mardi 3 mai 2011

FOLK POP. Le printemps Fleet Foxes

Pour ceux qui ne l'auraient pas remarqué, cette semaine voit la sortie du deuxième album très attendu d'un groupe très en vue, les Fleet Foxes.
Et, au risque d'être insistant, puisque j'ai déjà pas mal parlé ici-même de ce disque qui me berce depuis déjà moult semaines, permettez-moi de recommencer en remettant abusivement le couvert.

Je ne pense pas que "Helplessness Blues" soit le disque le plus novateur de l'année. Aucune idée si c'est ou pas le meilleur album du moment. Mais nul doute que cette nouvelle livraison des jeunes folkeux barbus de Seattle menés par Robin Pecknold soit à l'origine de ma plus belle émotion musicale de cette saison.
Tout simplement mon must-à-moi-du-moment.

Aucune argumentation intellectuelle n'entre en compte, seul ici joue l'affectif et la sensibilité.
À l'écoute des pièces de cet album lumineux, évocateur de grands espaces autant réels qu'intérieurs, une étrange exaltation autant physique que mentale passe à travers les enceintes et transforme la rituelle écoute d'un disque en expérience où se mêle joie, plaisir et émotion devant la beauté, lâchons le mot.

Et restons objectif ? Si leur premier disque éponyme de 2008 avait suscité la curiosité et mérité son succès (un des plus grands succès des labels Sub Pop et Bella Union), la folk musique vocale et pastorale de ces jeunes gens m'avait séduit et intéressé, mais sans plus...







Alors, qu'à l'inverse de médias plus circonspects devant ce nouvel essai maintes fois retardé et longtemps attendu, "Helplessness Blues" est pour moi une vraie splendeur, à l'image du morceau-titre, déboulant avec son énergie, son exaltation, ses choeurs en apesanteur et son refrain lyrique :



La belle porte d'entrée d'une musique héritière des grands artistes folk U.S. (évidemment Crosby Stills Nash & Young) mais aussi anglais (Donovan, John Martyn, le vétéran Van Morrison) où l'auteur Robin Pecknold a fait mûrir son song writing en y rajoutant son vécu et ses expériences.








Développant de somptueuses compositions qui se déploient en liberté, mêlant réflexions sur la vie (superbe Grown Ocean), la vieillesse (Montezuma), références bibliques (The Shrine) et exploration des relations intimes (Someone You'd Admire, court sommet d'émotion), le jeune chanteur au timbre nasal et élégiaque est à l'origine de beaux moments d'anthologie et de chair de poule :


"Helplessness Blues" : un disque épique, produit minutieusement par Phil Ek, à l'instumentation plus étoffée, à la profusion d'instruments (cordes, flûtes, percussions, comme dans l'orientalisant Bedouin Dress) et d'arrangements plus électriques. Mais toujours chantournés, ouvragés comme des chants de ménestrels médiévaux, à l’image de l'esthétique de sa superbe pochette.

Tout le monde, évidemment, ne partage pas ce sentiment (si, si, j'en entends certains) ... On me rétorquera que les Foxes sont juste des boy-scouts chantant en choeur, vêtus de laines et barbus comme des bûcherons, des néo-hippies et caricatures de folkeux qui n'inventeraient rien.

Je leur répondrai : et quand bien même ? L'écoute de ce disque intemporel et radieux, émaillé d'embardées "free-jazz" plus accidentées - les huit minutes de The Shrine/An Argument - où se balade la figure poétique d'un marcheur aux yeux grand ouverts, "The "Eyed Wide Walker", amène à se régaler d'un simple plaisir. Celui du partage d'une douce félicité, d'une chaleur, à l'image de leur sincérité et leur joie presque enfantines.

Ces gens-là ne semblent pas cyniques, invitant à une jolie fraternité humaine, comme des artisans-compagnons itinérants modernes, dégageant (osons encore le mot), un petit supplément d'âme et une sorte de modeste spiritualité.

