Malgré un petit manque de temps ces jours-ci, retour aux p'tites chroniques...
Celle-ci pourrait très bien être sous-titrée "le réveil du distrait", car pour les auteurs des deux premiers disques évoqués, j'avoue n'avoir que très vaguement identifié leur nom et leur musique ces dernières années.
Il aura fallu la sortie de leurs nouveaux albums respectifs pour que j'écoute réellement leur production. Ce qui, dans le cas de Deerhunter, prouve que Pitchfork et moi, ça fait vraiment deux, puisqu'il paraît que la bible du rock indé U.S. fait une légère fixation sur ce groupe venu d'Atlanta.
Et j'aurai eu tort, car il m'a suffi l'écoute d'un seul titre, "Desire Lines" - rock séminal de plus de six minutes, croisement de Pavement qui ferait du Swell avec The Mabuses - pour aller parcourir Halcyon Digest, le 4ème album de la formation du très tourmenté Bradford Cox.
Il aura fallu la sortie de leurs nouveaux albums respectifs pour que j'écoute réellement leur production. Ce qui, dans le cas de Deerhunter, prouve que Pitchfork et moi, ça fait vraiment deux, puisqu'il paraît que la bible du rock indé U.S. fait une légère fixation sur ce groupe venu d'Atlanta.
Et j'aurai eu tort, car il m'a suffi l'écoute d'un seul titre, "Desire Lines" - rock séminal de plus de six minutes, croisement de Pavement qui ferait du Swell avec The Mabuses - pour aller parcourir Halcyon Digest, le 4ème album de la formation du très tourmenté Bradford Cox.
Deerhunter s'inscrit en terrain familier, en digne continuateur des rêveries noisy à l'atmosphère brumeuse de ses aînés shoegaze (Jesus and Mary Chain, Sonic Youth) et expérimentations psyché à la Spiritualized, parfait exutoire sonore aux angoisses de leur fragile leader.
Signant au passage une des perles de l'année, l'irrésistible "Helicopter" aux arrangements "aquatico-noisy baroques" et au refrain plaintif addictif, Deerhunter aurait mis de l'eau dans sa noisy rock en l'allongeant avec plus de pop...
Signant au passage une des perles de l'année, l'irrésistible "Helicopter" aux arrangements "aquatico-noisy baroques" et au refrain plaintif addictif, Deerhunter aurait mis de l'eau dans sa noisy rock en l'allongeant avec plus de pop...
Avouons que cela ne me déplaît pas, l'album ayant un côté patchwork disparate mais accessible ayant la particularité de proposer des climats variés : pop (Memory Boy), pur hommage "jesusandmarychainsien" (Fountain Stairs), ambient (Earthquake, très atmosphérique titre d'ouverture), et titres plus inégaux (Basement Scene ou le trop? calme Sailing).
Un condensé en tout cas représentatif de la maîtrise sonique d'un groupe s'inscrivant dans un courant déjà bien balisé du rock indé, mais au potentiel assez fort pour inventer ses propres repères.
"No one cares for me..." (personne ne s'occupe de moi) chante Bradford Cox dans Helicopter. Pas tout à fait vrai, et ça devrait vite changer.
"No one cares for me..." (personne ne s'occupe de moi) chante Bradford Cox dans Helicopter. Pas tout à fait vrai, et ça devrait vite changer.
Un peu le même topo concernant les Blonde Redhead : longtemps mal identifiés, voilà que je les écoute avec leur nouvel opus, au moment où le trio new yorkais, (la chanteuse Kazu Makino et les frères Amedeo & Simone Pace) semble mettre la pédale douce sur leur noisy rock expérimental sous influence de Sonic Youth, avec lesquels ils ont débuté.
Hanté par la voix claire et éthérée de la petite Kazu, Penny Sparkle est une plongée en apesanteur dans une électro pop atmosphérique intimiste, voyage immobile aux accents mélancoliques et volontiers neurasthéniques. Moins dérangé que Deerhunter, c'est sûr.
Une pop à la production (trop?) travaillée où se reconnaît, sur Here Sometimes ou Oslo, la patte synthétique d'Alan Moulder (Depeche Mode, Smashing Pumpkins), ci-devant remixer de l'album. Étonnant de la part d'un groupe dont la récente prestation live très intense sur France-Inter ne laissait pas présager un disque si recueilli.
Une atmosphère qui ne manque pas d'attrait et un climat indéniable, même si cela peut manquer peut-être de relief et d'aspérités au risque de lasser un peu sur la longueur.
Car finalement, les titres les moins pop s'avèrent plus attachants, tous ceux de la seconde partie en fait, au climat plus dramatique (Penny Sparkle, Spain ou Black Guitar, le plus beau titre de l'album, troublant duo Kazu-Amadeo).
Car finalement, les titres les moins pop s'avèrent plus attachants, tous ceux de la seconde partie en fait, au climat plus dramatique (Penny Sparkle, Spain ou Black Guitar, le plus beau titre de l'album, troublant duo Kazu-Amadeo).
Avec en ligne de mire les climats hypnotiques des musiques d'Angelo Badalamenti pour David Lynch, Blonde Redhead touche souvent (mais pas toujours) de la même façon que les vocalises évanescentes d'une Julee Cruise pour ce dernier ou les langueurs mystérieuses d'une Hope Sandoval.
