vendredi 30 décembre 2011

MON TOP CINÉMA 2011

Autant la richesse de l'actualité musicale a pu donner matière à un Top 50, autant l'année cinéma m'a paru rare en vrais sommets et ne donnera lieu qu'à un petit Top 10 (chroniques d'origine à lire en cliquant sur les titres).

Car, entre rendez-vous décevants (Almodovar, Darren Aronofsky, Christophe Honoré, Bertrand Bonello) et films malheureusement pas vus (Shame, L'Exercice de L'Etat, Incendies, Il Était une fois en Anatolie, Drive, les derniers Scorsese ou Cronenberg), le choix s'est concentré du coup sur un petit nombre de films.
En forme de mince lot de consolation malgré 2 ex aequo, un choix d'oeuvres intéressantes, mais modestes et mineures dans la carrière de leurs auteurs.
Exception faite du quatuor de tête et surtout de son numéro 1, que je considère comme un des plus beaux films de son auteur et de ces dernières décennies, déjà un classique du septième art.

À peine vu en mai dernier, je savais déjà que ce film finirait tout en haut de mon palmarès. Palme d'or de Cannes 2011, autant salué que pourfendu par la critique, le dernier film du plus secret des cinéastes est de loin mon film préféré de l'année et d'ores et déjà film de chevet.
Tellement la beauté de ce film-poème, à la fois épopée cosmogonique et chronique lumineuse sur le deuil, retrouve le chemin des origines et la vocation première du cinéma : l’émerveillement.

Aboutissement du cinéma panthéiste et spirituel de Terrence Malick, ode à la nature et voyage au pays de l’enfance touché par la grâce, The Tree Of Life est un film épique parfois inégal, mais souvent bouleversant, d'un total accomplissement cinématographique. Et d’une liberté absolue qui redonne foi dans le pouvoir d’un cinéma ample et visionnaire :




2. Melancholia de Lars von Trier

Aurais-je jamais prédit qu'un film du cinéaste du Dogme soit un jour dans un quelconque classement personnel ?
Si Lars von Trier ne cède en rien sur le pessimisme foncier, voire la misanthropie qui irrigue son oeuvre, sa fable métaphysique cachée derrière son argument de film catastrophe est un grand moment de cinéma placé sous le soleil noir du romantisme et de la tragédie. D'une beauté plastique rare, on n'oublie pas la tension et la lumineuse noirceur de Melancholia, opéra crépusculaire aux frontières de l'art pompier, mais oeuvre la plus personnelle de l'imprévisible danois.

3. Une Séparation de Asghar Farhadi

Un des films les plus récompensés de l'année, Une Séparation mérite bien tous les lauriers qu'il a reçus.
Vision à la fois collective et privée de la société iranienne sublimée par un scénario, récit et réalisation d'une grande intelligence, le film de Asghar Farhadi réconcilie regard pertinent d'un pays en ébullition et analyse au scalpel des tourments intimes et familiaux sans jamais faiblir en intensité et en suspense. Un tour de force qui mérite tous ces honneurs, le beau succès récolté et un vrai coup de chapeau.

4. Les Géants de Bouli Lanners

Bouli Lanners est belge. Bouli Lanners aime le grotesque et l'absurde de l'existence. Bouli Lanners capte comme personne la vitalité d'un trio d'enfants livrés à la cruauté des adultes.
Bouli Lanners
conjugue élan de la jeunesse et noirceur de sa fable d'apprentissage en conteur consommé. Bouli Lanners filme ses paysages du Nord et ses petits poucets perdus avec la grâce d'un paysagiste américain. Bouli Lanners a bien du talent dans Les Géants. J'aime beaucoup Bouli Lanners.

5. Restless de Gus Van Sant
Sans doute le film le plus mineur de l'oeuvre de Gus Van Sant, ce Restless à la douceur de rêve éveillé a pourtant le charme persistant d'une douce aquarelle. Un Harold & Maude post-adolescent, refuge tendre contre la mort qui guette, où l'auteur d'Elephant conjugue jeux de l'enfance et pudeur digne face à l'inéluctable.
Élégante presque jusqu'au maniérisme, sa fugue élégiaque et irréaliste
distille une belle luminosité jusque dans sa profonde mélancolie. À l'image de la vie.

