dimanche 19 février 2012

SOAP & SKIN, épisode 2

Il en va parfois des disques comme des films au cinéma : certaines suites s'avèrent étrangement plus attirantes, plus convaincantes que leur chapitre inaugural.

Ainsi, Lovetune For Vacuum, premier opus d'une noirceur sépulcrale de la jeune autrichienne Soap & Skin avait indubitablement marqué les esprits en 2009 genre "plus-morbide-tu-meurs". Mais l'allure de vamp(ire) gothique d'Anja Plaschg d'une radicalité accentuée par une théâtralité vocale très adolescente (Thanatos, Marche Funebre) avait de quoi, au choix : rebuter l'auditeur, ou bien la figer auprès des récentes Zola Jesus ou Bat For Lashes dans une posture susceptible de n'attirer que la clientèle des corbeaux gothiques

Trois ans plus tard, alors qu'on ne l'attendait pas vraiment, l'ado torturée est devenue une jeune femme dépouillée d'artifices et nous revient, après la perte de son père, avec un mini album EP 8 titres. Sans rien renier de sa fibre dramatique - on ne rigole pas chez les autrichiens - le spleen de Soap & Skin retient plus l'attention, plus incarné, plus vibrant.

Narrow est un tombeau musical, un disque d'exorcisme personnel où la voix profonde à l'accent guttural de la chanteuse proche de celui de la mythique Nico, dépasse l'exercice imposé et semble souvent traduire sa douleur (intense Vater, dédié à son père), voire guérir ses tourments (Cradlesong) :
 


Étrange charme hybride dégagé par cet opus à la croisée des chemins qui semble un instantané de son inspiration, composite et inégale : si ses tentatives électro-rock glacées genre sous-Fever Ray semblent une voix sans issue (Deathmental), souvent ses ballades au piano, intimistes et suspendues, respirent d'un rayonnement sensuel inattendu et touchant, ainsi sur la bien-nommée Wonder et ses choeurs apaisants, perle du disque qui donne le frisson :



C'est bien simple : même sa reprise incongrue du Voyage Voyage de Desireless - pas forcément une bonne idée sur le papier - ici enrobée de cordes désolées et recueillies s'insère finalement de manière réussie et naturelle dans ce journal intime musical. Une photographie hétéroclite mais fidèle d'une jeune artiste propice à sortir de ses propres schémas et bien capable de nous réserver des surprises à l'avenir. Du moins, on le lui souhaite.

Soap & Skin. Narrow (PIAS) paru le 13 février
♥♥♥♥
écouter sur spotify et deezer  

2 commentaires:

  1. Comme tu as pu le lire (merci pour le lien, d'ailleurs), je te rejoins complétement sur cet EP copieux qui ne fait qu'une chose: attiser l'envie de connaitre la suite. J'irai la voir bientôt sur scène, et je dois dire que je suis impatient, même si rien ne surpassera la première rencontre, seule au piano dans une petite salle...

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  2. Salut marc, merci de ta venue ici d'abord et bravo pour ton boulot abattu sur esprits critiques ! :)
    Moi qui n'étais pas fort client du précédent Soap&Skin confesse un vrai intérêt pour l'évolution de la petite autrichienne que je sens capable de belles subtilités. Je t'envie d'ailleurs de la voir sur scène bientôt, tiens...

    À très bientôt :)

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