


Est-il besoin

Si j'en parle si tardivement, c'est qu'au sortir de sa vision, j'ai éprouvé un léger sentiment de déception, je vous l'avoue tout de go. Non qu'il m'ait vraiment déplu, mais "The Social Network" était précédé d'une si bonne réputation et de critiques si élogieuses un peu partout, que je m'attendais à plus.

Dossier diablement parlant sur la froide détermination et le caractère fuyant de Zuckerberg, milliardaire à vingt-trois ans et frustré ambitieux sans scrupule dès le début - il a "emprunté" l'idée du futur facebook à des condisciples de Harvard - et son incapacité à nouer de vraies relations humaines durables en dehors de la manipulation.

Allez vous étonner après du côté monopolistique et tordu de facebook ! Un vrai autiste moderne
, une énigme jusqu'au bout et qui prend à l'écran le visage juvénile impénétrable de l'excellent Jesse Eisenberg (à gauche, à droite le vrai Zuckerberg).

Mais je n'en dirai pas autant du reste du casting, par exemple, dans la peau d'Eduardo Saverin, l'ex-meilleur ami trahi, le jeune Andrew Garfield, excellent dans le film anglais "Boy A", mais ici au jeu un peu outrancier.


Scènes trop nombreuses d'ailleurs, le défaut majeur du film, où l'intérêt du spectateur décroît souvent, surtout lors des explications techniques superflues. Façon de dire poliment qu'on peut parfois s'y ennuyer...
Sans compter la solide réalisation de Fincher, grand styliste on en convient (Seven, Benjamin Button) mais qui semble recourir par moment à ses anciens tics tapageurs, comme une scène bizarrement clipée de course d'aviron.
Malgré tout, "The Social Network",
est un film intelligent et pertinent sur les coulisses troubles d'une ascension fulgurante, révélateur d'une mutation technologique et sociétale que nous vivons en ce moment-même.


Ce serait oublier un peu vite "Fight Club" et surtout "Zodiac", magnifique film atypique, passionnant thriller-dossier qui me semble plus abouti formellement et captivant de bout en bout, lui...
À signaler : l'excellente B.O atmosphérique signée Trent Reznor...

"The Social Network" (U.S.A., 2010). Réalisation : David Fincher. Scénario : Axel Foy et Aaron Sorkin, d'après le livre-enquête de Ben Mezrich. Chef-opérateur : Jeff Cronenweth. Musique : Trent Reznor. Production : Columbia Pictures. Distribution : Sony Pictures Releasing. Durée : 120 mn.
Avec : Jesse Eisenberg (Mark Zuckerberg) ; Andrew Garfield (Eduardo Saverin) ; Justin Timberlake (Sean Parker) ; Brenda Song (Christy Lee) ; Rooney Mara (Erica) ; Max Minghella (Divya Narendra) sorti depuis le 13 octobre


Dans sa cellule, il s'entraînait ; dans la cour, il courait ; en liberté, il court encore ... pour aller braquer des banques de nouveau.
Film étrange et minéral, "Le Braqueur" refuse toute psychologie,
voire tout discours superflu.
Un parti-pris radical, mais fascinant de bout en bout, porté par Andreas Lust, un acteur plus vrai que nature dans la peau de ce voleur marathonien.
Un braqueur qui a réellement existé, Johan Rettenberg, qui affola l'Autriche du début des années 80 avec ses casses à répétition - presque comiques dans le film - muni d'un fusil à pompe et recouvert d'un masque, qui ressemble d'ailleurs à son propre visage émacié.

Un parti-pris radical, mais fascinant de bout en bout, porté par Andreas Lust, un acteur plus vrai que nature dans la peau de ce voleur marathonien.
Un braqueur qui a réellement existé, Johan Rettenberg, qui affola l'Autriche du début des années 80 avec ses casses à répétition - presque comiques dans le film - muni d'un fusil à pompe et recouvert d'un masque, qui ressemble d'ailleurs à son propre visage émacié.

C'est d'ailleurs ce refus de toute explication psychologique, cette part de mystère respecté - pourquoi jamais il ne songe à une possible réinsertion ? - qui fait la singularité du film, et sa mise en scène au cordeau, toute en épure, est d'une force indéniable. De quoi même donner des lecons à un certain Michael Haneke souvent surestimé ...
Le film ne fait pas l'impasse sur la violence croissante du personnage, qui, en bon autiste, semble indifférent au destin qui lui est réservé.
L'issue fatale se profile, et ne donne que plus de poids aux rares scènes intimes que l'homme vit avec sa patiente compagne (Franziska Weisz).

Rares instants volés, mais qui confirment l'isolement naturel qui constitue Johann, et sa profonde inadéquation au monde, tel un héros de Melville, possible influence du cinéaste.


Un film que d'aucuns trouveront peut-être très austère, mais qui par son énergique rigueur, confirme le renouveau du cinéma de l'Est en général, allemand et autrichien.
"Le Braqueur (La dernière course)" (Autriche, 2010). Réalisation : Benjamin Heisenberg. Scénario : Benjamin Heisenberg et Martin Prinz, d'après son livre. Chef-opérateur : Reinhold Vorschneider. Musique : Andreas Schneider. Production : ZDF/Arte. Distribution : ASC Distribution. Durée : 98 mn.
Avec : Andreas Lust (Johann Rettenberger) ; Markus Schleinzer (l'agent de probation) ; Franziska Weisz (Erika) ; Roman Kettner (le concierge) ; Hannelore Klauber-Laursen (la caissière) ; Nina Steiner (la conseillère) sorti le 10 novembre
critique sur Culturopoing

le braqueur, j'ai hâte de le voir, il est prévu dans notre ciné celui-là !
RépondreSupprimerUn film à voir sans hésiter.. Peut-être pas le film de l'année, mais très cohérent et intrigant.
RépondreSupprimerPar contre, on n'y voit pas l'Autriche des touristes : pas glamour pour un sou le pays sous la caméra d'Heisenberg... ;-)