jeudi 20 janvier 2011

FOLK D'HIVER. Iron and Wine

Chronique légèrement en avance - pour cause d'absence le week-end à venir - d'un disque qui ne débarquera que ce lundi 24 janvier prochain.
Un des albums assez attendus en ce début d'année pour qui est sensible au grand paysage mouvant de l'Americana : "Kiss Each Other Clean", quatrième opus d'Iron & Wine, autrement dit l'artisan folk Sam Beam.

Sam Beam vu comme symbole d'un folk intemporel : pour le peu que j'en connaisse, car j'ai peu de recul sur sa musique le connaissant surtout à travers son précédent album "The Shepherd's Dog" paru en 2007.
Mais avouons qu'il est aisé de vite trouver ses marques dans son folk fort limpide bien que cette fois-ci musicalement très élaboré.

Moins fragile et tourmenté que le regretté Elliott Smith, moins insaisissable que Will Oldham/Bonnie Prince Billy, modèle de Bon Iver et des Fleet Foxes, Sam Beam c'est un peu le père tranquille du folk moderne, mais tranquille ne veut pas dire endormi ou manchot.



Pour ce nouvel opus, soignant particulièrement les orchestrations (orgues, percussions, guitare électrique, saxo), tentant des embardées vers une "african pop" au son seventies et développant avec un plaisir évident les choeurs (a-t-il écouté le "Brotherocean" de Syd Matters?) et les rythmes, cet album irradie une constante chaleur et lumière, et respire une vraie harmonie, autant musicalement que dans l'inspiration mélodique.



Le meilleur vecteur en est évidemment sa chaude voix, claire et expressive aux inflexions parfois étrangement similaires à celles de Paul Simon, parallèle évident sur les titres les plus marqués rythmiquement d'inspiration ethnique, voire afro-funk-jazz (Rabbitt Will Run, Monkeys Uptown).

Beam dit avoir voulu réaliser "une musique plus orientée pop qu'auparavant. Que ça sonne comme ce que les gens pouvaient entendre petits sur la radio de la voiture de leurs parents, la musique sympa de la radio des années 70."

Message reçu, résultat assez probant pour ce "soft folk-pop", puisque sans oublier de dégaîner des mélodies si évidentes qu'on croirait les connaître déjà (Tree by The River, Me and Lazarus), il a le mérite de tenter de varier les climats, de la longue transe presque afro- jazz de "Your Fake Name Is Good Enough For Me" à la ballade apaisée "Godless Brother In Love" d'une douceur infinie, ce que j'ai entendu de plus serein et plus touchant depuis longtemps.

J'avoue avoir un faible pour le précédent "The Shepherd's Dog", certainement plus fluide et cohérent dans son ensemble, mais ce nouvel album pop plus hétérogène ne manque pas de charme. Mais je présage déjà que les amateurs d'un folk aventureux plus écorché n'y trouveront pas leur compte et risquent de le trouver trop lisse.

Question de tempérament, Sam Beam, plus proche d'un folk apaisé à la Crosby Stills & Nash, n'aura jamais la rudesse d'un Neil Young, et n'est pas homme à vouloir reprendre la couronne brisée d'un Vic Chestnutt ou d'un Mark Linkous avec Sparklehorse.
Mais avouons qu'il est parfois des cours d'eau paisibles ou l'on peut trouver autant de plaisir à se baigner qu'au milieu de rivières plus tempétueuses.


Tracklist :
1. Walking Far From Home
2. Me And Lazarus
3. Tree By The River
4. Monkeys Uptown
5. Half Moon
6. Rabbit Will Run
7. Godless Brother In Love
8. Big Burned Hand
9. Glad Man Singing
10. Your Fake Name Is Good Enough For Me

Iron & Wine
. "Kiss Each Other Clean" (4AD/Beggars Banquet) ♥♥♥ Sortie le lundi 24 janvier

Iron & Wine en Black Session le 31 janvier chez Lenoir sur Inter et en concert le 17 février à l'Alhambra

8 commentaires:

  1. Super bien vu la silhouette PAUL SIMON..

    RépondreSupprimer
  2. Bon, là désolé mais comparer cet album de country-rock balourd au dernier Syd Matters, ça ne va pas être possible ;)

    RépondreSupprimer
  3. @charlu : l'as-tu écouté ce dernier Iron and Wine ? Tu me diras ce que t'en pense, cher charlu, si tu connais mieux Sam Beam que moi...

    @vincent : non, je m'explique : c'était pas pour comparer, je suis OK c'est fort différent, Syd Matters étant moins "roots", plus aérien et innovant. C'est juste pour une certaine similaire omniprésence des choeurs dans les 2 disques.
    Mais Iron and Wine "country balourd", vraiment ? ça serait pas une petite vengeance suite au Anna Calvi ça ? ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Je n'y manquerai pas Blake, j'attends juste sa présence physique dans les bacs, faut que je touche, que je sente... si la pochette smell pas bon, ça peut me bloquer... eh ouaih, un vrai fétichiste du disque.
    Par contre je l'attends avec un peu de méfiance, car ceux d'avant m'on pas excité plus que ça.. ça passe nickel, mais il manque l'étincelle, l'espace, le petit truc qui pourrait le faire basculer dans la postérité des disques qui comptent. Peut-être celui là ??
    à très bientot donc.

    RépondreSupprimer
  5. @blake : Si, si, ça ressemble bien à une petite vengeance :) même si - et c'est un avis personnel - je trouve la musique d'Anna Calvi, infiniment plus subtile que celle de ce folkeux barbu.

    RépondreSupprimer
  6. Iron And Wine : Un troubadour barbu comme Will Oldham, jouant un folk apaisé (du moins musicalement) et ancestral tel mon chouchou Ray Lamontagne. En même temps, je ne connais pas très bien Iron And Wine.
    Tu parles de Neil Young. Sam Beam l'a reprit, "Cowgirl In The Sand" et "Mr. Soul", souvent en live....Et le 31 janvier en Black Session, cool.
    La pochette de ce "Kiss Each Other Clean" est mystérieuse et belle.
    Et encore une bonne sortie 4AD (après The National, Blonde Redhead), label qui compte encore...

    A + + amigos....

    RépondreSupprimer
  7. Je suis en train d'écouter le séminal premier album de Palace Brothers (Will Oldham) "There Is No-One What Will Take Care of You" et j'ai repensé à l'intitulé de cette chronique "Folk d'hivers". Et avec ce refroidissement qui nous est tombé dessus, normal !!
    Ce disque de Palace Brothers est une sorte de relecture alternative, indie rock et lo-fi de cette bonne vieille country et folk américain. Connais-tu ce disque ?? Et si oui, qu'en penses-tu ???
    Je sais, je dévie un peu d'Iron & Wine mais en même temps, ce n'est que la suite logique du mouvement.....

    A + +

    RépondreSupprimer
  8. @francky01 : désolé pour cette réponse tardive mais j'ai été éloigné de tout ordi le week-end dernier et ai peu de temps en ce moment, mais me voici quand même :
    oui je connais Palace Brothers/Palace/Will Oldham/Bonnie Prince Billy (faut le suivre le garçon) et leur 1er LP très bon ... même si je suis + familier de "Viva Last Blues" sorti en 1995.
    Dans le même ordre d'idée j'ai un faible pour les impeccables albums de Spain de Josh Haden, fils de Charlie ... qu'il faudrait que je réécoute, tiens, mais tellement de nouveautés nous attendent, n'est-ce pas ?

    Merci pour ta fidélité cher Francky ;-)

    RépondreSupprimer