Je vous entends d'ici : un flash-back alors que l'actualité musicale a enfin repris son cours ? Mais voyez-vous, j'ai besoin d'évacuer la mémoire d'un groupe étonnamment pas encore évoqué dans cette rubrique et recroisé ces jours-ci sous le coup d'une impulsion.
Donc, avant de parler bientôt pop, folk indie ou dubstep, retour vers un des trésors les plus chéris par les amateurs de pop intemporelle, paru au milieu des années 80. L'exemple même de la mélancolie sublimée en classique pop touchant :
"When Love Breaks Down" : ma carte d'introduction au talent du song-writer le plus sophistiqué et le plus limpide à la fois de son époque, Paddy McAloon. De la race des virtuoses qui, fort d'une grande culture et subtilité musicale, donna à la pop anglaise un de ses plus beaux fleurons à la tête de Prefab Sprout.
L'album "Steve McQueen" en 1985 : une poignée de titres tous plus nostalgiques, délicats et sensibles (When Love Breaks Down, Appetite, Goodbye Lucille #I, Bonny entre autres) à la douceur ineffable et à la douleur contenue, illuminés par les vocalises diaphanes de sa blondegirlfriend Wendy Smith. Avec ce disque, McAloon n'a pas seulement composé un des disques les plus justes sur le sentiment amoureux et l'un des albums automnaux les plus touchants...
... il a fait du coup jeu égal avec les song writers les plus doués, émule de Ray Davies, Elvis Costello, Andy Partidge (XTC) voire Brian Wilson ou McCartney.
Ou même plus anciens, vu la culture du bonhomme et son goût pour les "musicals" : Cole Porter ou George Gershwin. Cet érudit pop catégorie premier de la classe n'a-t-il pas écrit plus tard - à l'époque de Jordan : The Comeback, dans le titre Paris Smith- qu'il aurait aimé "être le Fred Astaire des mots" ? Et a depuis enfanté quelques possibles héritiers, de Neil Hannon (The Divine Comedy) à Conor O' Brien (Villagers).
"Le beau Goobye Lucille #1", sorti aux U.S.A. sous le titre "Johnny Johnny" :
Étrange et cruel destin que celui du Sprout : on ne parlera pas de groupe maudit, le groupe ayant d'ores et déjà gagné depuis longtemps son entrée au panthéon de la pop.
Mais affublé d'un nom à faire fuir ("chou préfabriqué", quelle idée!) et de looks improbables, plus doués en studio que sur scène, trop sophistiqué pour le grand public, trop littéraire et précieux pour les rockeurs, trop mainstream pour les new waveux, McAloon et son groupe souffriront toujours d'un certain entre-deux.
Est-ce ce qui les poussa à faire appel au super-producteur Thomas Dolby, qui leur offrit une méga-production lustrée "easy listening" d'époque ? Ce qui eut au moins le mérite de clarifier le song writing parfois inutilement alambiqué de son auteur (l'albumSwoon de 1984),
mais de façon souvent intempestive face à la finesse de dentelle de
chansons somme toutes intimes et remplies d'un spleen profond.
Un exemple avec "Cruel" tiré de "Swoon" :
Question : que seraient-il advenus s'ils avaient croisé George "The Beatles" Martin ?
Mais malgré cet habillage parfois daté, ce serait une erreur de cantonner Prefab Sprout aux vieux souvenirs eighties. D'autant que que j'ai à peine effleuré "Steve Mc Queen". Vous ai-je parlé de l'excellent batteur Neil Conti, du jeu de basse du frérot Martin McAloon, également présent dans le groupe ou de la richesse de compositions complexes flirtant aussi avec le jazz et la bossa nova (Hallelujah, Horsin'Around) ?
Et surtout de la voix de McAloon elle-même : claire, expressive, habitée et chaleureuse, élément capital - ainsi que celle de Wendy Smith - du magnétisme de ces pop songs aussi désabusées dans leur propos que lumineuses dans leur forme.
Plus personnellement, Prefab et cet album, c'est le meilleur moyen de faire revivre d'un seul coup mes années lycée : l'enthousiasme et l'ennui de l'adolescence, les emballements et les doutes de cette période étrange, si lointaine et si proche, mais désormais enfuie.
Ainsi quoi de mieux que le souvenir de cette "Bonny" inchangée, définitivement ma préférée :
ou le spleen hanté de "Desire As" :
Et pour avoir une idée du caractère intemporel de ces chansons touchées par une certaine grâce, penchez-vous donc sur ces versions acoustiques de 8 titres réinterprétés et réarrangés par McAloon en 2007 lors de la reparution de l'album.
