dimanche 6 mars 2011

EASY LISTENING. La friandise musicale de Rumer


Ce printemps sera-t-il finalement un printemps seventies vintage ? On ne serait pas contre ? Avouons-le, on a tous un faible parfois pour les douceurs et le sucré, juste pour le plaisir et cette impression de retomber en enfance, même si on sait que ce n'est pas toujours bon pour la santé.

C'est la même chose musicalement avec l'album évoqué ici, découvert il y a quelque temps sur le net et dont la sortie française est imminente, normalement le 14 mars, dès demain 7 mars disponible sur deezer.


Autant le dire, ici pas d'indie rock ou d'électro pop, c'est un disque de variété mainstream, de la vraie, et même qui pourrait plaire à la ménagère de moins de 50 ans, encore plus la ménagère de moins de 50 ans qui vivrait dans les années 70.

Car "Seasons Of My Soul" est une vraie anomalie temporelle, une machine à remonter le temps, un disque qui aurait pu être publié en 1972-1973 et faire les beaux jours des radios, époque Nixon ou Pompidou. Une collection de ballades soyeuses offertes dans un emballage easy listening garanti vintage :



À l'écoute de "Slow" le langoureux premier extrait, on croit reconnaître la voix de Karen Carpenter qui chanterait un bon titre de Sade. Et ces arrangements : cordes caressantes, harmonicas glissants, trompettes enjouées, on croirait ceux du légendaire Burt Bacharach qui n'aurait pas mieux arrangé le premier album de cette jeune anglo-pakistanaise.

Bacharach : une influence évidente totalement revendiquée par la jeune Sarah Joyce (a/k/a Rumer) et son compositeur-arrangeur Steve Brown, qui ont ressuscité avec soin et inspiration tout un pan de la musique populaire des seventies.

Toute une "smooth pop" doucereuse et chargée en sucre dont les championnes furent la déjà citée Karen Carpenter, Dusty Springfield ou la classieuse Dionne Warwick. Toutes voix d'or pour lesquelles le couturier sonore Bacharach fit du cousu main, de la variété de luxe flirtant souvent avec le kitsch, mais d'une limpidité et d'une suavité dont on croyait le secret perdu depuis trente ans (n'est-ce pas, Mrs Neil Hannon ou Bertrand Burgalat).

On peut citer aussi Carole King ou la variété pop-sixties de Claudine Longet.


 








Ressuscité presque à l'identique (comme si le punk, la new wave et l'électro n'avaient pas existé), le son chaud de cette époque agira comme une madeleine musicale sur ceux qui furent enfants dans ces années de pantalons pattes d'éph et de mobilier en plastique. Juste de la nostalgie bon marché, me direz-vous ?











Non, car on pourra prendre un vrai plaisir au premier degré à cette lounge music de luxe, flirtant entre variété soul, standards de comédie musicale et musique d'ameublement (trop chic pour les prisunic) qui n'invente rien, je vous l'accorde, mais le fait si bien. Le maître Bacharach a d'ailleurs adoubé la jeune artiste qui l'a rencontré chez lui en Californie.



Et qu'est-ce qui différencie Rumer de toutes les Adèle, Katie Mellua, Yael Naim ou Norah Jones du monde squattant les playlists des radios généralistes ?

Le goût tout simplement : un vrai choix esthétique, une élégance vocale et un feeling intimiste proche du jazz - sa voix veloutée n'a rien à envier à certaines stars du jazz vocal, Diana Krall en tête - qui signe le projet : "Am I Forgiven", "Saving Grace", "Take Me As I Am", déjà autant de petits euphorisants intemporels (avec ce son de trompette omniprésent craquant).

L'inédit "Some Lovers" composé par Bacharach :



Ensuite la demoiselle n'a pas vraiment le profil d'une diva : pas une beauté fatale, mais indéniablement sensuelle.

À signaler : une chanson ne passe pas, c'est cette reprise finale dispensable du dégoulinant "Goodbye Girl" de David Gates datant de 1977. La seule qui ne soit d'ailleurs pas une composition originale de l'anglaise.

Laissez-vous régaler sans opposer de résistance par les bonbons musicaux rétro au goût de caramel de Rumer. Ça passe tout seul, ca reste en bouche, parfois ça colle un peu, mais dans l'ensemble, ça fait un bien fou. Le tout est de ne pas trop en abuser.

Rumer. "Seasons of My Love" (East West/Warner)
♥♥♥
dès le 7 mars en écoute sur Deezer et sur SpotifyLe EP "Slow " en écoute sur Spotify

Quelques titres à découvrir ici
:

interview de Rumer
sur RTBF.be

Rumer

5 commentaires:

  1. Beaucoup de belles références pour cet album, dis donc... des noms qui me parlent.
    Je vais aller écouter, en ayant tout de même un peu peur de me retrouver face à une énième Duffy... Non ?

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  2. @alex : ah comme je l'ai dit (et redit), c'est de la variété grand public c'est sûr, mais avec ce petit plus "Bacharachien" savoureux... Après, on peut trouver le tout indigeste si on n'aime pas les confiseries chargées en glucose :-)
    Ou alors c'est moi qui ai un besoin de sucre exagéré ces temps-ci ? ;-)

    P.S. : quant à la pénible Duffy, elle porte bien son nom : je n'avais jamais entendu un canard chanter aussi bien en rythme :-)

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  3. Le yéti..tu peux y aller franco, rien à voir.

    Blake : j'aime beaucoup les deux albums de Duffy, et je supporte pas Norah Jones !!!! balle au centre ..et le centre, c'est Rumer.
    Ecoute, tu a frappé juste encore une fois. Quel disque. Je ne suis pas trop pour la surdose de saccharose, mais là, c'est la grande classe. Comment peut on composer un tel disc en 2011, quand je disais qu'on vivait sur le rétro.
    Merci en tout cas pour ce tuyau superbe. Tu connais A GIRL CALLED EDDY ?? chez ANTI-... pareille, vieux disc rétro hyper classe en 2004. C'est bizarre en ce moment (3 semaines) je plonge sur une triple compile Bacharach, vertigineux.


    ça fait trois fois qu'il passe.. faut que j'arrète...pas sympa le magret en entrée ...

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  4. Salut charlu : surpris, mais très content que tu apprécies Rumer, bulle rétro-seventies !
    Bon, on risque de l'entendre et la voir partout (plateaux télé en rafale, taratata saoûlants et cie) quitte à nous en fatiguer à la longue, mais comme tu dis chez toi, en attendant c'est tellement la classe et un parfum de printemps qui fait du bien.

    "A Girl Called Eddy" est inconnue à mon bataillon mais je la note sur mes tablettes, merci de tes tuyaux ;-)

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