6. La Guerre Est Déclarée de Valérie Donzelli

Si La Guerre Est Déclarée, récit du réel combat de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm contre la maladie de leur enfant touche vraiment, ce n'est pas uniquement pour le message positiviste véhiculé par le film, n'en déplaise à ses détracteurs. Mais pour la justesse de son approche entre légèreté et gravité, énergie de combattants et mélancolie de ceux qui ont connu le pire. Un film de survivants, vivant, vibrant, souvent touchant.

Sous prétexte de filmer les coulisses d'une campagne politique imaginaire, Alain Cavalier retrouve l'innocence et la liberté de l'enfance et s'amuse de la prétention du monde du cinéma. Autant objet filmique inclassable et mise en abyme malicieuse, Pater est surtout le film en mouvement permanent de la rencontre touchante d'un cinéaste imprévisible avec son fils rêvé de cinéma, Vincent Lindon.

8. Ha Ha Ha de Hong Sang-soo

Burlesque, tragi-comique et doux-amer, Ha Ha Ha est un régal du cinéma en liberté et arrosé de débordements (sentimentaux ou alcooliques) de Hong Sang-soo, cinéaste coréen décidément revigorant. Malicieux jeux de l'amour et du hasard conquis au final par l'éternel féminin face à des hommes vélléitaires et indécis. Mr Hong est un sage qui a tout compris.

9
ex aequo. Rabbit Hole de John Cameron Mitchell
Film lumineux sur le deuil, Rabitt Hole évite tous les pièges mélodramatiques qu'une oeuvre sur la perte d'un enfant guettait. Misant sur l'épure et le non-dit, John Cameron Mitchell sonde avec acuité un couple aux abois dans ce drame classique à la photogénie de grande classe, servi par une Nicole Kidman au talent retrouvé.

9
ex aequo. Habemus Papam de Nanni Moretti
Alors qu'on s'attendait à une charge antireligieuse de la rencontre entre Nanni Moretti et l'église catholique, Habemus Papam est une fable cocasse et burlesque plus tendre que vacharde. Derrière l'aspect mineur de la fugue inattendue du pape Michel Piccoli (génial comme souvent), une réflexion douce-amère assez désenchantée sur la vanité de tout pouvoir.

10.
Ceci N'Est Pas Un Film de Jafar Panahi
Que fait un cinéaste face à un régime dictatorial qui l'empêche de filmer ? Filmer quand même : filmer son impuissance et son isolement. Filmer pour témoigner. Filmer pour rester digne. Autant acte de résistance que prototype de cinéma malgré tout, Ceci n'est pas un film de l'iranien Jafar Panahi transforme ses manques en atouts et rappelle que l'acte de filmer est surtout un acte de vie.

J'espère, dans mon cas, que l'année 2012 sera plus propice en plaisirs de cinéma en salles obscures. See you very soon!

jeudi 29 décembre 2011

LE CINÉ DE CORÉE. Oki's Movie et Ha Ha Ha de Hong Sang-soo

Avant de terminer sur le traditionnel Top cinéma qui va clore 2011, un petit billet à l'occasion de la sortie récente d'Oki's Movie, sur un cinéaste dont on a pu voir deux films cette année, le coréen Hong Sang-soo.

Un peu vite catalogué "Rohmer coréen" par une critique assez paresseuse, le cinéma en liberté de Mr Hong brode en expert d'éternelles et réjouissantes variations autour de trois éléments : le cinéma, l'alcool et les relations amoureuses. Mais chez cet hyper-sensible, les deux premiers ne sont que là pour exalter ou se remettre des dernières.

Les étudiants en cinéma, critiques ou professeurs qui peuplent ses films ont beau faire étalage de leur savoir cinématographique ou s'affronter verbalement lors de dîners copieusement arrosés d'alcool de riz (soju), la recherche de l'amour guide le moindre de leurs gestes : les indécisions de l'amour, l'amour imprévu, l'amour sublimé, l'amour perdu.