En voici un extrait ici :
Tracklist de "Steve McQueen":
1. Faron Young
2. Bonny
4. Appetite
5. When Love Breaks Down
6. Goodye Lucille #1
7. Hallelujah
8. Moving The River
9.Horsin 'Around 10. Blueberry Pies
11. When The Angels
Mais je m'aperçois qu'une seule chronique ne suffira pas pour évoquer ce groupe, un des plus emblématiques sur mon chemin et qu'il me faudra donc revenir un jour sur celui semé de bonheurs pop (le chef-d'oeuvre Jordan : The Comeback) et aussi d'embûches graves d'un McAloon aujourd'hui diminué par la maladie.
Et je sais bien ne pas être le seul à faire partie du club des accros de ce disque et de ce groupe fétiche jamais abandonné, n'est-ce pas Mrs Michka Assayas ou François Gorin ? (lire sa chronique "Disque Rayé"dans Télérama).
Nul doute que nous soyons d'ailleurs fort nombreux en fait dans ce cas...
Prefab Sprout. "Steve McQueen" (1985)et réédition 2007 (CBS/Sony BMG) en écoute sur spotify et sur deezer
On continue dans le "mouais,mpff, boâârff" car je m'en vais vous entretenir d'une autre déception du moment.
En effet la programmation de ce début janvier a réactivé une de mes vieilles connaissances, cet increvable détective de Baker Street qui, près de 125 ans depuis sa création par Conan Doyle n'en finit pas de courir sur nos écrans, ciné ou télé.
Ainsi France 4 diffusait dès le soir du 1er janvier la dernière adaptation par la BBC des légendaires enquêtes de Sherlock Holmes.
Une de plus ? Oui et non, car la valeur ajoutée - vendue comme telle par la pub en tout cas - de cette version est d'avoir déplacé notre détective de son XIXème siècle pour le faire déambuler dans le Londres bien contemporain de notre XXIème siècle.
La bande-annonce originale:
Alors, idée gadget opportuniste ou dépoussiérage malin d'un mythe trop rebattu ? Bon, désolé, au risque de passer pour le ronchon de service ce sera la première option.
Pourtant on peut créditer Steven Moffatt et Mark Gatiss, les responsables de ce "reboot" en 3 épisodes, de quelques bonnes intentions. D'abord le choix d'un Holmes plus juvénile incarné par l'acteur Benedict Cumberbatch au physique étrange.
Ensuite une bonne connaissance des ressorts du personnage original : sa relation entre affection et manipulation pour le Dr. Watson, ses rapports conflictuels avec la police (on retrouve le lourdaud inspecteur Lestrade), sa consommation de drogue et ses super-capacités d'observation, relayées ici par la batterie moderne de tous les GPS, SMS, sites web ou caméras vidéos.
Mais c'est là que le bât blesse justement : respecter les fondamentaux de Holmes en le plaçant dans cette hyper-modernité ne fait que renforcer son anachronisme en le datant encore plus dans son époque victorienne d'avant la police scientifique. Pas besoin d'un Holmes alors qu'il y a"Les Experts", n'est-ce pas.
Plussérieusement, tout est "too much" dans cette version clinique du héros : la visualisationgadget de ses pensées en sous-titres sur l'écran, son arrogance et sa misanthropie exagérées jusqu'à la caricature (carrément infréquentable le bonhomme!), la réalisation clipée clinquante et son ennemi Moriarty réduit à un guignol risible.
Et surtout, les intrigues peu crédibles de ces trois épisodes sont souvent improbables, voire incohérentes.
Quoique le second, rocambolesque à souhait avec secte asiatique et enlèvements, soit celui qui respecte le mieux le côté feuilletonesque qui faisait le charme des aventures du personnage créé par Conan Doyle.
Qui fut mon héros littéraire préféré, et le reste encore d'ailleurs !
De là mon jugement tranché sur ce relookage simplet qui m'a semblé plus puéril que pertinent. Une occasion ratée bien frustrante que le doublage français bâclé n'arrange pas, merci le service public.
À vous de juger et de rattraper votre retard en visionnant le dernier épisodedisponible jusqu'à samedi prochain sur le site de France 4. Vous n'avez pas de chance, c'est le moins bon de tous mais c'est ici que ça se passe. Et sachez que la chaîne rediffusera les trois à la suite la soirée du samedi 29 janvier.
