mercredi 24 août 2011

LE CINÉ DE L'ÉTÉ (2). Super 8

Suite de cette semaine spécial "Ciné de l'Été", avec pour ce deuxième épisode un arrêt-buffet pour visionner le traditionnel blockbuster estival.
Cette année, il s'agit de "Super 8" sorti le 3 août :

Nouveau maître du cinéma de divertissement avec "Mission Impossible III" et le remake de "Star Trek", J.J. Abrams, l’homme responsable du carton télé de "Lost" est revenu dans les salles obscures pour le désormais rituel blockbuster de l’été.

Un blockbuster destiné aux plus jeunes mais au goût de madeleine 100 % eighties pour les plus grands : en effet, fan du cinéma de Steven Spielberg, l’ami Abrams organise avec son dernier-né "Super 8" rien moins qu’une excursion en Spielberg-land qui rappellera bien des souvenirs aux ex-adolescents de la décennie 80 et aux autres : la petite ville américaine, des enfants en liberté, des militaires, du fantastique, un être venu d’ailleurs…

Damned ! Serait-ce le retour de "E.T" ? Pas loin, ou plutôt un super-hommage de près de deux heures à l’ex-wonder boy du cinéma populaire américain (co-producteur du projet, c’est plus simple), hommage qu’on sent d’ailleurs sincère de la part de Abrams. Pas un plan ou un détail qui ne fasse référence aux éléments de base de Rencontres du Troisième Type, Jurassic Park ou des autres productions Spielberg, les "Goonies" en tête.

"Super 8" mixe le tout récréant avec un plaisir d’antiquaire l’ambiance des seventies finissantes (un air de Blondie, l’arrivée du walkman) : un groupe d’ados dans une triste ville industrielle lancé dans le tournage d’un film de zombies amateur et changé par l’irruption du surnaturel, un Club des Cinq plongé en pleine science-fiction.

Un vrai "Retour vers le passé" qui fait la part belle à l’innocence de ses mini-héros soutenue par la candeur et fraîcheur de ses jeunes interprètes (la bouille de bébé de Joel Courtney, la très juste Elle Fanning). Sur ce plan, "Super 8" retrouve parfois la bonne appréhension de cet "âge des possibles" autrefois à l’oeuvre dans "Stand By Me" de Rob Reiner, autre référence évidente.

Làs, qui dit blockbuster dit action et grand public et nous ne sommes plus en 1982... Si à cette époque, l’aspect encore artisanal des effets spéciaux de Spielberg conférait un côté féerique à son cinéma, le Hollywood de 2011 voit tout en effets numériques et grand spectacle assez patapouf : déraillement de trains, irruptions de l’armée, secret scientifique, attaques de bus... et bébête extra-terrestre surdimensionnée.

Du "E.T" puissance mille indéniablement spectaculaire (la catastrophe ferroviaire surtout qui épate, mais pourquoi ensuite voir tout en gigantesque?) déréalisant de fait le propos en sur-multipliant l’invraisemblance de l’histoire.
Quant au monstre, on voit bien qu’il n’intéresse pas Abrams, qui fait bien de le laisser dans l’ombre le premier tiers du film mais pas encore assez, on voit que les techniciens hollywoodiens sont toujours influencés/traumatisés par "Alien" ! Cette dernière partie, spectaculaire et prévisible, se suit alors sans le même intérêt.

Le plus gênant, c’est le côté appuyé des emprunts spielbergiens qui restitue les défauts de son cinéma parfois maladroit : personnages adultes simplistes et à l’inverse des enfants, mal défendus par leurs interprètes, mélo signifiant (dur, le travail de deuil), bons sentiments triomphants (pour échapper à un monstre, suffit de l’émouvoir!) culminant dans un final appuyé assez ridicule : ah ! ce symbole du pendentif qu’on laisse échapper, on ne changera pas ces américains...

Bien sûr, dans un film de l’été on ne s’embarrasse pas de subtilités, et rayon pop-corn movie, on a vu bien pire. Si ce reboot du cinéma de Tonton Steven peut échapper in fine au jugement de simple "copié-collé spielbergien", c’est pour la vraie tendresse qu’il réserve à ses figures d'ados se débattant avec les doutes et les espoirs de leur jeune âge.

Et définitivement pour l’amour du cinéma au cœur de son sujet, et l’atmosphère bien rendue du cinéma de genre de l’époque qu’il ressuscite (Joe Dante, George Romero et John Carpenter auquel on songe souvent).
Un amour à l’oeuvre dans la finalement meilleure scène : celle du film réalisé par les enfants, pastiche de film amateur à ne surtout pas rater sur le générique de fin. Et là, pas de mensonge, c’est bien du "Super 8".

"
Super 8" (États-Unis, 2011).
de ♥ à ♥♥
Réalisation : J.J. Abrams. Scénario : Dawn Gilliam d'après J.J. Abrams. Directeur de la photo : Larry Fong. Effets Spéciaux : Ryan D. Compton. Producteurs : Bad Robot & Amblin Entertainment. Musique : Tim Simonec. Distribution France : Paramount Pictures France. Durée : 110 mn.
Sorti le 3 août


Avec : Joel Courtney (Joe Lamb) ; Elle Fanning (Alice Dainard) ; Ryley Griffiths (Charles Kaznyk) ; Ryan Lee (Carey) ; Gabriel Basso (Martin) ; Kyle Chandler (Jackson Lamb).



critique avec même conclusion sur le Blog de Nicolinux

à suivre

2 commentaires:

  1. Hello,

    Sympa ces chroniques ciné dont je me suis pas mal inspiré pour mes films des derniers jours.

    Pour ce qui est de Super 8, je trouve votre note un peu sèche. S'il est vrai que la fin est assez naïve et attendue, je trouve tout de même que globalement c'est plutôt bien regardable et ça détend pour l'été.

    Dans le même genre, je peux conseiller La Planète des singes : les origines de récent.

    A un prochain,
    Victor

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  2. Hello ! Flatté si mes p'tits papiers peuvent inspirer pour programmer les sorties, très sympa :-)

    Sinon pour ce qui est de la note, à relire, c'est vrai que j'ai été peu généreux car le film est plutôt attachant. Je vais même oser lui rattacher un ♥ supplémentaire pour tenir compte de ton intervention :-)

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