Derrière la peinture caustique du petit milieu du cinéma d'auteur et universitaire, ces éternels étudiants, réalisateurs égotistes ou professeurs enseignant un art bien fragile, sont autant de séducteurs anti-héros et immatures sentimentaux.

Marivaudages et méprises en série sont autant les ressorts drolatiques de ces chroniques malicieuses et arrosées que témoignant de la confusion profonde et sentiment d'inéquation au réel qui caractérise ses maladroits protagonistes qui nous ressemblent en fait pas mal.
Hong Sang-soo a, de plus, le grand mérite de faire preuve d'une belle ambition narrative, tressant les fils de plusieurs récits et bousculant la temporalité. Une malicieuse virtuosité de raconteur d'histoires qui nourrit ces deux films de couleurs différentes.

Ainsi, Ha Ha Ha qui raconte le séjour de deux trentenaires dans la même ville au même moment et amoureux des mêmes femmes, est-il un sommet de burlesque sentimentalo-cruel qui voit nos deux compères, souvent versatiles ou goujats, perdre des plumes au combat amoureux, les femmes plus idéalistes ou plus intègres bénéficiant du regard conquis d'un cinéaste admiratif de l'éternel féminin. Un petit bijou tragi-comique, stimulant et revigorant.

"Ha Ha Ha" (Corée du Sud, 2010) Sorti le 13 mars 2011. Durée : 114 mn. ♥♥♥♥
Réalisation et scénario : Hong Sang-soo.
Avec : Kim Sang-Kyung, Moon So-ri, Jun Sang-yu.
à lire sur benzine


Sorte de pendant d'hiver à ce film estival, le récent Oki's Movie, moins ouvertement cruel, a une tonalité plus tendre et est composé de 4 courts films : quatre variations sur une même histoire, mettant en scène les mêmes personnages (joués par les mêmes acteurs) et leurs hésitations amoureuses.
Film conçu dans la foulée de l'inspiration et à la structure à sketchs improvisée durant le tournage, ce film d'hiver (la neige et le froid y jouent un grand rôle) suit les pérégrinations de deux étudiants (fille et garçon) en cinéma et leur professeur.

Amoureux tous deux de la jeune femme, les deux hommes ont beau s'opposer sur des questions éthiques et esthétiques à des époques différentes, le coeur de leur rivalité/admiration, c'est leur relation changeante et mutuelle avec la belle Oki. Laquelle expose dans le "dernier-film-dans-le-film", le plus beau, sa relation à un an d'intervalle avec chacun d'entre eux.

Malgré l'aspect exercice de style-expérimental du film, une douce émotion, voire tristesse, naît de cette évocation désabusée d'un amour de jeunesse inabouti.
Et de ces artistes en devenir conscients des limites de leur art et doutant de l'intérêt de pratiquer un cinéma d'auteur confidentiel à l'avenir plus qu'incertain.

Pétri de doutes et d'incertitudes dans son propos, avec ce joli doublé filmique, Hong Sang-soo, paradoxalement, témoigne d'une belle santé, capable de perpétuer ses éternelles préoccupations de cinéaste tout en les renouvelant d'une nouvelle approche créative.
Raison de plus pour fréquenter sans réserve son cinéma accueillant et attachant :



"Oki's Movie" (Corée du Sud, 2010) Sorti le 7 décembre 2011
♥♥♥
Réalisation et scénario : Hong Sang-soo. Chef-Opérateur : Park Hongyeol. Lumière : Yi Yuiheang. Montage : Hahm Sungwon. Musique : We Zongyun. Production : Jeonwonsa Film Co. Distribution France : Les Acacias. Durée : 80 mn.

Avec : Lee Sun-kyun (Jingju) ; Yu-mi Jeong (Oki) ; Sung-Keun Moon (Professeur Song).
Lienà lire sur benzine

dimanche 25 décembre 2011

HUNKY DORY for Christmas

À l'heure où chacun a ouvert ses cadeaux, je dépose au pied du sapin un cadeau vieux de quarante ans et que tout le monde connaît déjà. Mais qui n'a pas pris une seule ride : toujours aussi irréel qu'il le fut à l'époque.

