jeudi 2 février 2012

L'étrange weekend de PORCELAIN RAFT



Un peu tôt pour entamer le weekend, mais difficile de résister à la perspective quand elle prend les atours séduisants de la musique de Porcelain Raft. Qu'est-ce donc que Porcelain Raft ? Le projet derrière lequel se cache le "one man band" Mauro Remiddi. Encore un italien - décidément ! - mais cette fois en solo et qui a élaboré aux États-Unis cet album typique de la tendance dominante.

À savoir : un individu isolé, des complaintes intimes et de l'électro pop vaguement chillwave se parfumant au revival shoegaze.
"Pouce! Assez!" est-on tenté de crier tant le marché devient saturé de cette tendance omniprésente (Twin Shadow, Blood Orange, Neon Indian and co).

Sauf que, c'est visible dans ces pages, elle continue à m'attirer. Et même si la formule en a déjà lassé certains, il est difficile de balayer d'un revers de main ce disque qui ne semble pas payer de mine à la première écoute, mais impose son évidence.
Tout simplement car l'italien, déjà auteur du mémorable Dragonfly, sait écrire d'excellentes chansons et développer une belle atmosphère :



Atmosphère qui n'a rien de neuf c'est vrai, tant sa musique semble brasser les figures imposées du genre (dream rock brumeux, drums machines, réverbération) qui, de Lush à Slowdive, ont posé les bases du shoegazing. Mais l'ensemble au son parfait, presque trop maîtrisé, s'avère d'une fluidité évidente. D'une qualité d'écriture et vraie inspiration mélodique (les irrésistibles deux morceaux d'entrée) pour que ce "radeau de porcelaine" dépasse l'exercice de recyclage.

Deux, trois références démontrent le niveau d'exigence atteint par ce globe-trotter de chambre : les échos de guitare réverbérées striant tout l'album évoquent le lyrisme mal léché des grands Jesus And Mary Chain et son électro intimiste voisine avec la désolation solitaire d'Atlas Sound ou les complaintes récentes d'un Youth Lagoon :



On pourrait jouer longtemps à un stérile jeu des ressemblances (Electronic, Suede, The Big Punk). Mais on préférera se réjouir des vrais progrès vocaux de Remmidi, hier un peu trop proche du maniérisme d'un Brian Molko. Et on succombera au charme d'un album dont le but n'est pas le moins du monde révolutionnaire. Juste de proposer, entre intimisme et fougue tranquille, passé et présent, sa petite musique séduisante et sa marque élégante.
Modeste mais très réussi programme de fin de semaine.

Porcelain Raft. Strange Weekend (Secretly Canadian) paru le 24 janvier
♥♥♥♥

Bonus, la vidéo de Dragonfly (Gone Blind EP, 2010) :

4 commentaires:

  1. Très belle chronique pour un album très plaisant, une très sympathique découverte.

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  2. Hello Félix, ravi que tu apprécies ce disque assez gracieux en effet.

    Et désolé que le cinéma soit un peu absent ici ces temps-ci, ça reviendra bien en son temps ;)

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  3. Hello. Dis donc Blake, il semblerait que ton petit passage de "doutes" t'ait été profitable. Tu es en pleine frénésie d'écriture, quelle production !! J'ai du mal à suivre. En tout cas je suis très heureux de te voir (lire) ainsi.

    Beau disque que tu me permet de découvrir que ce "Strange Weekend" !!
    Moi aussi, malgré la hype passagère, malgré le défouloir critique de ses ex-adeptes, j'aime encore la chillwave, surtout quand elle est réussie et pleine d'inspiration sincère. Et c'est le cas avec Porcelain Raft, comme l'an passé Washed Out, Toro Y Moi ou Baths en 2010 (en est-ce encore ??). En tout cas, bonne pioche.

    Niveau nouveauté 2012, moi j'écoute beaucoup "MU.ZZ.LE" de Gonjasufi, "Hovering Resonance EP" d'Expo '70, "Angels of Darkness, Demons Of Light 2" de Earth et "The Something Rain" des Tindersticks (cette nouvelle livraison devrait réjouir l'amateur d'indie pop orchestrale que tu es).

    A + +

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  4. Salut Francky : Oui, comme tu peux voir, le blog a fait peau neuve et rebondi à la faveur d'une actualité musicale digne de ce nom, espérons que ça continue.
    Tant mieux si cette bafouille t'a fait découvrir Porcelain Raft. J'y entends plus des échos shoegaze 80-90 que de chillwave je reconnais, mais comme déjà dit, cette appellation est tellement floue qu'on peut aussi lui attribuer. Pas grave, tellement l'album gagne en addiction au fur et à mesure des écoutes.

    Je ne connais pas Expo 70 ni Earth, pas encore entendu le nouveau Gonjasufi n'étant pas accro du premier, mais ai bien écouté celui des Tindersticks qui sont instamment prévus, bien vu :)

    Ah, dur maintenant de surprendre ses lecteurs réguliers ! (Merci d'être là)
    À très vite :)

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