vendredi 21 mai 2010

LIVRES. Les Beatles de l'écriture, épisode 4 final

Feuilleton Beatles littéraires, suite et fin : après McCartney-Julian Barnes, Lennon-Martin Amis, et Harrison-Ian McEwan, on termine donc avec l'équivalent du dernier Beatles, le fidèle Ringo Starr, seul des quatre musiciens à ne pas composer, ou si peu...

Batteur professionnel recruté par les trois autres après l'éviction de Pete Best par leur exigeant producteur, l'indispensable George Martin, Richard Starkey (dit Ringo à cause de sa bagouse au doigt), fut l'élément garantissant par sa nonchalance, sa modestie et son humour absurde, la cohésion musicale - et humaine - du quatuor.

Dans la même catégorie genre "rigolo officiel", au tempérament "clown triste", voici donc le dernier écrivain britannique Beatlesien, j'ai nommé : Jonathan Coe.












Coe, peut-être mon préféré de tous, est l'auteur d'une oeuvre littéraire plutôt décapante, à l'humour mordant et à la férocité réjouissante, mélange de colère, de léger désespoir et de tendresse assez enthousiasmant.

Amoureux du cinéma (il a publié deux livres-portraits d'acteurs, l'un consacré à Humphrey Bogart, l'autre à James Stewart), amateur depuis sa jeunesse de rock et de pop, et fervent opposant à la politique libérale anglaise depuis l'ère Thatcher, il est bien le plus anti-establishment des quatre auteurs concernés.

Les livres de Coe mettent toujours en scène des personnages extrêmement humains et attachants, souvent perdus et inadaptés dans une société compétitive impitoyable, sans concession pour les plus faibles.











Ainsi, "Les Nains de La Mort", un de ses premiers ouvrages, polar-prétexte à revisiter la période musicale post-punk de sa jeunesse. Ou le dyptique "Bienvenue au Club"/"Le Cercle Fermé", mettant en scène dans le premier un groupe d'ados idéalistes des années 70 et dans le second, ce qu'ils sont devenus dans les années 80/90, celles du capitalisme triomphant.
Son dernier ouvrage paru : "La pluie, avant qu'elle tombe".

Mais si l'on ne devait retenir que deux de ses livres, ce serait "La Maison du Sommeil", un roman paru en 1998, à la construction sophistiquée et diabolique, décrivant un même lieu situé à deux époques différentes, et mêlant personnages d'étudiants à la recherche d'eux-même, critique de moeurs et sociale, et complexité narrative de haut vol.

Et si jamais vous ne deviez vraiment en lire qu'un seul, ce sera sans hésitation "Testament à l'Anglaise", publié en 1995, un chef-d’œuvre d'humour grinçant et de folie parodique.

Un réjouissant jeu de massacre épinglant une famille d'aristocrates parvenue à tous les postes du pouvoir politique et économique de la Grande-Bretagne.

Une parabole cruelle, burlesque et virtuose, à la fois parodie de roman policier, portrait d'une Angleterre pervertie par l'argent et la politique, et un roman feuilletonesque décalé et inventif.

Tous les livres de Jonathan Coe sont publiés aux Éditions Gallimard et en poche chez Folio ...comme d'ailleurs tous les livres de ces "Beatles littéraires". Serait-ce encore un signe ?

La Maison du Sommeil : folio n° 3389, 480 pages, 8,20 €.
Testament à l'Anglaise : folio n° 2992 , 688 pages, 9,20 €.

Voilà : le petit voyage est terminé. J'espère que ce petit jeu comparatif excentrique n'aura, ni agaçé les amoureux des quatre de Liverpool, ni offusqué les amateurs de littérature anglaise contemporaine.
N'hésitez pas, d'ailleurs, à me faire part de vos avis, remarques ou objections, le net est fait pour ça. Si ces petits billets vous auront donné un peu envie de parcourir les bouquins de ces auteurs avec un disque des Fab Four en fond sonore, alors vous m'en verrez ravi...


En bonus : les quatre chantant "All Together Now" (1969) :



Et, au fait, peut-on savoir qui est votre Beatles préféré ? Mais si, mais si, on a tous un préféré...

3 commentaires:

  1. Et bien sitôt lu ta chronique, sitôt acheté "Testament à l'anglaise". Tu m'as donné envie de lire un auteur que je ne connaissais pas. T'en dirai des nouvelles.
    Mon beatles préféré? Mc cartney, sans hésiter.

    RépondreSupprimer
  2. Ah, très honoré si mon avis porte se fruits et donne vie de lire si vite ! Mais si la lecture du Coe ne t'emballe pas, je ne garantis pas de rembourser le bouquin pour autant ! :-)

    RépondreSupprimer
  3. Ah, et mon Beatles préféré à moi est - après moult tergiversations - également, Paulo McCartney, pour son talent (génie?) de mélodiste incomparable... Mais j'aime surtout le duo Lennon/McCartney, ingrédient fondateur de la potion musicale miraculeuse des Beatles...

    RépondreSupprimer