Le 17 décembre dernier, on a fêté l'anniversaire de la sortie quatre décennies plus tôt d'un album qui est à mes yeux le plus beau de l'histoire de la pop : Hunky Dory. "Un disque si beau que le simple fait de le posséder, sans même l'écouter, suffit au bonheur" selon la formule de son fan n°1 Jérôme Soligny, qui a vu tellement juste. Un album découvert de mon côté à peu près une bonne douzaine d'années plus tard et qui fut une vraie révélation.

1971 : voici trois ans qu'un jeune auteur-compositeur attend son heure, espérant confirmer pour de bon les espoirs entrevus lors du grand succès de la chanson Space Oddity deux ans auparavant. Et qui ne peut se résoudre à être l'homme d'un seul titre, vu l'ampleur de son ambition. Si la consécration mondiale viendra plus tard avec l'album suivant et le raz-de-marée Ziggy Stardust, en 1971 David Bowie est encore dans l'antichambre de l'histoire du rock.

Après s'être essayé à la pop vintage (l'introductif David Bowie de 1967), le folk onirique (Space Oddity) ou avoir tenté le hard rock glam l'année passée (The Man Who Sold The World), le jeune anglais trouve enfin LA bonne formule avec ce quatrième album. Réunissant les musiciens qui seront ses futurs Spiders From Mars (Mick Ronson, Woody Woodmansey, Trevor Bolder et Rick Wakeman, futur pianiste de Yes), Hunky Dory est le disque d'un talent étonnant, superstar en devenir et songwriter touché par la grâce.  

Mélange d'ambition et de candeur, d'arrogance et d'ingénuité, où le jeune Bowie peaufine son jeu avec l'androgynie et le bizarre, Hunky Dory est le plus délicat de ses albums et celui où éclate son génie de mélodiste.

Remplis de futurs classiques de son répertoire - dont au moins sept, voire huit chefs-d'oeuvre - l'atmosphère unique de cette splendeur aux couleurs d'aquarelle, entre cabaret glam pop et folk mélancolique, saisit la mutation d'une époque. Adieu les années 60 hippies, bientôt l'ère de l'excentricité et de la flamboyance rock, mais marquée d'un esthétisme constant et d'hommage à l'esprit music-hall et cabaret anglais.

Si les singles Changes et Oh! You Pretty Things, futurs classiques inusables, auraient suffi pour que cet album reste dans les annales, que dire alors du sommet Life On Mars?, certainement le plus incroyable des titres chantés alors par l'homme aux yeux vairons. Mélodie tombée du ciel, arrangements magnifiques - signés Mick Ronson - d'une classe rare (ces cordes, ce piano, ce lyrisme!) et sa voix juvénile inouïe aux accents dramatiques :



Si Hunky Dory émeut toujours sans faillir, en-dehors de son extraordinaire musicalité élaborée par le producteur Ken Scott et Bowie lui-même, c'est qu'on y sent la future superstar à venir, mixant avec génie ses influences et emprunts (Marc Bolan, Scott Walker, le Velvet Underground), celle qui jouera en maître de son ambiguïté et de son charisme ravageur, mais s'exprimant ici avec une délicatesse d'expression rarement atteinte jusqu'alors dans le rock mainstream.

On y voit aussi un artiste dire subtilement au revoir à ses années de formation, évoquer tendrement son fils et sa vie familiale (Kooks), saluer par-delà l'océan ses héros américains (Andy Warhol, Lou Reed, Bob Dylan), développer son goût pour le lyrisme et l'excentricité (Life On Mars?) et avouer de front ses doutes ou désillusions (Don't believe in yourself, Don't decieve with belief, Knowledge come with death's release - Ne croyez pas en vous-même, ne vous trompez pas à cause de vos convictions, la connaissance vient avec l'arrivée de la mort) sur la magique Quicksand :



Album où le futur extraterrestre de la planète rock montre encore un visage humain, une vulnérabilité mêlée à la flamboyance excentrique qui le caractérise, Hunky Dory, riche écrin musical à l'étrange intemporalité, tellement de son époque mais toujours pertinent, est souvent le disque préféré des amateurs de Bowie. Celui qu'admire depuis quarante ans une nuée d'auteurs-compositeurs admiratifs ou jaloux des hauteurs atteinte par le Thin White Duke (même Bono de U2 et combien on le comprend!).

