vendredi 16 décembre 2011

REPLAY 2011 (9). IDAHO

Voilà un disque hors des modes qui nous ramène au moins quinze ans en arrière. Ce qui pourtant ne l'empêche pas d'être à mes yeux (oreilles) hautement recommandable : souvenirs émus pour ceux qui vibrèrent à l'écoute des Red House Painters, Swell, Lambchop ou American Music Club.

L'époque fructueuse - même si toujours trop confidentielle - des vaillants hérauts du rock slowcore, discrets représentants d'une Americana introspective et sensible dont Idaho fut un des artisans.

À notre époque touchée par l'amnésie, pas étonnant que ce nom évoque peu de choses, sa musique trop peu spectaculaire n'ayant d'ailleurs jamais touché le plus grand nombre. Pas grave, tellement ce nouvel album, inespéré depuis six ans, du solitaire Jeff Martin perpétue avec une belle harmonie et tranquillité l'art en demi-teintes d'un courant finalement vivace qui n'a pas dit son dernier mot, le dernier album de Low en est le meilleur exemple.

Intimistes et désolées, les courtes pièces d'Idaho ne respirent pourtant nullement l'abattement, juste une beauté chiffonnée et souveraine :



Disque changeant sous ses airs paisibles et accueillants (piano apaisé, voix feutrée, choeurs enrobants) You Were A Dick privilégie les formats courts, alterne ballades intimes (superbe Flames), rocks feulés plus électriques (The Space Between) et courts instrumentaux.
Une sorte de bréviaire, peut-être imparfait mais attachant, qui donne corps et âme, voire énergie à la mélancolie rêveuse et positive du "beautiful loser" Jeff Martin.
Autant épanchement de son humeur que source de joie, le tout d'une élégance vraiment intemporelle :



Peut-être trop intemporel dans une période avide de nouveauté, fut-elle éphémère et périssable. Mais alors que les hypes qui s'affichent partout risquent vite de disparaître de notre mémoire, m'est avis qu'on réécoutera encore dans quelques années avec affection et plaisir cet opus épanoui et finalement insaisissable.

Après tout, que son nom circule partout ou soit ignoré des tops de fin d'année, quelle importance ? Une fois que vous aurez poussé la porte de son abri biscornu, l'album d'Idaho vous sera devenu une adresse que vous serez content de fréquenter.

Tracklist :
1. You Were A Dick
2. Weigh It Down
3. Reminder
4. Impaler
5. Structure
6. The Serpent And The Shadow
7. The Happiest Girl
8. The Space Between
9. Someone To Relate To
10. Up the Hill
11. A Million Reasons
12. The Setting Sun
13. Flames
14. What Was That?
15. Waited For You

Idaho. "You Were A Dick" (Talitres) sorti le 27 juin 2011
♥♥♥♥
en écoute sur spotify & deezer
3 titres sur la Playlist Replay 2011à lire sur little reviews, pop revue express et article sur magic
idaho.com
bandcamp

3 commentaires:

  1. Tu nous gâtes Blake avec tes replay. Idaho c'est un écrin de velours qui renferme des compositions précieuses. J'aime énormément cet artiste et cette période riche qui échappe aux artistes actuels.
    Je vais te rejoindre sur certains disques dont tu parles en cette fin d'année.

    RépondreSupprimer
  2. Idaho, "souvenirs émus pour ceux qui vibrèrent à l'écoute..rock slowcore.." comme tu le dis si bien. C'est marrant, à la sorti de ce superbe disque, je me suis remis à écouté Red House Painters ("II (The Bridge)" et "Ocean Beach"), Labradford (leur sommet "Mi Media Naranja"), Swell et de Idaho, les albums The Forbidden EP" et " Alas".
    Tu as raison, le genre est toujours vivace avec Idaho justement et le superbe "C'mon" de Low (énorme en concert, vu y'a pas longtemps).
    Et toujours Slowcore mais plus intimiste encore "Bedroom Pop", il y a ce groupe découvert sur internet, Nowhere Nothing et son EP éponyme !!

    A + et bravo pour ces Replay 2011 !!!

    RépondreSupprimer
  3. @muffin man: merci à toi :)
    Jolie ton expression "écrin de velours" qui correspond bien à la délicatesse de la musique d'Idaho. J'attends tes billets de fin d'année alors :)

    @francky : tu as vu Low en concert, quel chanceux! C'est vrai, même si on les délaisse parfois, on revient, selon les jours, aux disques de ces artistes inspirés.
    Et je vais noter les Nowhere Nothing, merci !

    RépondreSupprimer