Un aperçu du premier épisode (WARNING ! si vous regardez jusqu'au bout, ça en dévoile la fin, vous serez prévenus) :
N'empêche, il y a bien des Sherlock partout : voilà Orange Cinémax qui diffuse mercredi soir à 22h50 le dernier Holmes vu au ciné, la version "karaté-boumboum" de Guy Ritchie incarné par le pourtant savoureux Robert Downey Jr. Quelle chance, je ne reçois pas Orange Cinémax.
Rendez-moi donc mon bon vieux Sherlock, avec sa casquette, sa loupe et son violon !
Je vous avoue : ce début d'année m'inspire moyen. Je n'ai jamais trop aimé le mois de janvier, interminable coeur de l'hiver propice à toutes les baisses de moral et autres coups de mou. Remarquez, je suis pénible, le plein été ne m'inspire pas non plus.
Et ce n'est pas la relative disette culturelle que nous traversons qui va me redonner la pêche, sans compter les faux espoirs que nous procurent les critiques musicaux.
Difficile d'ignorer les sirènes buyantes de la critique avec la première grosse sortie du mois, le cas de la petite nouvelle Anna Calvi.
Avec son premier album à paraître ce lundi, elle est propulsée "nouvel espoir féminin du rock" et quasi intronisée héritière de Patti Smith ou nouvelle PJ Harvey, pas plus pas moins !
"La révélation" s'emballent Les Inrocks et délirent-ils plus loin aussi : "Vertigineuse, somptueuse, incandescente, puissante, impressionnante!" "Calvi ravive la flamme du rock" s'exclameLe Monde, " jeune louve sensuelle" pour Libé.
On remarque surtout que tous s'enflamment pour la beauté spectaculaire (indéniable) de la demoiselle anglaise de 22 ans à la voix grave et s'accordent tous sur le caractère flamboyant de ses prestations scéniques, entre vamp glamour et torera rock.
O.K., O.K., mais ajouterai-je discrètement, mais fermement : et la musique là-dedans ? les chansons ? Ni originale pour l'une, ni remarquables pour les autres, je vous avoue trouver cet album loin de mériter toutes les louanges qu'on lui accorde presque partout.
Mademoiselle Anna joue de la guitare en lorgnant sur le jeu et les effets de voix de Jeff Buckley sans en retrouver la "Grace" (c'est facile, je sais) et croit retrouver la puissance du rock séminal original de la PJ des débuts. Indéniablement rock, mais fort banal, pour ne pas dire vieillot ?
Suffit-il d’aller chercher Rob Ellis, ex-membre du groupe de miss Harvey pour s’assurer d'en être sa digne héritière? Et d’avoir le parrainage de Brian Eno himself pour être intouchable ? Que fiche-t-il là d'ailleurs, on l'aura connu plus clairvoyant le vieux père.
Disque qui se voudrait captivant et atmosphérique, ce galop d'essai rate pas mal sa cible : du déjà entendu en moins bien avec un climat ampoulé digne du rock héroïque (Desire, Suzanne And I) desservi par une production lourdaude et la faiblesse de compositions boursouflées (en particulier The Devil et Blackout ni faites, ni à faire).
Du coup, ne restent que les tics et effets de voixdémonstratifs poussés de la "diva", pompeux et fatigants (mes oreilles!), moins distrayants finalement que le cirque gothique habituel tendance Siouxsie/Zola Jesus et très éloignés de la magie vénéneuse d'une légendaire Nico.
J'ai pourtant écouté le tout avec courage au moins 3/4 fois pour en être sûr, mais rien n'y fait, le magnétisme de la belle Anna (du moins de sa musique) n'agit pas sur moi. On dit la jeune chanteuse parfaitement sincère et intègre. L'intégrité c'est bien ; le talent, c'est mieux à mongoût. Permettez-moi de ne pas trouver ça ni très réussi, ni très novateur.
Le seul titre agréable à mon goût :
Et la comparaison avec PJ Harvey ne tient pas, une figure d'ailleurs pas toujours intouchable non plus mais objectivement plus surprenante et talentueuse non, tout simplement ? À vérifier avec son prochain album à venir "Let England Shake" le 14 février
On profite de l'occasion pour saluer la mémoire de Trish Keenan, décédée à 42 ans le 14 janvier des suites d'une pneumonie. Chanteuse délicieuse du groupe Broasdcast, elle illumina de sa voix planante les quatre albums de cette inventive formation électro-pop à reparcourir ici
À nouvelle année, nouveaux plaisirs... L'année ciné s'avance et des foules de nouveaux films se profilent. D'autant que 2010 s'étant montrée à la fois variée et un peu décevante côté ciné, on souhaite à 2011 de relever le défi d'un cinéma exigeant ou divertissant de qualité. Sinon, autant rester chez soi se nourrir en séries télé souvent plus créatives ou inventives, l'offre ne manquant pas de ce côté-là.
