mardi 7 juin 2011

Retour vers la HI-FI. Emiliana Torrini, Loney Dear, The Radio Dept.

Après beaucoup d'attente et tracasseries en tout genre, me voilà enfin revenu bien tardivement sur la planète blog.
Oh ! pas de triomphalisme, un retour très modeste et quelque peu gâché par le fait que si je suis de nouveau reconnecté avec le merveilleux (?) monde du net depuis la fin de semaine dernière, ce n'est qu'en partie. Car mon PC bien que flanqué d'un disque dur tout neuf et de nouveau relié au web a subi quelques transformations et pas des bonnes : l'interface y est simplette et pas agréable, certaines fonctionnalités n'y sont plus et les images semblent toutes écrasées.

Besoin de changer le paramétrage ou la configuration ? Nécessité d'installer un nouveau système d'exploitation ?  Sherlock Blake mène l'enquête et est juste en train de secouer les puces au technicien indélicat qui a chamboulé mon chez-moi informatique sans autorisation. Mauvais karma en tout cas ces temps-ci.

Ce long prologue pour vous expliquer que du coup, à part la radio, je suis resté plutôt coupé de l'actualité sonore du moment.
Alors, plutôt que de vouloir courir après le temps inutilement, retour rapide sur trois piliers de ma discothèque perso de ces dernières années revisitées grâce à mon bon vieux lecteur CD qui a dû reprendre instamment du service pour me rassasier de musique.

L'occasion de vérifier que le bonheur n'est pas seulement dans la consommation de l'instant et que certaines galettes récentes se bonifient au fil du temps.

Ainsi, prenez ce "Me And Armini" de 2008, dernière livraison de la trop discrète sirène islandaise Emiliana Torrini. Au pays des volcans irascibles, la douce chanteuse islando-italienne a réussi à se distinguer du lot des sous-Björk et en livrant ce troisième opus autant pop que folk, à tirer vraiment son épingle du jeu.

Pas pénible comme la dite Björk, plus acoustique que Kate Bush, plus énergique que Keren Ann et moins formatée que Nina Persson des Cardigans, la voix mutine et délicieuse de femme-enfant de la chanteuse irradie tout du long de ce voyage sonore sans frontières.

Entre légèreté (Big Jumps) et folk intimiste (Hold Heart), pop débridée (Jungle Drum) et rock envoûtant à la PJ Harvey (Gun) une petite perle très personnelle et touchante, à l'écrin sonore fignolé par le producteur Dan Carey où la voix gracile et sensuelle de la craquante Emiliana emporte tout amateur de bonne musique normalement constitué vers de délicats sommets.

Comme le splendide "Birds", une des envolées musicales les plus libres entendues ces dernières années... 



... ou le fragile et touchant "Hold Heart" :



Tracklist :
1. Fireheads
2. Me And Armini
3. Birds
4. Heard It All Before
5. Ha Ha
6. Big Jumps
7. Jungle Drum
8. Hold Heart
9. Gun
10. Beggar's Prayer
11. Dead Duck
12. Bleeder

Emiliana Torrini. "Me and Armini" (Rough Trade Records) 2008 Coup de coeur ♥♥♥♥
en écoute sur Spotify

Celui qui suit est un de mes disques de chevet, de ceux que ma platine CD apprécie le plus : "Dear John" est toujours une pure merveille signée Loney Dear autrement dit, Émile Svanängen, brillant et attachant outsider suédois devenu indispensable au fil du temps.

Un bijou de folktronica sorti en 2009 avec ses mini-symphonies aux choeurs émouvants (trace de ses travaux avec la chorale pop I'm From Barcelona?) et son électro-pop faussement bricolée. Entre beauté élégiaque digne d'un Brian Wilson nordique ou d'un Jay-Jay Johanson en apesanteur, la voix fragile et plaintive de Loney Dear, volontiers dramatique, illumine cet album aux mélodies constamment étonnantes et arrangements inventifs qui touchent au coeur.

Disque de chambre, album nocturne et solitaire
Svanängen y reprend le tristissime Adagio d'Albinoni, même si la beauté quasi désespérée de ses propres compositions se suffisent à elle-même (splendides Summers, Distant Lights ou Under A Silent Sea qu'on aurait voulu écrire soi-même).

Diablement mélancolique je vous l'accorde, mais de celle qui soigne, guérit et rendrait presque euphorique. Un bouleversant voyage intérieur quasi-utérin dont on sort curieusement ragaillardi et dont j'attends la suite de pied ferme, "Hall Music", sixième album à paraître le 4 octobre prochain à lire ici. Et si vous n'éprouvez aucune chair de poule à l'écoute de ce chef-d'oeuvre, vérifiez si vous êtes toujours bien vivants :



Pour le plaisir, le splendide "Summers" :



Tracklist :
1. Airport Surroundings
2. Everything Turns ToYou
3. I Was Only Going Out
4. Harsh Words
5. Under A Silent Sea
6. I Got Lost
7. Summers
8. Distant
9. Harm/Slow
10. Violent
11. Dear John

Loney Dear. "Dear John" (EMI Records) 2009 Coup de coeur ♥♥♥♥♥
en écoute sur Spotify

Ces derniers jours frustrants et contrariants auraient-ils été si bien digérés si cette galette miraculeuse n'avait pas tourné sans s'arrêter pour les accompagner ? Avec leur "Clinging To A Scheme" de 2010, les suédois indé de The Radio Dept. ont signé une sacré bombinette qui, même si dégoupillée de ma part fort tardivement (je ne l'ai découvert qu'en toute fin d'année dernière) n'a pas fini de distiller sa magie claire.

