lundi 20 février 2012

Ces vieux amis des TINDERSTICKS

Voilà une semaine qui débute sous le signe du changement dans la continuité : ce lundi voit la sortie du neuvième et nouvel album de vieux amis. Et les vieux amis, c'est bien connu, on peut passer des mois, voire de longues années sans les revoir. Pas qu'on ne les aime plus, mais n'est-ce pas... les nouvelles têtes, les changements, nous en écartent.

Pareil pour le spleen éternel et atmosphérique des Tindersticks, mais n'est-ce pas... l'envie d'autre chose, l'attrait du neuf, nous ont parfois fait perdre de vue un groupe placé depuis quasiment 20 ans sous le signe du classicisme et traçant obstinément toujours le même sillon, langoureux comme la voix de crooner baryton de Stuart Staples.

Perdus de vue mais retrouvés avec le récent Falling Down A Moutain de 2010, le gang préféré de Claire Denis revient pour un énième tour de danse qui a tout d'un (feutré) feu d'artifice, le (discret) couronnement d'une rare intransigeance artistique à saluer :



The Something Rain, c'est, à l'image du titre d'ouverture Chocolate, récit en spoken word cinématographique en diable, du Tinderticks pur jus. Un voyage mid-tempo racé au balancement chaloupé, écrin sonore scintillant aux accents easy listening sophistiqués, de nos vagues à l'âme les plus intimes métamorphosés en somptueuse B.O. au décor nocturne.

Sonnant moins western ou expérimental, orné d'un redoutable groove soul, d'une ambiance aquarium bleu nuit au son parfait, un concentré de l'art Tindersticksien, délicat équilibre entre raffinement d'esthète et neurasthénie mélancolique au vrai pouvoir d'envoûtement. Pas loin d'une transe fiévreuse comme le morceau de bravoure de l'album, le redoutable Frozen



L'éternelle formule des anglais qui n'a jamais été aussi proche d'un mix rêvé entre la classe de Lee Hazlewood, la tension du groupe Morphine ou la suavité des B.O. de John Barry.

Et m'est avis qu'il est conseillé d'apprécier à sa valeur ce cru 2012. Car selon des échos insistants - que j'espère d'ailleurs voir contredits, si jamais vous en savez plus - l'aventure collective Tindersticks risque fort de se clore avec cet épisode, l'aboutissement éclatant d'un parcours discret mais intense.  

Stuart Staples et ses compères vogueraient donc vers d'autres aventures en nous offrant cette dernière récolte en forme de cadeau d'adieu. De quoi se réjouir vu sa qualité : ronde, charnue,  forte en bouche. Tout en regrettant déjà que, si la méchante rumeur se confirme, on n'ait recroisé ces vieux amis que pour ne plus les revoir ensuite. Alors, vite, ne pas passer à côté et à savourer, ici, maintenant.
 
Tindersticks. The Something Rain (City Slang) paru le 20 février
♥♥♥♥
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tindersticks

5 commentaires:

  1. Ce sont bien des vieux camarades!
    On les aime...
    C'est tout!

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  2. Encore une fois très d'accord avec toi. On n'a jamais vraiment perdu de vue ce groupe qui sort bravement son album tous les deux ans depuis 1993 (en comptant les escapades solo de Stuart), mais on est content de le revoir aussi en forme. Pour moi, le meilleur depuis Can Our Love (les premiers sont hors concours).

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  3. Un très grand cru que ce Tindersticks 2012 ! Franchement, un des meilleurs albums de ce début d'année.
    Quel plaisir ultra jubilatoire que d'entendre cette Pop symphonique et orchestrale, cette voix rauque, chaude et suave de crooner indie.
    Moins expérimental que "Falling Down A Moutain", plus "classic Tindersticks style", un disque pour tutoyer les étoiles.......et s'approcher de leur Zénith "Curtains" !!!!

    A + amigos.........

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  4. @mmarsup : comme j'avais déjà dit pour Miossec, je crois, on ne peut renier les vieux copains, surtout quand ils sont si en forme comme ici. À te lire à nouveau :)

    @marc : on serait donc en phase cette semaine sur ces deux disques. Cela va-t-il durer ? Espérons! ;)

    @dr frankNfurter : ravi de te donner des renseignements qui te sont utiles, cher docteur ! :-D

    @francky : j'avais bien lu que tu étais charmé par cet opus et tu avais bien raison.
    "Classic Tinderticks style" peut-être, mais d'une classe folle, voyage ciselé et envoûtant. Seule ombre au tableau, cela risque d'être leur dernier acte, leur chant du cygne. En attendant, profitons tous de cette bien belle pluie ;)

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