jeudi 3 novembre 2011

Une petite pinte de BLOOD ORANGE ?

Voilà un petit remède pour combattre la mauvaise saison et se fortifier, et même si l'album en question date de la fin de l'été dernier, il n'est pas trop tard pour y goûter. Encore une relecture des eighties (c'est une épidémie, on vous dit!) que l'on doit à Devonte Hynes, touche-à-tout caméléonesque remuant.

Autrefois versé dans l'underground bruyant avec Test Icicles, hier mieux identifié sous le nom de Lightspeed Champion en néo-folkeux alternatif au look criard entre Prince et Elvis Costello, l'homme a la bougeotte et accumule vite les projets.
Blood Orange, le dernier en date, le plus personnel selon lui, qui recrée le minimalisme et le glamour des années 80, semble un tournant dans son parcours. En tout cas, celui qui me convainc le plus, étant resté très étranger à ses étapes précédentes.

Disque nostalgique d'une période eighties qu'il n'a pourtant pas connue, Coastal Grooves est une collection de pop songs catchy, aux couleurs minimales et théâtrales, autant carrées que charnues à la fois, l'introductive Forget It ou l'addictive Sutphin Boulevard en premier lieu, un des meilleurs singles pop du moment :



Ne pas prêter attention à l'intitulé des références évoquées par l'intéressé qui ont de quoi faire peur (Duran Duran, Billy Idol, Genesis!), mais reconnaître l'efficacité et le charme de cet indie soft smooth pop à l'écriture ciselée, souvent des états d'âme vus d'un point de vue féminin.

Rien d'étonnant alors, car selon l'énergumène toujours, le disque est à écouter comme le journal de bord des déconvenues d'une tapineuse ou d'une drag queen esseulée. Celle de la pochette?

Disque-concept ou pas, l'atmosphère distillée par cette bulle musicale et le chant androgyne de Devonte Hynes, proche du Prince de l'époque, inspire une ambiance certaine, aussi glamour et maniérée que chiffonnée et abandonnée, entre séduction kitsch et minimalisme retenu.
Il est vrai qu'on y croise autant les échos de la J pop des années 80 (Yellow Magic Orchestra) que ceux d'une new wave précieuse (China Crisis, Japan) aux accents funky d'une black music métissée :



Mais qu'on ait connu ou non la décennie 80, et surtout qu'on l'aime ou pas, importe peu, tant l'aventure offerte par Blood Orange peut se rapprocher d'autres voyages entrepris il y a peu : des productions de Danger Mouse, du Forget stylé de Twin Shadow, des métissages temporels de Toro Y Moi ou des rêveries soft pop de Destroyer.













Pas de quoi cependant réconcilier les adversaires des eighties, ceux qui trouvent la volonté de recréer la décennie 80, jusque dans ses défauts, un exercice assez vain. On n’ira pas jusque là, l’ensemble ne manquant pas de classe (beau jeu de guitare), avec toutefois le bémol de trouver à Blood Orange un petit côté clinique, comme un exercice de style trop maîtrisé au bout du compte.

Ensuite, à savoir qui est vraiment Devonte Hynes ? Avouons qu'on s'en moque un peu, tant que cet album multi-facettes, moderno-passéiste, rétro-contemporain et aussi épuré que clinquant, continue à dispenser son indéniable charme aux qualités énergisantes.
Un bon petit remède de saison, comme je disais.

Blood Orange Forget It

1. Forget It
2. Sutphin Boulevard
3. I'm Sorry We Lied
4. Can We Go Inside Now
5. S' Cooled
6. Complete Failure
7. Instantly Blank (The Goodness)
8. The Complete Knock
9. Are You Sure You're Really Busy
10. Champagne Coast

Blood Orange. Coastal Grooves (Domino Records) sorti le 29 août 2011
♥♥♥
en écoute sur spotify et deezer 
à lire sur nuage noir, les inrocks et magic 

2 commentaires:

  1. Hi The Blake.. pas dégueux ces deux trouvailles à consonnances 80's effectivement. Les comparaisons sont très pertinentes..et du coup, j'ai écouté les deux hier.. petite préférence pour Still corners.
    Merci pour ces infos de pop moderne Blake.
    A+++

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  2. Salut charlu : c'est gentil le mot "trouvaille", mais j'avoue qu'on en a déjà parlé avant moi (Benoît pour Still Corners) et les pros (Inrocks & cie) pour Blood Orange, mais c'est gentil !
    Et tu as raison, je finis par avoir le profil (ou peut-être leurs goûts, parfois?) des scribes de Magic, les pros de la "pop moderne". Pop sans doute, pas trop "hype" et volatile, j'espère...
    À +++ aussi ;)

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