dimanche 1 mai 2011

COOL WEEK-END (bis). Jay-Jay Johanson, retour du crooner nordique

À peine un jour d'avance sur la sortie d'une petite nouveauté qui risque à tort de passer inaperçue parmi les galettes à venir de ce début mai, entre autres le second opus de certains renards barbus venus de Seattle...

À savoir le retour parmi nous d'une vieille connaissance, le crooner suédois Jay-Jay Johanson, star de l'indie-pop des années 90 et 2000 avec son huitième album "Spellbound" sous le bras, et désormais barbu aux cheveux longs.



Si les débuts de notre crooner nouveau genre furent irréprochables (ses deux premiers Whiskey, 1996 et Tattoo, 1998 se réécoutent volontiers avec plaisir, mélange de spleen sur fond de trip-hop malgré des affèteries de production d'époque), ce ne fut pas toujours le cas des albums du dégingandé suédois.








Avouons que son virage électro et dance-floor, à l'aube des années 2000, accompagné d'un calamiteux look de néo Aladdin Sane, genre Bowie-du-pauvre ou créature trans-genre contribua sans doute à changer passagèrement les fondamentaux de son easy listening de luxe, mais n'incita pas à croire au potentiel artistique de l'individu à long terme.

Déserté, voire oublié au profit d'autres plaisirs du moment, on s'était lassé de lui... Mais notre dandy suédois n'a pas passé la dernière décennie à jouer les sous-Antony & The Johnsons.

Discrètement, l'oiseau était reparti parfaire ses mélodies remplies de spleen langoureux, comme en témoignent ses deux derniers opus, le dernier "Self-Portrait" de 2009 s'avérant un fort beau témoignage de la forme retrouvée de l'artiste qui, mine de rien, a bel et bien développé un style.



Est-ce l'effet conjugué de retrouvailles inattendues (comme avec Neil Hannon de Divine Comedy) et du printemps actuel florissant, mais la musique quasi inchangée depuis 15 ans du bonhomme affiche une belle santé et une inspiration mélodique intacte.

"Spellbound
" est un excellent cru très épuré, d'un classicisme et d'une intemporalité déjà notables où s'exerce encore la séduction musicale de sa voix délicate, souvent maniérée, posée sur ses rythmes (trip) pop qui savent tout ce qu'ils doivent au jazz, à la bossa et à la pop la plus sophistiquée.

L'ami Jay-Jay y fréquente encore plus franchement le fantôme du touchant Chet Baker (omniprésent sur un An Eternity hanté par sa trompette ou un Blind somptueux tapissé de cordes irréelles) tout en frayant avec une easy listening sentimentale digne du Francis Lai époque seventies.


Album épanoui et doux, volontiers fleur bleue, moins doloriste qu'avant mais simplement nostalgique, ce "Spellbound" ensorcelant affiche même une des plus jolies reprises du grand standard "Suicide Is Painless" écrit par le fils de Robert Altman pour le film M.A.S.H., immortelle ballade triste que le suédois aurait sans doute voulu écrire lui-même.



Même si j'ai un faible pour la ballade "On The Other Side", au faux air de vieux standard seventies avec son piano solitaire et sa mélodie désuète, touchante ballade sur la séparation finale.



Bref, je ne saurais trop vous conseiller de débuter ce joli mois avec cet opus délectable du grand flandrin suédois, dont on dira qu'il a, l'air de rien, le don de rendre délicieuse la mélancolie, voire de trouver la lumière dans les complaintes les plus apparemment désolées ou abattues.
Seulement apparemment, on dit bien.

Tracklist :
1. Driftwood
2. Dilemma
3. Shadows
4. On The Other Side
5. Suicide Is Painless
6. Monologue
7. Blind
8. The Chain
9. An Eternity
10. Spellbound
11. Out Of Focus

Jay-Jay Johanson. "Spellbound" (Universal Music AB) ♥♥♥♥

SORTIE LUNDI 2 MAI
en écoute sur deezer (+ 1 CD LIVE) et 3 titres sur la Playlist Pop
chronique
sur adnsound, hop blog et compte-rendu sur les zindés

Myspace Jay-Jay Johanson

4 commentaires:

  1. Étrangement, j'ai trouvé que ce disque n'était pas d'un abord "facile". Il m'a fallu plusieurs écoutes pour renter vraiment dedans et y retrouver pas mal de ce que j'avais aimé dans les premiers albums. (Le second CD acoustique est pas mal non plus.)

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  2. Tiens, bizarre car moi ce dernier JJJ m'a paru très accessible, pas bien rigolo (il ne l'a jamais été), mais assez évident. Peut-être parce qu'il a simplifié, épuré sa musique de tout élément inutile.
    Ou alors, comme je disais, parce que ce sont mes retrouvailles avec le suédois, l'avantage donc de l'éloignement :)

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  3. je vois que l'on a les mêmes disques du moment ! Après les High Llamas et Cass McCombs, c'est Jay Jay Johanson. Pour ma part, j'ajoute The Wounded Beat (que je ne peux que te conseiller) pour compléter cet echantillon de disques placé sous le signe de la douceur.

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  4. Super, on est donc sur la même longueur d'ondes en ce moment... même si j'ai encore quelques disques du printemps en retard, mais priorité aux derniers parus. Merci du tuyau "The Wounded Beat", c'est de Mombi, c'est ça ?
    Bon, on sera peut-être pas d'accord tout le temps cette semaine au sujet du 2ème LP de certains folkeux barbus américains, à voir ?;-)

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