dimanche 23 octobre 2011

Memory Of The 80's (20). THE DURUTTI COLUMN

Nouveau souvenir pour un "Memory Of The 80's" dont la musique paraît avoir été inventée exprès pour célébrer l'automne, sa splendeur douce-amère, sa douceur tranquille avant l'engourdissement progressif par l'hiver. Une des figures les plus obscures de la new wave britannique à l'oeuvre pourtant pléthorique, aussi discrète que pourtant essentielle, The Durutti Column.

The Durutti Column ou le groupe d'un seul homme, instrumentiste atypique et guitariste virtuose, autrement dit, Vini Reilly. Éthérée, cotonneuse et intimiste, sa musique fragile distille un charme persistant, aussi tenace aujourd'hui qu'il le fut à l'orée des années 80.

En témoigne "Never Known", sans doute un des plus beaux morceaux instrumentaux de l'histoire, avec ses cascades d'arpèges tournoyants et désolés, présent sur le mythique album "LC" paru il y a exactement 30 ans :



Une exception à lui tout seul que Vincent (dit Vini) Gerard Reilly, devenu guitar héros d'un mouvement cold wave qui avait pourtant le culte de cet instrument en horreur.

Musicien autodidacte à l'allure inquiétante de brigand moyenâgeux ayant développé un jeu de guitare empruntant au jazz, alors découvert par le manager Tony Wilson et produit par Martin Hannett, Vini Reilly est un fleuron de l'époque légendaire de la Factory période Joy Divison et le son de Durutti Column était un véhicule parfait pour son âme tourmentée, tentée par la dépression et l'anorexie.

Pourtant bien que profondément mélancolique, The Durutti Column (ainsi nommé en hommage aux révolutionnaires espagnols de 1936) avec son minimalisme ascétique hérité du post-punk, distille un étrange sensation d'apaisement, de recueillement introspectif et de délicatesse diaphane qu'ont peut aussi résumer sous le simple terme de beauté.



Dès son premier opus de 1980 "The Return of The Durutti Column", l'anglais avait posé les bases de son univers musical : section rythmique imperturbable, piano évanescent, effets électroniques, réverbération de cathédrale. Tous placés autour du son de guitare hypnotique, souple et cristallin qui habille d'une langoureuse majesté les plages souvent instrumentales de cet album fondateur, sur laquelle se pose parfois (rarement) la voix fantomatique comme absente du musicien.

Un nouveau genre à lui tout seul, entre ambient alternative, cold wave introspective et new wave automnale, déjà arrivé à sa perfection sur "LC" en 1981.

Bien que farouchement indépendant et à la tête d'une rebondissante carrière - plus d'une bonne trentaine d'enregistrements dont certains pour le défunt label belge "Les Disques du Crépuscule" - le surdoué solitaire Vini Reilly a depuis longtemps reçu l'hommage de ses pairs.

Ainsi, Brian Eno jure que "LC" est son album préféré de tous les temps, John Frusciante (Red Hot Chili Peppers) le tient pour le meilleur guitariste vivant et Martin Gore de Depeche Mode a reconnu son influence en reprenant son magnétique "Smile In The Crowd" sur son célèbre premier album de reprises, "Counterfeit" :





La discographie de The Durutti Column, riche et multiforme sous son apparente uniformité, à la lisière de nombreux genres, de l'expérimentation à l'électronic, reste encore à explorer. Même si on peut avouer un attachement particulier à sa première période dont les trois opus inauguraux "The Return of The Durutti Column" (1980), "LC" (1981) et "Another Setting" (1983) représentent le trio gagnant, entre splendeur minérale, invention musicale et intemporalité esthétique.












Une intemporalité toujours de mise puisque la jeune génération reconnaît à son tour son héritage : le chanteur des Drums Jonathan Pierce le citait dans Magic comme modèle d'intégrité et les MGMT l'ont salué en incluant un de ses titres sur leur récente LateNightTales.

Quand, en plus, la compilation toute fraîche "Fac. Dance" ressuscite les grandes heures de la Factory de Manchester (à lire sur Pop Revue Express), devinez qui trouve-t-on au détour des plages entre New Order et autres Section 25 ?

The Durutti Column
et son spleen atmosphérique aussi troublant en 2011 qu'il le fut il y a trente ans. Comme une bulle de tristesse apprivoisée aspirant au calme et au silence dans un monde bruyant et trop agité.



Tracklist :
1. Sketch For Dawn
2. Portrait For Frazer
3. Jacqueline
4. Messidor
5. Sketch For Dawn II
6. Never Known
7. The Act Committed
8. Detail For Paul
9. The Missing Boy
10. The Sweat Cheat Gone

"LC" (1981) ♥♥♥♥
The Durutti Column sur spotify & deezer et l'album "Another Setting" sur spotify

titres en écoute sur la Mini Playlist 80's
résumé de parcours sur Rhâââlovely
critiques de "LC" sur xsilence.net et inside rock

The Durutti Column.com

Factory Records

6 commentaires:

  1. ah, un truc que j'avais découvert chez e-pop et que j'ai pas encore pris le temps d'écouter... (ou gardé en réserve, c'est selon)
    le sketch for summer était vraiment bien et ce 'never known' tout pareil !

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  2. @la buze : il y a des "antiquités" qui gardent toute leur fraîcheur encore aujourd'hui : Vini Reilly et sa Durutti Column en font partie!
    Et merci de tes venues régulières :)

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  3. Hello.

    "LC" de Durutti Column est un superbe album, un bijou mais une bizarrerie Factory.
    Étrange songwriting que propose ce fer de lance du label Factory : une pop ouvragée et orchestrale, synth pop trempée dans des ambiances cold wave avec l’âpreté du Post-punk. C'est comme si Joy Division jouait avec John Cale des titres de son "Paris 1919" en mode slow-dark!!!

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  4. Oui, bizarrerie pour Factory à l'époque, mais Vini Reilly a taillé sa route et tout obscur qu'il soit encore pour certains, a marqué de sa discrète empreinte la scène indie depuis 30ans. Marginal mais unique :)

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  5. cher ami,
    voilà une espérance que je n'imaginais plus, parler toujours et avec amour de Vini Reilly et The Durutti Column... si adorés de ma personne, le spleen permanent, les boucles sans fin, comme une sorte d'automne qui ne finirai jamais mais serait beau de toutes ses couleurs pourpres et brunes...

    j'avais un 33 tours jadis, maintenant il me reste un cd qu'il me faut retrouver, et tes pistes d'albums essentiels deviennent ma liste de noël parfaite !

    merci l'ami

    amitiés

    christo

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  6. Merci de ta venue ici Christo, d'autant que le blog est un peu en stand-bye (encore!) pour des raisons temporaires (boulot surtout).
    Mais ravi si The Durutti Column te rappelle de bons souvenirs :)
    À plus !

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