mardi 23 août 2011

Retour. LE CINÉ DE L'ÉTÉ (1). The Trip

Lent réveil et réactivation, en cette fin août caniculaire, de cet espace laissé en friche depuis trop longtemps. Mais que voulez-vous : les vacances, la chaleur et le peu d'actualité de cet été un peu morne culturellement avaient conduit "Les Chroniques de Blake" à quelque peu s'endormir sans crier gare.

À l'approche d'une rentrée qui s'avance à grands pas, on tente un retour progressif, un réveil en douceur, histoire de reprendre ses marques, avec l'idée aussi de peut-être changer quelques habitudes.

Ainsi, par exemple, l'envie de parler plus souvent d'un art qui aurait dû tenir plus de place dans ces colonnes. Si l'été a été calme, certains films notables de réalisateur connus ont quand même réveillé l'inertie estivale des salles obscures.
Toute cette semaine aura ainsi des airs de rattrapage en tentant d'afficher chaque jour une séance cinéma. Un "ciné de l'été" avec du bon, du passable, du décevant, de l'excellent, une balade éclectique pour terminer août en douceur. Et content de vous retrouver, au passage.

On commence avec "The Trip" sorti le 10 juillet dernier :

The Trip ou le retour de Michael Winterbottom, le cinéaste anglais qui tourne plus vite que son ombre. "Le voyage", en V.F : un titre obligé pour ce mini road-movie au tempérament baladeur.

On retrouve pour la troisième fois le tandem d’acteurs Steve Coogan-Rob Brydon (déjà à l’affiche de 24h Hour Party People et du savoureux Tournage dans un Jardin Anglais) au menu de ce dix-huitième film du Speedy Gonzales britannique de la caméra à la longue filmographie éclectique (et inégale).

Un cas déroutant ce Winterbottom… qui se fiche bien de diviser farouchement sur son cas critiques et spectateurs : un raconteur d’histoires qui aborde sans peur tous les genres (mélo, film de guerre, thriller, comédie) ou un opportuniste à la virtuosité tape-à-l’œil?

Cas pour ma part toujours pas réglé, avouons-le : les films du monsieur n’atteignant leur cible qu’une fois sur deux, avec une préférence pour les films intimistes, drames ou comédies (Un Eté Italien, Tournage dans un Jardin Anglais) plutôt que les pseudos-documentaires mondialistes (In This World) ou les thrillers (déplaisant souvenir de The Killer Inside Me, sous-Lynch ou Cronenberg mal digéré).

Volontairement plus léger - voire light - "The Trip" est la version cinéma d'une mini-série produite pour la BBC et affiche une humeur plus ludique : deux acteurs plus british que nature dans leur propre rôle embarqués dans une tournée gastronomique des adresses de restaus à la mode, Brydon remplaçant au pied levé la petite amie de Coogan, partie réfléchir sur leur couple.

Deux frères ennemis à la langue bien pendue (ennemis des films bavards, celui-ci débordant de longs discours sera votre cauchemar) qui semblent plus concernés par leur amitié/rivalité et leur place dans le métier d’acteur que par la cuisine sophistiquée des restaus chics qu’ils écument, un coté "bobo-chic" qui agace pas mal.

Ce sera donc selon votre humeur : soit l’aspect "two-man show" des deux lascars qui se lancent dans de longues comparaisons de leur talent respectif et la répétition inévitable des scènes (chaque jour, un nouveau restau) auront raison de votre patience.
Soit bon client, vous apprécierez la montagne de sarcasmes spirituels et le sens de la dérision des deux cabotins, avec une préférence pour l’air de suffisance amusée so british de l’attachant Steve Coogan, acteur de films d’auteurs en perte de notoriété qui se venge en se moquant de la réussite de son compère Brydon, imitateur télévisuel mais plus populaire que lui. Vrai ou fausse rivalité ?









Qu’importe, car au gré des mises en boîte des compères, on savourera l’absurdité de leurs concours d’imitations (qui imite le mieux des deux l’accent cockney de Michael Caine ou l'accent smart de Sean Connery dans James Bond ? je vote personnellement pour Coogan, Brydon est vraiment saoulant)...

... ainsi que le portrait dessiné par Winterbottom d’un milieu narcissique mais aiguisant la fragilité naturelle des acteurs, soumis à une rivalité sans pitié. Des saillies verbales souvent réjouissantes mais qui souffrent tout le long du film - d'ailleurs un poil long - de la tendance qu'à le cinéaste à capter la quasi-improvisation de ses acteurs en laissant tourner la caméra, une réalisation "les mains dans les poches" trop désinvolte, voire paresseuse.

Finalement, au bout de cette critique ambivalente sur un film ludique mais aux défauts voyants, si "The Trip" peut emporter la partie, c’est pour le discret et réel hommage à la culture anglaise qui irrigue le film : une traversée de la campagne au son de Joy Division, un franc délire commun sur la chevalerie au cinéma ou un hommage vibrant à la poésie anglaise devant la tombe de Samuel Coleridge. Un attachement profond des personnages - et imaginons-le du réalisateur - à leur île britannique.

Pour peu qu’on partage alors ce même amour, on passera sur les défauts constitutifs de The Trip, donc ceux de Winterbottom, en appréciant le côté décontracté et mineur de ce (petit) voyage ... si le film est toujours à l’affiche près de chez vous, évidemment.

"The Trip" (Grande-Bretagne, 2011).

Réalisation : Michael Winterbottom. Directeur de production : Amy Jackson. Directeur de la photo : Ben Smithard. Production : BBC/Revolution Films. Distribution : Ad Vitam. Durée : 106 mn.
Sorti le 10 juillet

Avec : Steeve Coogan (Steve) ; Rob Brydon (Rob) ; Margo Stilley (Mischa) ; Marta Barrioh (Yolanda) ; Claire Keelan (Emma) ; Paul Popplewell (Paul).



Barême d'appréciation :

à déconseiller
bof, bof
♥ moyen, pas mal
♥♥ bien
♥♥♥ excellent, à voir
♥♥♥♥ indispensable, à ne pas rater

À demain pour une nouvelle séance ciné

2 commentaires:

  1. Bonjour l'ami,
    quel plaisir de te retrouver ici
    le cinéma c'est plus beau que la vie et les désaccords sont souvent là... car contrairement à toi j'ai adoré The killer inside me avec le sublime Casey Afflect

    mes les nuances sont la vie... aussi

    à très vite

    amitiés

    christo

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  2. hello l'ami christo, bienvenue!
    Concernant "The Killer Inside Me" tu n'es pas le seul à me dire ça, en fait je dois être un des seuls à ne pas apprécier, même dans ma famille on a plutôt aimé. Mystère des goûts et des couleurs apparemment...
    À part ça, content de te lire ainsi dès ton retour de vacances ;-)
    À très vite.

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