Des chroniques : musique, rock & pop, playlists audio. Des chroniques, quoi...
vendredi 8 octobre 2010
DVD-CINÉ. La beauté simple de Still Walking
La simplicité en art étant finalement plus difficile à atteindre qu'on ne le pense et donc peu courante, je salue d'autant plus, à travers cette petite séance de rattrapage DVD, l'un des plus beaux filmsréalisés ces dernières années, "Still Walking" du subtil réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda.
Chaque été à Yokohama, une famille se réunit pour fêter le souvenir d'un événement important. Dans la maison, la mère (Toshiko) et la fille préparent le repas en plaisantant alors que le père, ancien médecin entouré de ses petits-enfants, ronchonne.
Le fils (Ryota) et sa nouvelle femme arrivent, manifestement peu enthousiastes. Tous attendent un invité particulier.
Rien de plus revivifiant, chaleureux et universel que ce film pourtant si japonais qui confirme tout le talent de chroniqueur impressionniste du sensible Hirokazu Kore-Eda, auteur du mémorable "Nobody Knows" (2004), touchant film sur de jeunes enfants livrés à eux-mêmes après le départ de leur mère.
Mélange d'observation, de relative cruauté et de tendresse, "Still Walking" porte un regard perpétuellement juste et affûté sur la cellule familiale,sujet inépuisable s'il en est.
Dévoilé discrètement en cours de film, l'identité du fameux tiers - ancien enfant sauvé de la noyade par l'autre fils de la famille, disparu à cause de lui - éclairera d'un jour nouveau, plus douloureux, ce qu'auparavant on pouvait prendre pour une modeste chronique familiale.
Tout l'art de Kore-Eda est justement dévoluer sur le fil, en équilibre délicat entre quotidienneté et tragique.
L'ombre du fils/du frère disparu plane sur tous, faisant renaître autant de regrets, de ressentiments, de petites douleurs jamais guéries.
Une journée d'été ensoleillée où rien n'a l'air grave, mais où tout se joue sous l'apparente décontraction : la culpabilité des survivants, un père qui a du mal à accepter les choix de vie de son fils (excellent Hiroshi Abe dans la peau de Ryota), une mère consciente de "torturer" le maladroit survivant car à jamais inconsolable, le temps qui passe et éloigne les générations...
En peintre subtil des sentiments, Kore-Eda brosse un tableau émouvant des relations parents-enfants, entre amour et déception, attachements profonds et besoin d'émancipation.
Comme la mélodie discrète mais tenace évoquée dans l'histoire, ce film attachant et jamais cérémonieux car souvent drôle et plein d'humour, entonne une musique d'une justesse universelle où chaque spectateur ne pourra qu'y retrouver certaines similitudes troublantes avec sa propre tribu, comme s'il était un membre caché de cette famille de Yokohama.
Une oeuvre qui s'inscrit dans la pure tradition du cinéma japonais à la Ozu, mais en plus attachant, ou plus vibrant, et qui rappelle la justesse et la douceur des mangas du grand dessinateur Jirô Taniguchi.
Sans aucune démonstration ou tour de force spectaculaire, ce film humaniste doux-amer touche au coeur.
C'est la vie comme elle va, mais comme illuminée par la subtilité de touche d'un vrai artiste.
Décupler la vie et en révéler toutes les beautés et fragilités, c'est bien là le signe d'une réelle oeuvre d'art.
"Still Walking" (Japon, 2009). Réalisationet scénario : Hirokazu Kore-Eda. Chef-opérateur : Yutaka Yamazaki.Musique : Gontiti. Production : Cine Qua Non Films. Distribution : Pyramide Films.Durée : 115 mn.
AvecHiroshi Abe(Ryota) ; Yoshio Harada(Kyohei, le père) ; Kirin Kiki(Toshiko, la mère) ; Yui Natsukawa(Yukari, la femme de Ryota) ; You (Chinami, la soeur de Ryota).
Ben , tu vois moi ce film m'a fait chier au plus haut point, à tel point que je me suis barré au bout d'une heure tellement j'en pouvais plus. C'est terrible quand un film ne te parle pas comme ça ! Terrible !
Ah bon ? Mais je comprends : contre l'ennui, on ne peut pas lutter ... Dommage, moi, j'ai trouvé que c'était un film touchant, et il y a vraiment des ressemblances avec la sensibilité de Taniguchi, je trouve, ou encore "Mes Voisins les Yamada", le film d'animation de Takahata, qui auraient pu te parler ... J'aime bien la description de la vie quotidienne japonaise, faut dire ;-)
Ben , tu vois moi ce film m'a fait chier au plus haut point, à tel point que je me suis barré au bout d'une heure tellement j'en pouvais plus. C'est terrible quand un film ne te parle pas comme ça ! Terrible !
RépondreSupprimerAh bon ? Mais je comprends : contre l'ennui, on ne peut pas lutter ...
RépondreSupprimerDommage, moi, j'ai trouvé que c'était un film touchant, et il y a vraiment des ressemblances avec la sensibilité de Taniguchi, je trouve, ou encore "Mes Voisins les Yamada", le film d'animation de Takahata, qui auraient pu te parler ...
J'aime bien la description de la vie quotidienne japonaise, faut dire ;-)