8 titres réinterprétés et réarrangés par McAloon en 2007 lors de la reparution de l'album.

En voici un extrait ici : 


Tracklist de "Steve McQueen":
 1. Faron Young
2. Bonny
4. Appetite
5. When Love Breaks Down
6. Goodye Lucille #1
7. Hallelujah
8. Moving The River
9. Horsin 'Around
10. Blueberry Pies
11. When The Angels
Mais je m'aperçois qu'une seule chronique ne suffira pas pour évoquer ce groupe, un des plus emblématiques sur mon chemin et qu'il me faudra donc revenir un jour sur celui semé de bonheurs pop (le chef-d'oeuvre Jordan : The Comeback) et aussi d'embûches graves d'un McAloon aujourd'hui diminué par la maladie.

Et je sais bien ne pas être le seul à faire partie du club des accros de ce disque et de ce groupe fétiche jamais abandonné, n'est-ce pas Mrs Michka Assayas ou François Gorin ? (lire sa chronique "Disque Rayé" dans Télérama).

Nul doute que nous soyons d'ailleurs fort nombreux en fait dans ce cas... 

Prefab Sprout. "Steve McQueen" (1985) et réédition 2007 (CBS/Sony BMG) en écoute sur spotify et sur deezer

4 commentaires:

  1. Yes, le retour 2011 du 80'sBlake indispensable. J'ai (nous avons) besoin de tout ça pour explorer.. je ne connais que Steve McQueen, je vais approfondir.
    Depuis qq jour, je suis sur WIRE..je ne connais d'eux que les 70's (77/78/79) et 00's ( à partir de 2003)..rien entre les deux... c'est possible de commander un billet souvenir 80's Wire ???
    Superbe page Prefab Blake.

    byyyeee

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  2. Wire, je suis comme toi charlu je connais surtout la première période mais pas vraiment leurs 80's et 90's, faudrait que je potasse alors.
    Tiens, à propos sur le site de Télérama Francois Gorin leur consacre sa rubrique "Disque Rayé" : http://www.telerama.fr/musique/wire-1,64565.php
    j'ai pas encore lu le tout non plus !
    À plus ;-)

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  3. +1. Avec moins de talent que Gorin, j'en ai parlé aussi par chez moi il y a quelques temps. Mention aussi à "Jordan: the comeback"...
    http://lamateur75.wordpress.com/tag/prefab_sprout/
    Votre blog me plaît beaucoup.

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  4. @lamateur75 : pas de raison de complexer par rapport à Gorin, vos chroniques des albums du Sprout (Steve McQueen et Jordan) sont plus qu'excellentes :-)
    et pour le peu que j'ai pu en lire (Andrew Bird, Kings of Convenience, Christophe) les autres sont également un plaisir de lecture.

    Très content de cette découverte (et merci pour votre appréciation et pardon pour ma réponse tardive, par léger manque de temps en ce moment)
    À très bientôt ;-)

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