Aujourd'hui comme hier, Hunky Dory et son mélange unique d'exaltation et de mélancolie profonde qui caractérise la jeunesse, touche, enivre, fascine durablement. La porte d'entrée la plus attachante du monstre Bowie, qui se clôt sur le titre-phare The Bewlay Brothers.

Morceau métaphorique et troublant, illustration de la lutte du futur Ziggy mais encore David Robert Jones, contre sa peur de la folie, celle là-même qui rongeait son demi-frère schizophrène Terry. Chanson-clé d'un homme qui s'est servi de son art pour mieux affronter ses angoisses et nourrira ensuite avec génie le rock de ses démons et merveilles :

 

Quarante ans et pas une ride : Happy Birthday, Hunky Dory. Et Joyeux Noël à vous tous.

1. Changes
2. Oh! You Pretty Things
3. Earth Line Poem
4. Life On Mars?
5. Kooks
6. Quicksand
7. Fill Your Heart
8. Andy Warhol
9. Song For Bob Dylan
10. Queen Bitch
11. The Bewlay Brothers

David Bowie - "Hunky Dory" (RCA/EMI) 1971
CHEF-D'OEUVRE ♥♥♥♥♥
david bowie.com
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samedi 24 décembre 2011

MERRY (POP) CHRISTMAS

Noyël, Noyël ! Malgré l'aspect plus qu'attendu, voire redouté par beaucoup, vous n'échapperez pas aux habituelles chansons de Noël avec carillons, traîneau et neige poudreuse.
Mais, afin de vaquer à la préparation de votre soirée du 24 sans craindre l'écoeurement avant même d'avoir commencé votre réveillon, on sacrifiera à ce rituel en compagnie de figures connues et estimées.

Dans le registre des traditions, on peut fréquenter sans risque le duo She and Him qui s'est prêté à l'exercice. Douze chants de saison aux refrains carillonnants repris avec élégance et style par M.Ward et la jolie Zooey Deschanel.

Ça s'écoute et se déguste tout seul, intemporel et plaisant. Je dirais même qu'avec sa classe sixties, cet interlude me paraît plus convaincant que les albums "sérieux" du duo.
Sans aucune surprise, c'est vrai, mais charmant :



Et pour un 24 décembre moins conventionnel, on peut toujours se tourner vers l'ostrogoth Gruff Rhys qui nous gratifie d'un très court mais réjouissant EP, Atheist Xmas.
En bon anglais, il prend le contrepied des bons sentiments avec trois vignettes pop à la couleur seventies bien glam sur lesquelles il raconte des gentilles petites horreurs : Noël délaissé d'un couple âgé, réveillon de réfugiés après la fin du monde, blues de célibataires solitaires.

Youpi, c'est la fête, quoi... Soigneusement décalé et savoureux, ce mauvais esprit. Merci bien, monsieur Gruff !



Me reste donc plus qu'à vous souhaiter à mon tour sans détour un très bon "vous-savez-quoi". C'est simple, il suffit de lire, c'est marqué plus bas.

Juste ici :













...
À TOUS !


vendredi 23 décembre 2011

MON TOP ALBUMS 2011, (5/5). N°s 1 à 10

Conclusion logique d'une année où cet album de Son Lux fut longtemps mon disque de chevet, le voici donc en toute logique arrivé en tête de mon bilan personnel. Un disque somptueux, album-univers qui témoigne de la démarche d'un créateur singulier et de sa vision bien personnelle.
Ensuite, qu'on la partage ou non vous en déciderez, mais ce modeste bilan est un témoin fidèle des disques qui sont le plus souvent revenus cette année chez moi.  

