Mais l'actualité cinéma joue plutôt en ma faveur, puisque sont sortis récemment deux films que votre serviteur a vus cet été en avant-première et dont je vous avais touché un rapide mot ici. L'occasion de redire tout le bien que j'en pense, sans me répéter j'espère...
Deux films qui abordent au fond chacun deux éléments fondamentaux de nos vies à tous...
L'amour d'abord avec le deuxième film du québécois Xavier Dolan "Les Amours Imaginaires", qui confirme son jeune talent avec cette chronique des affres de l'amour en forme de (faux) film branché maniéré.
Au final, un vrai petit bonheur de cinéma, et une analyse assez pertinente des illusions amoureuses.
Sur un sujet parcouru de long en large par le cinéma, souvent français et parisien - deux jeunes gens, Marie et Francis, amoureux du même troisième, Nicolas - Dolan règle un réjouissant et ironique ballet des sentiments de ces jeunes gens encore plus amoureux du sentiment amoureux que de l'être aimé.
Air connu : il soigne donc la forme, illustre en vrai styliste pop leurs fantasmes et projections - toute cette cristallisation sur des petits riens, objets, rites, moments où les amoureux se rêvent en néos-James Dean ou Audrey Hepburn - enveloppe le tout d'une bande originale ironique (Bach, The Knife et ... Dalida!), sans oublier ces vrais-faux témoignages d'anonymes (?) québécois dissertant sur leur vie sentimentale, souvent hilarants.
Volontiers poseur et dandy, à l'image de son auteur-acteur, ce film qui a tout pour agaçer et en agaçera de fait certains est tout de même assez irrésistible, car drôle et triste à la fois, et d'une férocité et justesse assez étonnantes pour un si jeune metteur en scène.
Xavier Dolan, tout narcissique tête-à-claques qu'il soit, a réussi un film pop mélancolico-euphorisant.
Peuplé de citations cinéphiles - ralentis Wong Kar-waïens, couleurs Almodovariennes, plans Gus Van Santiens - qui n'empêchent cependant pas cette promenade aux (faux) airs superficiels d'être un film malicieux, finalement personnel, et plus amer qu'il n'y paraît.
Peuplé de citations cinéphiles - ralentis Wong Kar-waïens, couleurs Almodovariennes, plans Gus Van Santiens - qui n'empêchent cependant pas cette promenade aux (faux) airs superficiels d'être un film malicieux, finalement personnel, et plus amer qu'il n'y paraît.
Et une mention spéciale à l'épatante Monia Chokri, attachante Marie...
De courts extraits du film :
"Les Amours Imaginaires" (Québec, 2009) Réalisation et scénario : Xavier Dolan. Chef-Opérateur : Stéphanie Weber-Biron. Production : Remstar Media Partners. Distribution : MK2 Diffusion. Durée : 95 mn.
Avec : Xavier Dolan (Francis) ; Monia Chokri (Marie) ; Niels Schneider (Nicolas) ; Anne Dorval (la mère de Nicolas) ; Perrette Souplex (la coiffeuse) ; l'invité (Louis Garrel)
... Le travail ensuite, denrée primordiale car fragile, dans une société qui le maltraite de plus en plus.
Sur le sujet, rien ne remplace le regard du documentaire, d'autant que le film Entre nos mains", bénéficie du regard précieux de la documentariste Mariana Otero, auteur entre autres, du magnifique film familial "Histoire d'un secret."
Plantant sa caméra dans une entreprise de lingerie féminine à l'heure de son dépôt de bilan dû au patron indélicat que l'on ne verra jamais à l'écran, c'est grâce à sa patience et sa discrétion que nous assistons aux multiples échanges et questionnements qui secouent les employé(e)s : doivent-ils (elles) soutenir financièrement ce projet de SCOP (Société Coopérative de Production) qui leur permettrait de prendre en main la société, et leur avenir ?
S'immiscant avec complicité dans ce quotidien pétri de doutes, Mariana Otero filme en douceur la progression possible de l'individu isolé, doutant, hésitant, consultant les collègues, se méfiant de leurs délégués, soupesant le pour et le contre ... jusqu'à pourquoi pas, la reprise effective possible de l'entreprise en un collectif durable.
Belle utopie qui rassemble les ouvrières, à l'origine éclatées en clans, beaux portaits de femmes à la spontanéité et au naturel radieux qui figurent parmi les plus beaux moments d'un film toujours digne, car respectant toujours ses intervenants filmés.
Sans trop craindre de rompre le suspense, on peut révéler que, face aux manoeuvres tordues du patron, qui préfère sacrifier la viabilité de sa boîte plutôt que de la voir perdurer sans lui, l'utopie fera long feu...
Dur retour à la réalité, amer et pourtant pas désen-chanté, puisque la réalisatrice a le courage de clore son film sur une séquence douce-amère, dernier élan collectif qui voit ces héroïnes du quotidien sublimer leur déception.
Soudain, c'est le cinéma de Jacques Demy qui fait son irrruption, jolie conclusion d'un film élégamment et éminemment politique, où l'on se plaît à espérer pour nos lendemains à tous, sans angélisme, plus d'élans collectifs qui permettraient à chacun de passer d'instrument anonyme à seul maître de son destin. ... C'est trop demander ?
Vu en avant-première en présence des principales "actrices" de l'histoire, ce film à voir sans restriction prenait de fait pleinement toute sa dimension sociale et humaine.
Bande-annonce et extrait :
"Entre nos mains" (France, 2010). Documentaire. Réalisation et photographie : Mariana Otero. Musique : Fred Fresson. Producteur : Denis Freyd (Archipel 33). Distribution : Diaphana Distribution. Durée : 90 mn. sorti le 6 octobre 2010
article sur Le Monde Diplomatique
Hello Blake.
RépondreSupprimer"Les Amours Imaginaires" de Xavier Dolan à l'air très bon. Ce film me fit très envie mais ces derniers temps, entre le boulot et la grippe, pas trop eu de temps, bref.
De part sa bande son "indie pointue" (Fever Ray, The Knife...), son raffinement formel moderniste, je trouve très juste le terme que tu as employé de "styliste pop" !!
A +
... Bon, faut soigner cette grippe alors, et éviter de prendre les courants d'air au ciné ;-)
RépondreSupprimer