samedi 14 mai 2011

WEEK-END POP (2). Le revival GAYNGS

Recyclons, recyclons... L'avenir pop, en plus des collectifs, serait-il aussi dans le revival soft-rock ? Hé oui, si les artistes recyclent et récupérent, faut pas se gêner, moi aussi.

À première vue, Gayngs a tout pour qu'on ne le prenne pas au sérieux. Un "super-groupe" au logo voyant digne des mastodontes rocks d'une autre époque.
Un personnel fluctuant, où l'on retrouve/découvre des membres d'indie bands qui vont des méconnus Solid Gold, Megafaun, The Rosebuds à deux membres de Bon Iver, dont carrément Justin Vernon ou un comparse d'Andrew Bird. Un emballement médiatique de la presse anglo-saxonne, voire un buzz pour "The Guardian" autour de leur concept.

Et surtout, le super-projet (25 membres!) de l'hurluberlu Ryan Olson, à la dégaine de night-clubber en goguette qui s'est mis en tête de réhabiliter le soft-rock millésimé seventies. Et principalement celle des (adorés ou détestés) Ten CC, les maîtres de la pop soyeuse qui tournait en boucle sur les radios de notre enfance. Plus exactement, les auteurs de l'immortel "I'm Not In Love", paragon du slow aux choeurs irréels en cascade :



Chanson à la fois intouchable et kitsch, qui obsède apparemment l'ami Olson qui tourne autour de cet astre pop comme un satellite perdu en rotation. "Relayted" est ainsi un étrange objet discographique, en décalage spatio-temporel - qui ose citer si franchement cette influence maintenant ringarde ? - mais aussi typiquement de notre époque, très "tendance" :



N'a-t-on pas vu ces dernières semaines voire années, se déployer toutes ces seventies brandies en étendard comme un âge d'or musical inatteignable ? De la synth-pop de Twin Shadow, la chillwave de Toro Y Moi au folk sous influence seventies d'Iron And Wine et surtout la néo-soft-pop de John Grant ou Destroyer avec "Kaputt", la sphère rock indé n'en finit pas d'arpenter les années 70 à la recherche d'un eldorado musical vintage révolu, mais toujours inspirant.













Comme un chevalier parti dans sa croisade pour la réhabilitation des vocaux vaporeux, des claviers cotonneux et des saxophones plaintifs et langoureux (!), Gayngs propose un singulier voyage.
Car on ne sait si l'album oscille entre l'exercice de style pastiche, l'hommage sincère (Olson y reprend le tube "Cry" de Goldley & Creme, duo originel de Ten CC), virages expérimentaux et parfois longuets - avec des titres de 7 mn, rien d'étonnant - ou funk-pop songs sur orbite en fin de parcours (Crystal Rope) :



Évidemment, cela nécessite de l'auditeur un temps d'acclimatation à cette atmosphère hors d'âge. L'aspect conceptuel de super-groupe de studio cède alors le pas à un décollage en apesanteur, entre passé et présent, largage complet des amarres (Spanish Platinum) ou électro pop pré-Daft Punk (Ride) :



Bizarre album
auquel on adhère sur la longueur, le tout ne se départissant pas d'un flirt avec le mauvais goût et un côté foutraque mais furieusement nostalgique. Une preuve avec le visuel kitscho-réjouissant de la pochette intérieure :


Un retour assumé à l'époque où des super-producteurs oscillants entre mégalo pure et easy listening grand public (Trevor Horn, Rick Ocasek, Thomas Dolby) construisaient des cathédrales sonores splendides et dérisoires, bulles pop vite démodées mais en quête d'éternité. Le destin des Gayngs ? À vous de voir.

Tracklist :
1. The Gaudy Side Of Town
2. The Walker
3. Cry
4. No Sweat
5. False Bottom
6. The Beatdown
7. Crystal Rope
8. Spanish Platinum
9. Faded High
10. Ride
11. The Last Prom On Earth
Gayngs. "Relayted" (Jagjaguwar) (2010) ♥♥♥
en écoute sur Spotify
chroniques sur Esprits Critiques et Little Reviews (pour ce dernier, je ne suis pas d'accord, mais au moins ça appelle au débat)

myspace Gayngs

2 commentaires:

  1. bon, ben j'étais passé à côté de cet album, moi. Ton article me donne envie d'aller y jeter une oreille en tout cas, d'autant que je suis assez client de revival soft rock, surtout quand c'est fait avec talent comme chez Gonzales !

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  2. Yes ! J'ai trouvé UN disque que tu ne connais pas.
    Blague à part, content de te donner envie d’écouter, car mauvais revival Ten CC pour certains ou relecture seventies inspirée pour d'autres, du coup j'attends ton avis ;-)

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