lundi 2 avril 2012

DOMINIQUE A en plein jour

Il est parfois urgent d'attendre. Ainsi, le dernier Dominique A : l'ami nantais ne sort pas si souvent d'album - le dernier en 2009, donc avant la naissance de modeste espace - qu'un intervalle d'une semaine depuis sa parution s'imposait bien. 

D'autant que celui qui déboula il y a 20 ans avec La Fossette, bousculant l'air de rien le petit monde de la chanson, imposant son lyrisme minimaliste, son intégrité artistique et inspirant nombre de jeunes chanteurs (Florent Marchet, Arnaud Fleurent-Didier), semble être aujourd'hui au carrefour de son exigeant parcours.

Ainsi, ce neuvième album attire vers lui autant le regard de médias plus larges absents lors des précédentes étapes, que froisse les fans les plus hardcores de son oeuvre. Vers Les Lueurs sonne en effet comme l'opus le plus accessible, clair et lisible de son auteur. 
Volonté de sonner grand public, plus "chanson française" ? En tout cas, rupture évidente suite à l'énergique et post-new wave La Musique/La Matière, sommet de son parcours. Le son large ouvert de Vers Les Lueurs bâti autour d'un quintet à vents a de quoi décontenancer, lié à l'aspect inhabituel trop facile d'un single plus efficace qu'inspiré : 



Oublions ce titre premier degré décevant, écoutons la suite. Clairement, Dominique a cherché à élaguer, privilégiant l'aspect plus immédiat et direct de son écriture, qu'elle s'exerce sur un format pop-rock (un Vers le bleu très Florent Marchet, un Close West rageur d'inspiration Noir Désir) ou compositions au spleen mélancolique qui n'appartient qu'à lui (Quelques Lumières, Ce Geste Absent).
Une démarche plus simple applicable au format de la scène. Qui, grâce à une qualité d'inspiration toujours tenue, ne sonne tout de même pas comme la compromission commerciale que lui reproche certains. 

Qu'il ait déjà produit plus fort, nul doute. Mais n'ayant jamais été trop fan de son côté le plus ardu (jamais pris grand plaisir au radical Remué), il aurait été de mauvaise foi de le voir surjouer l'artiste obscur et abscons, ou de lui en vouloir d'avoir tenté de changer de terrain de jeu. Une approche qui sonne comme une volonté d'habiller de couleurs plus vives le même tableau sans en changer de motif.  

Vers les Lueurs semble autant inspiré (en moins fort, O.K.) par l'approche du dernier My Brightest Diamond enluminé des bois de l'ensemble yMusic, qu'un hommage à la thématique de Lumières, l'album culte de Manset, et surtout le prolongement de ses précédents Auguri et Tout Sera Comme Avant, déjà ouverts sur l'espace et le grand jour. Des albums qui sont ceux que je préfère, surtout l'éclatant Auguri.  


Nouveau départ vers un auditoire plus large ou album de transition à relativiser plus tard ? Ce disque franc, qu'on souhaiterait parfois plus fou, décevra sans doute les habitués, en tout cas ne les surprendra pas. Mais ménage tout de même de jolies étapes, surtout dans ses titres les plus intimes (sincère Parce Que Tu Étais là, touchant Ce Geste Absent, beau titre-fleuve Le Convoi, fascinant Par les Lueurs), qui valent bien que l'on emprunte le nouveau chemin, certes plus balisé, d'un artiste hier plus prompt à se mettre en danger.

Mais lorsque la magie opère, comment résister à la vibration de ses mots, le frisson de sa voix, définitivement la plus belle de la scène française ?



1. Contre Un Arbre
2. Rendez-Nous La Lumière
3. Ostinato
4. Parce Que Tu Étais Là
5. Parfois J’Entends Des Cris
6. Close West
7. Loin Du Soleil
8. Quelques Lumières
9. Vers Le Bleu
10. La Possession
11. Ce Geste Absent
12. Le Convoi
13. Par Les Lueurs
14. Des Leurs (bonus Fnac)
15. Mainstream (bonus Fnac)

Dominique A. Vers les Lueurs (Cinq 7/Wagram) paru le 26 mars 
♥♥♥
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dominique a
dominique a comment certains vivent

2 commentaires:

  1. Je suis très déçu par cet album de Dominique A. Qui nous propose ici une production grossière mis à part deux trois morceaux... La poésie de ses textes souffre de la mise en son qui manque de délicatesse et n'arrive que rarement au niveau de ses albums précédents. Grosse déception que j'espère juste passagère.

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  2. Je peux comprendre cette relative déception, Didier, autour de cette production un peu hésitante : intimisme instrumental ou pop rock de base un peu banal ?
    Mais même si l'on y voit son envie de faire un pas vers le plus grand nombre, Mr A. garde quand même une bonne tenue, mélodique et thématique, plus que dans l'écriture moins soignée, point le plus faible de cet album qu'on replacera ensuite suivant la suite de son parcours.

    Quand même, rien que pour la beauté du "Convoi" et de "Par Les Lueurs"...

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