Afin de retourner dans les salles obscures il suffit de piocher - en fainéant avoué - dans les sélections déjà établies de "collègues du web" comme les prévisions deDe l'autre côté, perché avec le blanc lapin ou les 20 films de Hop Blog, voire même les 35 films de Paris-Match(!) pour réactiver un peu notre envie ciné.
Au hasardet très subjectivementpour ce premier trimestre :
Irai-je voir "Somewhere", le dernier film de Sofia "fifille de son papa" Coppola pour vérifier si la golden girl branchée nous a refait le coup de "Lost in Translation" en moins bien ?
sorti depuis le 5 janvier 2011
"Les Chemins de la liberté" avec son super casting (Ed Harris, Colin Farrell) est-il un grand film humaniste ou bien le dernier "coup" commercial du vieux routier australien Peter Weir ?
sortie le 26 janvier
"Black Swan" avec Natalie Portman, annoncé comme un thriller mental "lynchien" sera-t-il vraiment captivant, son réalisateur Daren Aronosky ayant parfois la main lourde (The Wrestler, The Fountain) ?
sortie le 9 février
"True Grit", le premier vrai western des Frères Coen avec Jeff Bridges, Matt Damon et Josh Brolin, nous satisfera-t-il en suspense, coups tordus et noirceur réjouissante comme d'habitude chez les brothers ?
sortie le 23 février
L'adaptation du fort beau roman "Auprès de moi toujours" de Kazuo Ishiguro, sur des adolescents ignorant leur vraie "nature", tiendra-t-elle ses promesses transposé à l'écran par Mark Romanek sous le titre de "Never Let Me Go" ?
sortie le 2 mars
Le belge Bouli Lanners renouvellera-t-il le petit miracle de son attachant film précédent "Eldorado" avec son nouveau-né "Les Géants" ?
sortie en mars prochain, date non communiquée
Et les deux grandes questions de ce premier trimestre étant :
1/Clint Eastwood confirme-t-il son déclin artistique amorcé depuis "Gran Torino" et "Invictus" avec son dernier produit "Au-delà", un film choral sur la mort avec Matt Damon en "Mentalist" traumatisé et Cécile de France, qui a tout l'air d'un ratage new age navrant ?
sortie le 19 janvier
et 2/ "Je suis un no man's land" le denier film de l'ex-critique Thierry Jousse avec Katerine en chanteur lunaire ubuesque retournant malgré lui vivre chez ses parents (question : est-ce du vécu?) est-il un sommet de bijou décalé hilarant ou un petit nanar approximatif ?
sortie le 26 janvier
Réponses bientôt dans les salles. (dans ma grande perversité, j'ai failli vous proposer seulement ces 2 dernières bandes-annonce dans cette sélection puis j'ai eu pitié de vous).
Je vous propose pour finir ce tour d'horizon - incomplet - parmi cinq des films que j'attends de pied ferme en 2011 :
La nouvelle oeuvre du trop rare Terrence Malick, "The Tree of Life", fable métaphysique ambitieuse et mystérieuse avec BradPitt et Sean Penn Un film à la sortie longtemps reportée, enfin projeté à partir de mai prochain, du moins on l'espère :
"Source Code"le second film après "Moon" de Duncan Jones sera visible le 4 mai, avec Jake Gyllenhaal en soldat piégé dans le temps :
"J'ai rencontré le Diable", le nouveau délire de l'éclectique styliste coréen Kim-Je Woon(Deux Soeurs ou Le Bon, la brute, le cinglé), un polar fantastique à découvrir l'été prochain :
"Habemus Papam", le nouveau film du savoureux Nanni Moretti avec l'histoire d'un pape juste nommé, pas à la hauteur de sa tâche et dépressif (!) Ça rend curieux, d'autant que c'est le trop rare Michel Piccoli qui a enfilé la robe pontificale.
pas d'affiche ou de bande-annonce maissortie prévue le 7 septembre
... et ENFIN ! le retour aux affaires du cultissime Wong Kar-Waï pour un suprenant film autour d'un maître en arts martiaux "The Grandmasters", prévu pour Cannes 2011 si le perfectionnniste hong-kongais daigne le présenter à temps.