À vous de dire, maintenant :


 
Disque baroque et magistral, album extra-terrestre, la pop tombée du ciel de Son Lux est un laboratoire sonore à ciel ouvert, tanguant d'électro brûlée en abstract hip hop, résonnant d'échos de musique contemporaine et de pop nocturne. Entouré de l'ensemble YMusic, Ryan Lott y accomplit sa recherche du son parfait, célébrant les noces de la pop crépusculaire et du lyrisme orchestral. Mariage de mélancolie glacée et de flamboyance intérieure, un diamant noir qui n'a pas fini de faire miroiter ses multiples facettes.
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2. Youth Lagoon
- The Year Of Hibernation (Fat Possum Records)

L'inconnu de dernière minute arrivé tout en haut. Avec son recueil de chansons de poche à l'étrange tremblement shoegaze et échos dream pop, le jeune Trevor Powers dit Youth Lagoon, a composé un album immédiatement adopté ici dès qu'il fut écouté.
The Year Of Hibernation, touchant journal de bord d'un ermite post-ado égrenant de sa voix réverbérée parmi les plus belles mélodies entendues récemment, est comme une navette spatiale indie pop irradiant la terre de ses bonnes vibrations. Une fois interceptées, elles ne vous quitteront plus.
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3. The Phoenix Foundation - Buffalo (Memphis Industries)

Inconnus ou presque chez nous, les néo-zélandais de The Phoenix Foundation ont pourtant signé le cocktail pop le plus stimulant de 2011. Buffalo est un euphorisant de chaque instant, au psychédélisme radieux et à l'électro partageuse.
Maîtres d'une pop au zénith, la bande de Samuel Flynn Scott aligne perles mélodiques et spatiale fluidité, réconcilie rock ombrageux à la House Of Love et délires psyché à la MGMT. Et donnent envie de dire tout le monde qu'il faut répéter leur nom partout : il s'appellent The Phoenix Foundation.
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4. Fleet Foxes
- Helplessness Blues (Sub Pop/Bella Union)

Paradoxe : alors que ce deuxième disque des Fleet Foxes était si attendu qu'il a semblé en décevoir beaucoup, j'ai mille fois préféré cet opus épanoui, inspiré et épique, à leur essai inaugural encore un peu scolaire.
Une vraie tocade pour le folk en liberté, simple et authentique de la bande de Robin Pecknold, enluminé par leurs choeurs chaleureux et une production plus mâture. Hommage au folk classique des années 70 et sa relecture accomplie, émaillée de pièces plus aventureuses, Helplessness Blues touche par sa fraternelle authenticité.
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Une des merveilles de 2011. Jeune américaine à l'exigeant parcours, Shara Worden de My Brightest Diamond vient de sortir le meilleur album de sa jeune carrière.
Disque de lumière et de partage, All Things Will Unwind est un radieux mélange de folk orchestral et d'indie pop en liberté. Un écrin serti par l'ensemble néo-classique de YMusic où la voix lyrique et gracile de la jeune femme, récemment devenue mère, fait des prouesses célébrant sa joie sur des mélodies émerveillées. Aérien et irréel.
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6. Cass McCombs - Wit's End (Domino Records)

Song writer imprévisible, Cass McCombs n'en fait qu'à sa tête et c'est tant mieux. L'insaisissable américain a été l'auteur cette année de deux disques, deux facettes de son singulier talent rétif aux étiquettes.
Folk singer, rockeur intimiste, crooner atypique : à vous de choisir. Le scintillant Wit's End est ainsi un des sommets de son parcours, recueil de bijoux à la grâce intemporelle, quasi élisabéthaine. Mélange de sérénité et étrangeté, ce disque troublant est la porte d'entrée de son univers, à compléter avec Humor Risk, disque suivant plus éclectique (à écouter ici).
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7. Piers Faccini - My Wilderness (Tôt ou Tard/EMI)


Du bonheur du métissage. En frottant son folk intimiste et feutré avec la musique africaine ou celle des Balkans, l'anglo-italien Piers Faccini vient de signer son disque le plus accompli.
Folk blanc mêlant Nick Drake à l'afro blues d'Ali Farka Touré, un voyage lumineux et magistral, alternant perles introspectives et afro pop plus rythmique au parfum d'Orient. Enluminé par des arrangements d'orfèvre, servi par des instrumentistes au diapason et une voix d'exception,
My Wilderness est la meilleure carte de visite du gentleman chanteur.
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8
ex aequo. Destroyer - Kaputt (Merge Records)

