jeudi 9 septembre 2010

Memory Of The 80's (6). JOHN LENNON & MARTIN GORE

Mon habituel retour en arrière de la semaine ne nous fera rien redécouvrir d'oublié ce coup-ci tant il a pour objet une icône absolue de la pop, et une autre plus récente cachée derrière. Il nous ramène au funeste évènement qui a ouvert le tout début de la décennie 1980 et anticipe en même temps, avec trois mois d'avance, sur celui qui viendra en fin d'année.

Je vous explique tout de suite : le 8 décembre prochain sera le jour commémoratif de la mort tragique de John Lennon voilà 30 ans.

Je suis loin d'être un adepte des hommages officiels, mais l'occasion est bonne de saluer, avec un peu d'avance, la figure d'une légende essentielle de l'histoire de la musique, et de l'histoire tout court.

Cachée au creux de l'album "Imagine" de 1971, derrière "Jealous Guy" et l'écrasante chanson-titre, "Oh My Love" est une chanson très intime du répertoire de John, témoignant de son épanouissement intense durant cette période faste du couple John-Yoko.
Malgré le dépit des fans en deuil des Beatles, une déclaration d'une franchise et d'une limpidité finalement assez touchantes :

Une fois n'est pas coutume, en voici même la traduction française :

Oh mon amour pour la première fois de ma vie, mes yeux sont grand ouverts /Oh mon amante pour la première fois de ma vie, mes yeux peuvent voir

Je vois le vent, Oh je vois les arbres, Tout est clair dans mon coeur /Je vois les nuages, Oh je vois le ciel, Tout est clair dans notre monde

Oh mon amour pour la première fois de ma vie, Mon esprit est grand ouvert /Oh mon amante pour la première fois de ma vie, Mon esprit peut ressentir

Je ressens la peine, Oh je ressens les rêves, Tout est clair dans mon coeur /Je ressens la vie, Oh je ressens l'amour, Tout est clair dans notre monde.

Dépouillé musicalement et désarmant de simplicité, le morceau est plus essentiel qu'il n'en a l'air, comme la majorité des oeuvres de Lennon d'ailleurs. Mais j'ai bien conscience de ne rien vous apprendre de nouveau à ce sujet.

Avouons que j'ai vraiment redécouvert ce bijou lennonien à la faveur de la reprise respectueuse et personnelle à la fois qu'en a signé Martin L. Gore sur son "Counterfeit 2" en 2003.

Pilier artistique essentiel de Depeche Mode, je tiens le p'tit Martin pour un des meilleurs song writers contemporains et parmi un des mélodistes les plus importants et les plus doués de ces trente dernières années. En tout cas, l'âme créatrice centrale et tourmentée de Depeche Mode.

"DM" ou le plus digne des dinosaures eighties encore en activité, (bientôt 30 ans d'existence, 12 albums studio). Une des plus emblématiques et populaires formations new wave et un groupe dont l'électro pop existentielle et les compositions brillantes de Gore portées par la voix sombre de Dave Gahan m'accompagnent bon an mal an, depuis toujours.


Même si la connexion Beatles/Depeche Mode ne s'impose pas à première vue, sa version synthétique, planante et émue de la chanson - qu'on pourrait prendre pour une composition Depeche Modienne - me séduit peut-être encore plus que l'original, et pourtant c'est un fan des Fab Four qui vous parle :

Ses deux albums de reprises, les "Counterfeit" 1 et 2, sont deux espaces discographiques où, entre deux livraisons pour DM, le taciturne Martin L. (L pour Lee) rend hommage avec discrétion aux idoles rock qui l'ont inspiré.

Ainsi sur le "Counterfeit ep" de 1989 : les très cultes Sparks, Durutti Column, Tuxedomoon, ou les plus obscurs Joe Crow et Comsat Angels.

Et sur son grand frère de 2003 : Iggy Pop, Nick Cave, Lou Reed, Led Zeppelin, Brian Eno et donc John Lennon, le tout dans le climat électro-synthétique anxiogène et apaisé à la fois qui fait sa marque de fabrique très reconnaissable.

Et pour les fans - ou les sceptiques qui douteraient encore du talent de Gore - on se quitte avec une chanson rare du répertoire de Depeche Mode, l'émouvante "Death's Door." Un titre à l'origine écrite en 1991 pour la B.O. de "Until The End of The World", le film de Wim Wenders, et capté lors de la tournée mouvementée du groupe en 1993.

Sombre et réconfortante à la fois, c'est presque la quintessence de l'art de Martin L. Gore, mêler l'ombre et la lumière, le tragique et l'espoir dans la même foulée :


Paroles magnifiques qui justifient également la traduction française :

Ainsi je frappe à la porte de la mort, Vais-je enfin me reposer, parmi les gens bénis ? /Mère attends-tu ? Père flânes-tu ? Je reviens à la maison

Je frappe à la porte de la mort, Vais-je enfin me reposer, dans mes habits du dimanche ? /Mère es-tu inquiète ? Père es-tu présomptueux ? Je reviens à la maison

Je suis parti trop longtemps, mais si longtemps cela me renforce /Je suis parti trop longtemps, je sais que j'ai eu tort, Alors je reviens à la maison

Ainsi je frappe à la porte de la mort, Vais-je enfin me reposer ? Ai-je réussi le test ? /Mère pries-tu ? Père je le répète, Je reviens à la maison.


Textes et thème finalement assez appropriés dans le cadre d'un hommage à John Lennon et le contexte de sa disparition brutale...

John Lennon 1940-1980

Les deux versions de "Oh My Love" et "Death's Door" de DM en écoute sur la Mini Playlist 80's


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