Une bande-annonce qui ne nous montre strictement ... RIEN mais c'est pour l'ambiance :
et n'oublions pas tous ces projets inconnus qui parfois s'avèrent plus emballants que ceux des grand noms.
Sinon, vous vous demandez peut-être pourquoi c'est Buster Keaton qui figure en ouverture de ce papier ?
Tout simplement parce que c'est lui qui trône sur la carte de voeux envoyée par le Festival du Film International du Film de La Rochelle.
Festival dont la 39 ème édition se déroulera du 1er au 11 juillet 2011, avec, pour ce qu'on en connaît de l'avant-programme :
- des ciné-concerts Buster Keaton avec le talentueux pianiste Jacques Cambra (son blog ici) - un hommage et une expo consacrée à Jean-Claude Carrière en sa présence - les cinéastes mexicains Juan Carlos Rulfo et Carlos Reygadas - des films du monde entier en avant-première - et surtout : L'INTÉGRALE du grand DAVID LEAN.
Revoir, entre autres classiques éternels, "Lawrence d'Arabie" sur grand écran n'est pas la plus malheureuse des perspectives, n'est-ce pas ?
"C'est avec une profonde tristesse que nous vous informons que Mick a finalement perdu son combat contre le cancer et est décédé paisiblement à 16h30 aujourd'hui, le 4 Janvier 2011 à son domicile de Chelsea, à Londres. Il était entouré par sa famille et ses amis et sera profondément regretté par tous."
Je vous avoue que je pensais ouvrir plus joyeusement cette année 2011. Mais l'actualité ne choisit pas et nouvel an ou pas, voilà ce qu'on pouvait lire aujourd'hui sur son site : c'est bien le musicien Mick Karn qui vient de tirer sa révérence à 52 ans.
Multi-instrumentiste : claviériste, saxophoniste, mais surtout bassiste virtuose, il a oeuvré au sein de Japan, formation new wave historique, d'abord glam pop, puis arty esthétique avant-gardiste, qui révéla l'indispensable talent de son leader David Sylvian.
Mick Karn (d'origine grecque, né Andonis Michaelides, deuxième à gauche sur la photo) a façonné durant les cinq albums de Japan ce son de basse fretless si reconnaissable, souple et ondoyant qui était une des caractéristiques sonores du groupe :
Un son sans douteun peu daté mais assez unique, qui lui appartenait en propre, une vraie signature musicale.
Et qu'on retrouve aussi sur "The Waking Hour",l'unique album de Dali's Car, un projet "one shot" réalisé dans la foulée de la séparation de Japan en 1984, initié avec le chanteur à la voix vénéneuse Pete Murphy échappé du gothique Bauhaus.
Un album très emblématique d'une certaine new wave eighties, sorte d'ethno-pop glacée aux lointaines influences orientales, atmosphérique, clinquante et fascinante à la fois, désormais une pièce de musée que je vous réservais pour un possible "Memory of the 80's" du coup précipité ...
... transformé en coup de chapeau à ce musicien discret, à l'époque tenu dans l'ombre d'un David Sylvian, auteur de toutes les chansons du groupe, retrouvé sur l'album unique "Rain Tree Crow" en 1991.
Et même plus tard, la prestigieuse carrière solo de Sylvian écrasant de son poids la bien erratique production d'un Karn tombé dans un relatif oubli malgré une dizaine d'albums, couronné d'une quasi-ruine financière et la maladie par là-dessus.
Pas toujours glamour, le destin d'ex-pointure new wave.
Et voilà qui clôt définitivement une époque révolue et rend encore plus lointain le souvenir des années 80, qui n'avaient pourtant pas besoin de ça.
Bon, comme début d'année on fait mieux, mais ne nous laissons pas abattre.
Tracklist :
1. Dali's Car
2. His Box
3. Cornwall Stone
4. Artemis
5. Create And Melt
6. Moodlife
7. The Judgement Is The Mirror
La compilation "Exorcising Ghosts" de Japan en écoute sur deezeret sur Spotify ainsi que l'album "Dali's Car" sur Spotify
Les titres de Japan et Dali's Car à retrouver sur la Mini Playlist 80's
En guise d'hommage ultime, le saxophone de Mick Karn sur "Night Porter", la plus belle chanson de Japan :