Un des vainqueurs inattendus de cette année. Dan Bejar, l'outsider underground à la tête de son Destroyer longtemps obscur, navigue en père peinard sur une singulière mer soft rock et smooth pop 80's revisitée.
De l'art de distiller sa dérision désabusée sous un vernis rétro-kitsch de claviers et saxos, aussi séduisant qu'ambigu. Entreprise intrigante pour un Kaputt savoureux : de quoi donner envie de replonger sans honte dans la pop clinquante et confortable des années FM avec un regard décalé.
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8 ex aequo. Bon Iver - Bon Iver (4AD/Jagjaguwar)

Ça, on peut dire que Bon Iver a fait réagir son monde cette année avec ce deuxième album qui a tant fait couler d'encre. En délaissant le folk acoustique pour le brancher sur l'électrique et le transformer en laboratoire sonore, Justin Vernon s'est attiré autant de louanges admiratives qu'un rejet franc et massif.
À défaut de faire l'unanimité, cet habillage contesté, entre prog pop et folk auto-tuné, fascine surtout et renforce un impeccable song writing à la hausse. Même l'éventuelle dérive kitsch qui pointe n'arrive pas à effacer le caractère mystérieux de cet opus assez singulier.
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9. Kate Bush - 50 Words For Snow (Noble & Brite/EMI)

Le retour surprise gagnant de l'année. Icône incontestable de la pop, la fée Kate Bush ressort de sa tanière pour un songe immaculé, rêverie en suspension sur la neige et l'hiver.Sept longues plages peuplées de temps et de silence, conte hivernal où la mythique anglaise, sans laquelle la pop féminine ne serait pas la même, renoue avec sa magie passée : feutré et onirique, 50 Words For Snow marie classicisme et liberté artistique avec le plaisir de renouer avec le vertige de sa voix au magnétisme toujours troublant. Kate Will Be Magic Again.
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10. Metronomy - The English Riviera (Because Music)

Autre paradoxe : si The English Riviera n'est sans doute pas encore le grand disque qu'on attend de Metronomy, difficile de résister au pouvoir d'attraction de cet élixir délicieux.
En arrondissant les angles de leur électro déchaînée, en lui injectant une dose d'hymnes pop catchy, le gang de Joseph Mount a signé une galette au son néo eighties assez irrésistible. Un opus promis à devenir classique, dont l'humour décalé n'est pas étranger au caractère attachant qui est la marque de nos sympathiques anglais.
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À demain pour fêter Noël, vite fait, bien fait !

jeudi 22 décembre 2011

MON TOP ALBUMS 2011. (4/5). N°s 11 à 20

- "Amis lecteurs, votre mission, si vous l'acceptez, est de partir à la découverte des n°s 11 à 20 de cette enquête. Fin du message 4 qui ne s'autodétruira pas " -

