dimanche 28 août 2011

LE CINÉ DE L'ÉTÉ (5). Les Bien-Aimés

Le cinéma, ça continue, retour en France avec "Les Bien-Aimés" sorti ce 24 août :

Or donc, voilà que Christophe Honoré a sorti son dernier film… Or donc, voilà que les gazettes spécialisées chantent encore les vertus de ce nouvel opus et l’aspect mirifique du cinéma du chouchou de la critique ciné parisienne... Or donc, me voilà une fois de plus étonné par ce concert de louanges à mes yeux surestimé.
Rien de plus vain, me dira-t-on alors, de juger le film d’un cinéaste auquel on n’est pas sensible.

Pourtant, sur le papier le cinéma d’Honoré, héritier de la nouvelle vague, romantique et sentimental, aurait tout pour me charmer. Mais intention n’est pas acte et me voilà avec "Les Bien-Aimés" une fois de plus sur le bord de la route, en décalage évident avec l’avis général.

On aurait pu croire, avec son début pop pimpant où une Ludivine Sagnier sixties - qu’on retrouvera plus tard femme mûre sous les traits de Catherine Deneuve - chaparde des chaussures à talons hauts et succombe ensuite à un séducteur tchèque, qu’Honoré avait modifié certains éléments de son cinéma dans ce qui se veut une "fresque en-chantée".

L’irruption de la chronologie et de la marche du monde ainsi qu’une certaine fantaisie dans un cinéma auparavant replié sur l’intériorité de ses personnages égotistes assez agaçants (Dans Paris, La Belle Personne).

Début trompeur, car reprenant le schéma de ses "Chansons d’Amour" on comprend au bout d’un quart d’heure que rien n’a changé : Honoré va continuer à convier sa troupe d’acteurs habituels dirigée de loin (l’éternel Louis Garrel, Ludivine Sagnier surjouant).
À mélanger frivolité glamour et sérieux mélancolique censé dépeindre le tragique de l’existence.
À aligner scolairement références post-post nouvelle vague (Demy pour le spleen en chansons, Téchiné ou Ozon pour le tourment amoureux et sexuel, Ducastel & Martineau pour le mélange des deux) et recycler sans apport des formules déjà connues.












À développer personnellement très peu d’idées de cinéma en misant tout sur l’aspect immédiat censément "charmant" ou "profond" de scènes se voulant les plus libres possible. Pourtant, au bout de la énième chanson mollement triste, gentiment laborieuse de l’inamovible Alex Beaupain filmée de nuit et approximativement chantée, on se dit qu’Honoré a peu d’idées mais les exploite souvent.

Et que dire de sa volonté de faire sens avec l’évocation du 11 Septembre, tentative d’injecter du poids à son récit familial improbable, sinon qu’elle semble forcée ?
Ainsi que la folie douce festive éparpillée dans le film - les rapports directs du couple Catherine Deneuve-Michel Delpech ou le côté farfelu de Milos Forman - bonne intention mais loin d’être convaincante, ou les tourments se voulant déchirants des amourettes impossibles de Chiara Mastroianni ?

Sentiment d’un film qui ne construit pas grand chose, vite tourné, se contentant d’une ébauche esquissée là où il aurait fallu un eau-forte contrastée, si rarement émouvant et dont la désinvolture affichée peut vite devenir lassante.

En fait la seule et UNIQUE raison qui justifie de passer plus de deux longues heures devant ces "Bien-Aimés", qui dans mon cas portent mal leur titre, c’est pour la présence étonnante d’une Chiara Mastroianni comme jamais vue auparavant à l’écran, et qui justifierait à elle seule le film.

Rayonnante, vive, ironique, joyeusement mélancolique, drôlement triste, voilà enfin un regard pertinent qui capte le talent d’une actrice épanouie toujours juste, là où le reste de la distribution s’avère sans grand relief, maman Deneuve comprise, un peu absente.

À se demander même si l’on ne devrait pas ré-orthographier le titre de ce film - qui aura encore du mal à me réconcilier avec le cinéma de son auteur et plus encore avec l’avis quasi-unanime de la critique ciné - de "Bien-Aimés" en … "Bien-Aimée".

"Les Bien-Aimés" (France, 2011).
Réalisation et scénario : Christophe Honoré. Directeur de la photo : Rémy Chevrin. Compositeur : Alex Beaupain. Production : Why Not Productions. Distributeur : Le Pacte. Durée : 139 mn
Sorti le 24 août

Avec : Chiara Mastroianni (Véra) ; Ludivine Sagnier (Madeleine jeune); Louis Garrel (Clément) ; Catherine Deneuve (Madeleine âgée) ; Milos Forman (Jaromil âgé) ; Michel Delpelch (François) ; Paul Schneider (Henderson).





à suivre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire