mercredi 5 mai 2010

FESTIVAL. Le Barnum de Cannes

Le joli mois de mai, c'est le mois du muguet, des jours fériés et des ponts - quoique cette année, ils tombent mal ! - et surtout, pour tous les cinéphiles, celui du Festival de Cannes.

D'ici à peine une petite semaine donc, tous les médias planteront leurs chapiteaux voyants sur la Croisette et braqueront leurs gros yeux avides sur Cannes qui deviendra le centre absolu du monde pour eux pendant douze jours.

Douze jours qui devraient en théorie réjouir les amoureux des salles obscures, mais avouons que cela fait bien des années (pas depuis le début quand même ?) qu'on n'y parle plus vraiment de cinéma et que le Festival est devenu une vitrine tapageuse et bruyante, vampirisée par des people et des pseudo-célébrités en manque de bains de foules.

Relayée par des médias obsédés par de grasses audiences - l'omniprésente Canal + en tête avec les rituelles Cérémonies d'ouverture et de clôture - la Fête est devenue un cirque nouveau riche surexposé, souvent obscène et peu propice aux critiques, découvertes et emballements cinéphiles.

"Le Grand Journal"
du transparent passe-plat Michel Denisot sur Canal étant l'émission qui couvrira quotidiennement l'événement, on y jettera quand même un oeil, ainsi que le plus rigoureux "Journal de la Culture" sur arte.
Mais j'essaierai d'éviter soigneusement toute autre chaîne, pour échapper au robinet à "peopleries glamoro-vulgaro-exhibo-auto-satisfaites".

À part ça, quelles réjouissances au programme pour cette édition présidée par le grand enfant Tim Burton ? À première vue, cette année, une sélection plus recentrée sur la vraie cinéphilie, pure et dure. Plutôt bien vu, Messieurs Thierry Frémaux et l'inamovible Gilles Jacob.

Au hasard de la Sélection Officielle et Un Certain Regard, les nouveaux films de réalisateurs de haut vol : Takeshi Kitano, Bertrand Tavernier, Manoel De Oliveira, Hong Sang-soo, Mike Leigh, Alejandro Gonzales Inarritu, Abbas Kiarostami avec Mrs Juliette BinÔÔche, Lee Chang-Dong, Xavier Beauvois, Apichatpong Weerasethakul (mais non, c'est facile à prononcer).