11. Sin Fang - Summer Echoes (Moor Music)
Venu du Nord, le farfadet Sin Fang tricote en solitaire bien entouré une dream pop lo-fi, cotonneuse comme un nuage vu en rêve et radieuse comme un dessin d'enfant.
Petit laboratoire à idées, le bricolo islandais assemble rythmiques subtiles, voix et choeurs en apesanteur, le tout recouvert d'une brume sonore propice au songe comme Sigur Rós. Summer Echoes est un disque lunaire et solaire où l'on doit se frayer son propre chemin, comme dans une forêt où Sin Fang, Petit Poucet musicien, prendra soin de guider l'auditeur, sourire en coin.
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Je vous entends d'ici : James Blake ? Son dusbtep vocal, sa voix maniérée, son côté si peu fun. Oui, mais comment passer sous silence que le petit prince du dubstep fut un des héros de l'année ? Et qu'avec son premier album, il fut celui qui révéla au grand jour les vertus d'un genre confidentiel ?
Après, qu'on lui reproche un côté consensuel, qu'on vénère ou pas son climat rigoriste et ses facéties avec Bon Iver, n'en reste pas moins qu'en vrai passeur, le jeune anglais a joué son rôle. Et a signé parmi les plages les plus hypnotiques de l'année (Wilhems Screams) à prolonger sur son EP de l'automne.
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La pop venue du Nord n'a pas fini de nous surprendre et les Treefight for Sunlight en sont une autre preuve.
Jeunes danois aux pop songs colorées gorgées de choeurs euphoriques et claviers sautillants, ce quatuor à la joie enfantine et mélodies radieuses ose un mix vitaminé entre sunshine pop et psyché rock à la MGMT. Insouciance et song writing en extase : une parenthèse enchantée à la joie communicative. Un vrai rayon de soleil.
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14. Ane Brun - It All Starts With One (Balloon Rangers)
Voici un album somptueux, folk de luxe et écrin de choix pour la voix troublante d'une chanteuse trop peu reconnue. It All Starts With One est un doux vertige tissé par la blonde suédoise au sommet de son art.
Territoire apparemment calme mais d'une grande intensité, cet album brille d'arrangements scintillants (cordes et percussions à tomber) fruit des meilleurs orfèvres nordiques. Écouter Worship, son duo inspiré avec José González, c'est déjà succomber au reste de ce bel album.
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15. Wild Beasts - Smother (Domino Records)

Une des plus belles réussites pop de cette année, Smother est un séduisant refuge en suspension porté par le falsetto haut perché du chanteur Hayden Thorpe.
Pop à la production et percussions subtiles, traversée par un souffle vibrant, la musique des Wild Beasts incite à la rêverie et à un dynamique retour sur soi. Enfants du glam 70's ou des méconnus Associates, ces animaux brillants et plus civilisés que ne laisse entendre leur nom mériteraient vraiment qu'on s'occupe plus d'eux.
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16. Cascadeur - The Human Octopus (Mercury)
2011 aura été l'année du petit Cascadeur français, casse-cou sentimental à la voix tombée du ciel. Répondant aux espoirs que portait son EP Walker, Alexandre Longo a bâti tout seul The Human Octopus, son petit refuge pop privé, entre mélancolie fragile à la Patrick Watson et monde de l'enfance revisité.
Mélodiste lumineux, arrangeur doué, le pianiste lorrain caché derrière son casque habille de lumière son spleen et de ludisme ses rêveries personnelles qui nous ressemblent. Attachant personnage.
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17. Low
- C'Mon
(Sub Pop)
La beauté du spleen, les américains de Low n'en démordent pas : la joie est dans la mélancolie. Et comment leur donner tort quand, avec C'Mon, ils retrouvent leur grâce passé de maîtres du rock slowcore ?
Dépouillées mais intenses, les compositions de nos vétérans sont d'une rare efficacité célébrant les vertus de la simplicité au service d'un feeling rock plus Neil Youngien que jamais. Quand, en plus Alan Sparhawk et Mimi Parker alignent parmi les plus touchantes ballades de l'année ($20, Nothing But Heart), on a juste envie de vous dire : Come On.
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18. Loney Dear - Hall Music (Polyvinyl/La Baleine)
Emil est revenu ! Le petit prodige Loney Dear a beau nous livrer un opus moins fort que son fabuleux Dear John précédent (mais la barre était haute), je fonds toujours pour la folktronica intimiste et le doux spleen du baladin suédois.
Plus calme et apaisé, le voyage de Hall Music réserve cependant de beaux moments, joli recueil de mélodies pop élégiaques en apesanteur illuminé de la voix d'équilibriste sentimental d'Emil Svanängen. Radieuse balade.
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2011, pas seulement année dubstep, mais aussi chillwave. Et dans ce style un peu fourre-tout, Toro Y Moi est celui qui tire le genre vers le haut. Groovy, funky, rétro-seventies et mélancolie dance-floor, la pop inventive du jeune Chaz Bundik est l'un des purs plaisirs du genre cette année, qui mixe François de Roubaix et french pop avec joie. 
Déclinée deux fois, sur un évanescent Underneath The Pine et Freaking Out, EP plus électro groovy. Deux raisons de dire merci au petit Toro.
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对后续行动 (à suivre)