Voyage sonore qui ressuscite les murs de son du shoegaze années 90, le troisième album du gang de Johan Duncanson est une bulle de pop intemporelle qui ne pourra que ravir les amoureux des ex-labels Sarah Records ou Postcard. Arpèges de guitares, rythmes synthétiques et voix brumeuse distante et attachante qui ressuscite autant les figures de The Field Mice, Another Sunny Day ou des Pale Saints qu'une éternelle post-adolescence miraculeusement conservée ici.

Mais résumer ce disque à un seul revival nostalgique serait passer à côté des beautés de ces pop songs qui révèlent tout leur charme au fur des écoutes.

Mélange d'efficacité rock (This Time Around), d'hymnes pop (Heaven's On Fire) et de compositions sensibles (les bijoux Memory Loss et The Video Dept), cette entreprise inspirée revendique toute l'identité de la culture rock indépendante : pochettes façon Smiths, réminiscences New Order ou malicieux extraits de déclarations de Thurston Moore du Sonic Youth. Tout autant qu'il est un labo sonore bouillonnant d'orfèvres pop qu'un radieux moment musical rayonnant d'une douceur ineffable, comme un jour de soleil en plein hiver.  Un album addictif en diable.

(Dédicacé à Benoît de Hop Blog, qui devrait comprendre)




 

Tracklist :
1. Domestic Scene
2. Heaven’s On Fire
3. This Time Around
4. Never Follow Suit
5. A Token Of Gratitude
6. The Video Dept.
7. Memory Loss
8. David
9. Four Months In The Shade
10. You Stopped Making Sense

The Radio Dept. "Clinging To A Scheme" (Labrador) 2010 Coup de coeur ♥♥♥♥♥
en écoute sur Spotify

Moralité : faut-il remercier mon PC pour m'avoir lâché et m'avoir involontairement permis de retrouver les joies de l'écoute d'un disque sur de bonnes vieilles enceintes ? Sans aller jusque là, ça aura été l'occasion de saluer ces albums qui m'accompagnent encore et que je n'avais pas salué à l'époque de leur parution. Une initiative à renouveler, qui sait ?
Bon, j'ai toujours un ordi à remettre d'aplomb, moi. N'hésitez d'ailleurs pas à me signaler toute anomalie technique qui m'aurait échappé.

7 commentaires:

  1. Nos bonnes vieilles chaines HiFi ne nous quiterons jamais..je n'aijamais réussi à m'en passer malgré tous les efforts de streaming offerts sur la toile. D'ailleurs je continue à acheter des boites de cd vierges pour graver goulument. Le défaut des quadra, c'est quand même d'avoir gouté au meilleur, une bonne vieille platine bien chaude avec des grosses enceintes qui vibrent et qui transmettent les basses à nos plèvres. L'ordi n'est qu'une transition et les disc dur une étapes d'archivage pour assouvir les curiosités. On se refait pas. Courage Blake, nous sommes patient, on t'attend. N'empèche ses trois disques là sont pas dégueux.
    Amitiés

    8 juin 2011 08:31

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  2. bah moi ce sont les outils blogger qui me pourrissent la vie (virtuelle)..des espaces, des vidéos, des commentaires...tout foirre et est ingérable..je deviens anonyme chez toi..tu rends compte, mon vieil ami Blake...

    Charlu

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  3. Content que tu aies retrouvé ton ordi réparé même s’il semble que le reformatage l’ait quelque peu amoindri. Va falloir re-paramétrer tout ça, réinstaller tous les logiciels, le genre de chose que l’on fait malheureusement encore trop souvent.
    En tout cas merci pour la dédicace, tu aurais pu sans problème aussi me dédicacer le Loney, dear que j’avais adoré également.
    La chaine Hi-fi prend la poussière au salon chez nous et je crains que les prochains grands travaux prévu pour les semaines à venir ne lui soit fatal, tout comme la tour à Cds qui vieillit un peu plus chaque année faute de renouvellement de son contenu. C’est parfois triste l’évolution technologique, mais de bonnes enceintes reliées à l’ordinateur, pour l’instant je n’ai pas trouvé plus adéquat pour écouter de la musique.

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  4. @charlu : heureux de lire un de tes messages ici charlu, qui ne sera jamais anonyme ici , t'inquiètes pas... Et vive la Hi-fi !

    @benoît : oui, va falloir remettre tout ça et l'informatique et moi ces temps-ci c'est pas le grand amour ;-)
    Blague à part, content de retrouver tes commentaires ici... en mettre chez toi m'a manqué d'ailleurs, on devrait y remédier bien vite :)
    Et heureusement que ma chaîne fonctionnait bien, elle !

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  5. Ah le Radio Dept. c'était une de mes bonnes surprises de l'année dernière ! Je ne connais pas le Loney Dear, mais j'aime beaucoup Emiliani Torrini (du peu que je connais), qui est non seulement talentueuse, mais aussi charmante !
    Il m'arrive aussi de réutiliser mon lecteur, mais bon je ne suis pas très bien servi ici, j'attends de m'installer dans mon prochain appart pour me refaire ma discothèque (une chaine, et une platine avec les vinyles du paternel, ça promet !)

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  6. C'est vrai qu'il m'a agréablement surpris ce Radio Dept. En même temps ils sont rudement doués et puis ils font vivre le shoegazing et j'adoooore ce style de musique.

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  7. @joris : je vois qu'on est sur la même longueur d'ondes concernant Emiliana Torrini :-) Si tu es sensible à l'écriture folk-pop, je te conseille d'urgence le Loney Dear.
    Et je suis d'accord, une platine et des vinyles, c'est pas loin du bonheur ;-)

    @muffin man : dire que j'avais loupé le Radio Dept. à sa sortie quand même, c'est pas glorieux. Me suis rattrapé depuis ... ;-)

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