Sûr que les 20h de TF1 ou de France 2, pour leur audimat, préfèreront recevoir Russell Crowe pour "Robin des Bois" ou un Michaël Douglas surbotoxé pour "Wall Street, 22 ans après", ou encore le petit film d'un petit nouveau, Woody Allen.
J'ai noté la sélection du dernier Godard (ah, il était pas mort, le Jean-Luc?), "Vie Socialisme" (une comédie familiale, certainement ?) qui, si le cinéaste suisse est présent, brisera sans doute le ronron médiatique.
Prometteurs aussi, le film "Carlos" d'Olivier Assayas, version ciné d'une série télé sur le terroriste, hein, pas le chanteur de Big Bisou ! ;
les nouvelles oeuvres des très doués Lodge Kerrigan (réalisateur de Keane) ; "Rebecca H." produit par la française Sylvie Pialat avec un casting frenchy également, Géraldine Pailhas et Pascal Greggory ;
"Kaboom" ou les premiers émois sexuels de jeunes étudiants vus par le no future destroy Gregg Araki (réalisateur de Mysterious Skin) ;
ou encore "Tamara Drewe", l'adaptation à l'écran d'une B.D. de Posy Simmonds par le very british Stephen Fears, qu'on ne présente plus.
Et même, plus surprenant à Cannes, "Chatroom", le dernier-né tourné aux U.S.A du japonais Hideo Nakata, l'auteur des cultissimes films "Ring" et "Dark Water". Un film fantastique plutôt prometteur, sur le papier.
Un autre événement qui ferait - presque - regretter de ne pas être sur La Croisette, c'est La Leçon de Cinéma dispensée par le maître Marco Bellochio, dernier grand metteur en scène de l'âge d'or du cinéma italien.
Comme chaque année, on se résignera donc à suivre l'actualité Cannoise, pourvoyeuse de futures réjouissances - ou déceptions - cinéphiliques, une partie de la sélection étant visible en salles au même moment. (Et le reste, je le verrai dans un Festival en juillet qui se tient dans une ville dont vous devriez deviner le nom, non ? cherchez donc dans mes bafouilles précédentes)
Ouverture du cirque, donc, le 12 mai à 19h.
Voici la liste complète de la Sélection Officielle :
ANOTHER YEAR de Mike LEIGH
BIUTIFUL
de Alejandro GONZÁLEZ IÑÁRRITU
COPIE CONFORME de Abbas KIAROSTAMI
DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier BEAUVOIS
FAIR GAME de Doug LIMAN
HORS LA LOI de Rachid BOUCHAREB
LA NOSTRA VITA de Daniele LUCHETTI
LA PRINCESSE DE MONTPENSIER de Bertrand TAVERNIER
ONCLE BOONMEE CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTÉRIEURES (LUNG BOONMEE RALUEK CHAT) de Apichatpong WEERASETHAKUL
OUTRAGE de Takeshi KITANO
POETRY de LEE CHANG-DONG
RIZHAO CHONGQING de WANG XIAOSHUAI
MON BONHEUR (SCHASTYE MOE) de Sergei LOZNITSA
UN GARCON FRAGILE-LE PROJET FRANKENSTEIN (SZELÍD TEREMTÉS-A FRANKENSTEIN TERV) de Kornél MUNDRUCZÓ
THE HOUSEMAID de IM SANG-SOO
TOURNÉE de Mathieu AMALRIC
UN HOMME QUI CRIE de Mahamat-Saleh HAROUN
L'EXODE, SOLEIL TROMPEUR 2 (UTOMLYONNYE SOLNTSEM 2, PREDSTOYANIE) de Nikita Milkhakov
Les films Hors Compétition :
L'AUTOBIOGRAPHIE DE NICOLAS CEAUSESCU (AUTOBIOGRAFIA LUI NICOLAE CEAUSESCU) de Andrei UJICA
CARLOS de Olivier ASSAYAS
KABOOM de Gregg ARAKI
L'AUTRE MONDE de Gilles MARCHAND
ROBIN DES BOIS (ROBIN HOOD) de Ridley SCOTT
TAMARA DREWE de Stephen FREARS
THE TREE (L'ARBRE) de Julie BERTUCCELLI
WALL STREET, L'ARGENT NE DORT JAMAIS (WALL STREET, MONEY NEVER SLEEPS) de Oliver STONE
YOU WILL MEET A TALL DARK STRANGER de Woody ALLEN

Pour les autres sélections (Un certain Regard, la Quinzaine des Réalisateurs, la Caméra d'Or, la Semaine de la Critique) ou la liste des membres des divers jurys, un petit effort, à vous d'aller consulter le site officiel du Festival ici
et également le site de l'inévitable Canal+ riche en exclusivités, avouons-le et encore la page spéciale Cannes sur arte.tv
On se quitte avec l'affiche officielle de cette 63ème édition. Tiens donc, mais c'est encore Mrs Juliette BinÔÔche.
Et Cannes, ça vous inspire quoi, vous ?

2 commentaires:

  1. Cannes, au delà des paillettes et du grand cinéma international, c'est aussi des scandales: le tôlé qu'avait provoqué "La grande bouffe" lors de sa projection, des colères: Pialat levant le poing et disant "Je ne vous aime pas non plus!", de la douceur: Vanessa chantant pour Jeanne Moreau, et des faux pas: Sophie Marceau s'égarant dans un discours extravagant...

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  2. Oui, c'est là aussi où des inconnus rentrent dans la lumière - Tarantino, superstar après la projection de "Pulp Fiction" - et que les stars confirment qu’elles le sont bien : jamais vu plus élégant et glamour que le couple Deneuve-Bowie présentant « Les Prédateurs » en 1983. Mon Dieu, ça ne nous rajeunit pas, pourtant j’ai l’impression que c’était hier…

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