mercredi 9 mars 2011

Memory Of The 80's, remake (17). THE HOUSE OF LOVE

Alors que les albums à écouter se bousculent à la porte et que je devrais être en train d'écrire des papiers sur certains, voici par pur esprit de contrariété le moment idéal pour botter en touche et sortir du grenier où elle prenait la poussière la rubrique "Memory Of The 80's".
Pour en extraire un souvenir qui ne devrait pas apparaître ici, puisque l'album sur lequel elle figure est paru au tout début de l'année 90, même si la chanson était en fait plus ancienne, une "Shine On" bien nommée.


"Shine On", au riff de guitare irrésistible, au refrain si si si simple mais si addictif pour un titre envoûtant, grand souvenir de "quand j'étais jeune", illuminé par la voix sombre et magnétique de Guy Chadwick de The House Of Love :



L'un des morceaux de bravoure et plus gros succès de ce groupe qui fut l'un des chouchous de la sphère rock indé fin des années 8o et des étudiants en lettre, fit les beaux jours des Inrocks de la grande époque mais reste bien négligé à tort depuis.

1990 fut la grande année de The House Of Love, nom tiré d'un livre d'Anaïs Nin et groupe au croisement du rock du Velvet Underground et de la new wave psychédélique de leurs aînés Echo & The Bunnymen.

Un espoir de la scène britannique des eighties finissantes dont la carrière débuta sous les meilleurs auspices avec un premier opus éponyme paru en 1988 sur le mythique label Creation d'Alan McGee (My Bloody Valentine, Jesus & Mary Chain, Oasis).
Un premier opus dont certains disent que c'est le meilleur album du groupe, rempli des classiques "Destroy The Heart", "Real Animal" et surtout la culte "Christine" témoignant du talent du groupe à marier des guitares carillonnantes ligne claire à la Smiths sur une pop-rock ténébreuse à la Jesus & Mary Chain :



Personnellement, j'ai un faible pour le deuxième album plus familier, le "Butterfly Album" surnommé ainsi pour le différencier du premier également sans titre.

L'album du succès naissant dans la foulée de leur "Shine On" tubesque. Moins post-new wave que le précédent, cet album au papillon arbore un son plus dynamique, alternant standards rock évidents : "Hannah", "In A Room " et ballades gracieuses, "Beatles And The Stones", "Shake And Crawl" ou "Blind". Mais ce qui devait être leur porte d'entrée vers une carrière radieuse fut paradoxalement le début de leur fin :
 


Signant sans clairvoyance sur le label Fontana chez Mercury (celui déjà qui abrégea la carrière des sublimes Cocteau Twins) le groupe n'évita pas les pièges habituels du rock-business : usage immodéré des drogues, rivalité grandissante entre Guy Chadwick et le guitariste virtuose Terry Bickers, l'égal d'un Johnny Marr (The Smiths) ou d'un Bernard Butler (Suede), qui préféra s'éclipser pour aller former Levitation.

Dépourvu d'un pilier créatif essentiel, mal managé par un directeur artistique (Chadwick : "le type qui nous a signé avait signé Tears For Fears et Def Leppard (!) et ne voulait que des tubes avec des refrains faciles"), The House Of Love joue de malchance en publiant leurs disques suivants en 1992-1993 : la scène rock s'emballe pour l'incendie Madchester allumé par les Happy Mondays, la folie sonique du shoegaze, le grunge américain qui bourgeonne autour de Nirvana et la brit-pop avec la rivalité Blur-Oasis naissante.

Vus déjà comme des has been dépassés, les ex-espoirs londoniens ne firent pas le poids avec leurs albums aux pochettes de plus en plus hideuses (voir dessous), leur chanteur pas assez beau gosse, et leurs nouveaux titres se contentant de reconduire les mêmes schémas. Le tout aggravé par la tendance de Chadwick à virer crooner rock, pourtant parfait sur la suave "The Girl With The Loneliest Eyes".














Pour autant, il est vrai de trouver injuste le relatif oubli qui entoure ce groupe aux qualités pop-rock maintenant classiques, qui fut très inspiré à sa grande époque.
Redécouvrez donc ce "I Don't Know Why I Love You" d'un Chadwick vachard envers sa girl friend ou un "Marble" tiré de leur troisième LP "A Spy In The House Of Love", en fait compilation de B-sides d'un niveau que certains groupes actuels aimeraient bien avoir comme déchets :




Et pour être honnête, The House Of Love, en-dehors de son statut de groupe injustement jeté aux oubliettes de l'histoire du rock, c'est surtout lié pour moi à la fin d'une époque que j'étais content de voir se refermer : souvenir heureux d'avoir fêté la fin de mon service militaire au son d'un "Shine On" libérateur dans une boîte rock de Bordeaux.
Eh oui, c'est un vieux qui a fait son armée qui vous parle. Alors comment ne pas chérir un peu le souvenir de The House Of Love avec ça ?