Fleet Foxes - "Someone You'd Admire" :


Très loin de l'habituel cirque rock et bien naïf de croire à tout cela ? C'est peut-être aussi, en-dehors de toute considération musicale, que je remercie en secret les Fleet Foxes. Pour m'avoir touché par surprise et pour croire encore, juste durant l'écoute d'un disque, à l'existence modeste de valeurs humaines de moins en moins courues de nos jours.

Certains artistes rêveurs nous sont parfois indispensables, et je ne vous parle plus si vous passez à côté de ce disque-là !

La magnifique vidéo de "Grown Ocean" :


Tracklist :
1. Montezuma
2. Bedouin Dress
3. Sim Sala Bim
4. Battery Kinzie
5. The Plains/Bitter Dancer
6. Helplessness Blues
7. The Cascades
8. Lorelai
9. Someone You'd Admire
10. The Shrine/An Argument
11. Blue Spotted Tail
12. Grown Ocean

Fleet Foxes. "Helplessness Blues" (Bella Union) Coup de coeur ♥♥♥♥ SORTI LE 2 MAI

en écoute sur Deezer et Spotify et 5 titres sur la Playlist Pop

concert complet au Bataclan à Paris le 30 Mai, en première partie : Josh T. Pearson

article sur Magic et plein d'autres avis sur Les chroniques de Charlu, Muziksetcultures, Dance to the Tuner, Funk You Dear, Des Oreilles dans Babylone

Fleet Foxes

J'attends vos avis - même différents - sur le nouvel album de nos renards américains.

6 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord ! "Helplessness Blues" n'a rien de novateur (ils ne sont pas les seuls à maîtriser aussi aisément les harmonies de voix, je pense aux très bons Local Natives, par exemple) et n'a rien du meilleur disque de l'année. Mais ce disque témoigne d'une sincérité qui, il faut l'avouer, prend aux tripes. Et plus je l'écoute, plus je m'en rend compte.
    En tout cas chouette blog et chouettes chroniques, au passage !

    RépondreSupprimer
  2. Je sais et je vois que je ne suis pas le seul à adhérer à la musique de Pecknold & Co, ça fait plaisir !
    Et toujours chouette d'avoir de nouveaux lecteurs et surtout une bonne appréciation, merci d'être venu :-)

    RépondreSupprimer
  3. Et bien moi je pense que c'est le meilleur album de l'année, et être novateur n'est n'est pas indispensable pour faire un chef d'oeuvre.

    Et merci Blake pour ton commentaire sur funk you dear!

    RépondreSupprimer
  4. Hello Blake. Quelle magnifique ode au Fleet Foxes. Quelle superbe éloge à cette musique épique, intemporelle voir atemporelle et spirituelle ! Mais contrairement à toi, leur premier LP m'avait totalement scotché (Ma révélation et mon n°1 top disques 2008) !!!

    Merci pour le lien vers mon article.

    A + +

    RépondreSupprimer
  5. @tristan : oui, voilà bien l'exemple que le classicisme n'empêche pas l'inspiration voir ici l'émotion. Merci pour ton commentaire :-)

    @francky : hello et merci de ton enthousiasme, qui me rassure, vu que j'avais peur de me répéter après mon précédent billet sur eux. Mais je ne pouvais pas passer sous silence la sortie officielle de ce splendide "Helplessness Blues" que les autres disques vont avoir du mal à détrôner de la place d'honneur de mon panthéon du moment.
    Merci d'être passé ! ;-)

    RépondreSupprimer
  6. Je suis d'accord avec Tristan: être novateur n'est pas indispensable pour faire un chef d'oeuvre, et personnellement, je sens que je vais aimer cet album, puisqu'il s'inscrit dans la continuité du premier si je vous comprends tous bien :)
    Allez, je m'y mets enfin, et je te dis si je partage ton avis !

    RépondreSupprimer