"Destroy The Heart" en version live :


Tracklist :
1. Hannah
2. Shine On
3. The Beatles & The Stones
4. Shake & Crawl
5. Hedonist
6. I Don't Know Why I Love You
7. Never
8. Someone's Got To Love You
9. In A Room
10. Blind
11. 32nd Floor
12. Ze Dest
The House Of Love
. "The Butterfly Album" 1990 (Fontana/Mercury)
♥♥♥♥♥
en écoute sur deezer et spotify
The House Of Love sur la Mini Playlist 80's

myspace the house of love

10 commentaires:

  1. Bel hommage à l'un de mes groupes préférés ! Tu as bien fait de ne pas évoquer l'album (très décevant) de la reformation en 2005...

    Par contre le "Live At The BBC" sorti en 2009 est sompteux :

    http://next.musicblog.fr/1166225/The-Beatles-And-The-Stones/

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  2. merci pour l'appréciation J-P., d'autant que (même si ça n'a rien à voir) j'ai ramé pour la mise en ligne des vidéos YouTube, ça déraille sec blogspot!
    Ca faisait quelques jours que les chansons de Chadwick & co me trottaient en tête, l'occasion parfaite pour les évoquer ici, 21 ans après les faits ;-)

    Pour l'album 2005 j'ai pas de mérite, je ne suis pas allé l'écouter (!) j'irai jeter une oreille sur le live dispo sur deezer & spotify...quand j'aurai écouté les 30 000 nouveautés qui m'attendent :-)
    À bientôt !

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  3. Ah The House of Love... Merci pour ce beau retour dans le passé !

    Il ne faut pas hésiter même si des fois on croule sous les écoutes. Je te rassure c'est pareil pour moi ! Je n'en ai même pas fini avec 2010.

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  4. Je me souviendrais toujours de cette vieille compile de House Of Love qui traine encore dans mon étagère de CD ...
    J'adore Shine On !

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  5. Et bravo pour cette rétrospective !

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  6. Je me disais aussi que tu avais une connaissance assez impressionnante sur tous ces groupes des années 80/90, mais forcément, tu les as connu en temps réel ! Bel article en tout cas, et une belle découverte !

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  7. @muffin man et mathieu : merci beaucoup :-) Je vois que ce flash-back n'a pas fait de bien qu'à moi seul... de quoi ressusciter cette rubrique régulièrement ? à suivre, maybe ...

    @spiroid : dammned, suis démasqué ! mais la musique, ça conserve ;-)
    Faux jeune ou vieux jeune que je suis, merci de ton compliment et ravi de t'avoir fait découvrir House of Love en tout cas ...

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  8. Bravo pour ce bel article sur l'un des meilleurs groupes de pop. Et puis Beatles & The Stones quand même, ça fait tjs frissonner non ?

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  9. la pochette de faces B m'évoque tjrs l'album (le seul) solo de l'ex leader de Talk Talk

    on a du faire l'armée au même moment ou presque (91-08) c'est marrant de parler de ça maintenant que ça n'a plus aucun sens alors qu'à l'époque nos 20 25 ans tournaient autour de ça, où le faire, comment ne pas le faire etc etc ...

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  10. @RawPowerMagazine : merci beaucoup :-) ... "Beatles & The Stones" sûr, mais aussi "Shake and Crawl", "Blind", "Destroy The Heart" et toutes les bonnes autres ;-)

    @drgbs : oui, cette histoire de service - ressortie parce que c'est un souvenir fort liée à la chanson - complètement dépassée de nos jours, qu'est-ce que ça a pu préoccuper nos vingt ans... J'avoue ne pas avoir fait un service trop pénible, pas si mauvais souvenir, mais quand tu es en plein dedans, c'est pas la même impression ! (bon le dossier vieux combattant est refermé...)

    Pour le Mark Hollis, t’es pas le seul à m’en reparler ces temps-ci, bizarre non ? du coup je suis allé ressortir, il y a longtemps que je ne l’ai pas écouté… pour quand j’aurai le temps ;-)

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