Voilà du coup un album à ressortir et à explorer plus longuement cet hiver, propice à la rêverie et au cocooning introspectif.
Blonde Redhead. "Penny Sparkle" (4AD) ♥♥♥ sorti le 13 septembre en écoute sur Spotify
chroniqué sur Esprits Critiques et évoqué sur Muziksetcultures
Quant au dernier choix de cette petite sélection du moment, rien à voir avec un groupe que j'aurais longtemps ignoré et découvert sur le tard, c'est même le contraire : une petite nouvelle toute fraîche, la jeune californienne Cameron Mesirow qui débarque avec Ring.
Basé sur sa voix claire dédoublée en choeurs entêtants et des rythmes et percussions d'inspiration tribales, son univers électro-planant d'évidente ascendance Björkienne évoque surtout Natasha Kan de Bat For Lashes, sans le décorum hippie chic et les affèteries vocales assez agaçantes de cette dernière.
L'atout de Glasser est surtout la clarté et la luminosité de sa production - comme son nom l'indique - soignée sans être envahissante, qui rappelle un peu le groupe norvégien Bel Canto. L'atmosphère cristalline constamment cohérente de sa musique ne révolutionnera certes pas la pop, mais charme de fait les oreilles et l'esprit sans assommer de prétention. Juste un peu trop de "ouaou ouaou" répétitifs sur la fin, quand même.
Un disque à l'aspect assez bonbon à la menthe. Comme ce dernier, l'effet se dissipera bien à un moment - qui va vite arriver - mais vous aura cependant agréablement rafraichi un certain temps. Parfois, on (je) ne demande pas plus...
Quant au dernier choix de cette petite sélection du moment, rien à voir avec un groupe que j'aurais longtemps ignoré et découvert sur le tard, c'est même le contraire : une petite nouvelle toute fraîche, la jeune californienne Cameron Mesirow qui débarque avec Ring.
Un premier album qu'on pourrait aisément ranger, entre les School of The Seven Bells ou la hype passagère d'une Florence And The Machine, dans le créneau "dream pop féminine baroque", un genre plutôt encombré ces derniers temps.
Basé sur sa voix claire dédoublée en choeurs entêtants et des rythmes et percussions d'inspiration tribales, son univers électro-planant d'évidente ascendance Björkienne évoque surtout Natasha Kan de Bat For Lashes, sans le décorum hippie chic et les affèteries vocales assez agaçantes de cette dernière.
L'atout de Glasser est surtout la clarté et la luminosité de sa production - comme son nom l'indique - soignée sans être envahissante, qui rappelle un peu le groupe norvégien Bel Canto. L'atmosphère cristalline constamment cohérente de sa musique ne révolutionnera certes pas la pop, mais charme de fait les oreilles et l'esprit sans assommer de prétention. Juste un peu trop de "ouaou ouaou" répétitifs sur la fin, quand même.
Un disque à l'aspect assez bonbon à la menthe. Comme ce dernier, l'effet se dissipera bien à un moment - qui va vite arriver - mais vous aura cependant agréablement rafraichi un certain temps. Parfois, on (je) ne demande pas plus...
découvert grâce à La Tête à Toto
"Penny Sparkle", le dernier Blonde Redhead, j'en suis dingue. Dans le genre ambiance éthéré, psychédélique et neurasthénique, voix élégiaque, vecteur pour le voyage intérieur, c'est le best !
RépondreSupprimerCes derniers temps, il y a plusieurs albums sortis qui, bien que différents, me font le même effet, me procure les mêmes sensations planantes et lévitationnelles (je sais le mot n'existe pas) :
Baths "Cerulean" (électronica) / Blonde Redhead donc / Yellow Ostrich "Fate Cave Ep"/ Zola Jesus "Stridilum II" !!
Et dans un registre guitares acoustiques/électriques (+ effets) et voix, l'immense disque de Neil Young "Le Noise" !!!
A + + amigos.....
Salut Francky. Si tu ne le connais pas, je te conseille le "Halcyon Digest" de Deerhunter, noisy pop foutraque inspirée, jettes-y une oreille, surtout l'excellent "Desire Lines", l'entêtant "Helicopter" et les morceaux d'ouverture et de fin : planants et foutraques, tu devrais apprécier... ,-)
RépondreSupprimerJe connais Bradford Cox par son coté folk psyché et noisy avec sa formation Atlas Sound (dont le superbe "Logos" l'année dernière + multi Ep télécharchable gratos sur son site). Mais Deerhunter,bizzarement, je connais surtout pour avoir lu son nom partout.
RépondreSupprimerJe vais donc écouter ce dernier album ! Merci du conseil. En tout cas, j'aime bien tes papiers où tu chroniques plusieurs disques en même temps !!!
A +
de ta sélection, tu sais deja ce que je pense du blonde redhead (voir sur pop revue express), le Deerhunter, j'ai beau essayer, ça me laisse totalement distant. je ne trouve aucun charme à ce disque. Seul le Glasser trouve grâce à mes oreilles. je trouve ça hyper agréable à écouter, un peu comme Delorean... j'en dirai deux mots dans quelques jours.
RépondreSupprimerJ'ai lu ta chronique sur Blonde Redhead : suis plutôt d'accord, moins la déception ressentie puisque leur musique m'était moins familière.
RépondreSupprimerSur le Deerhunter, je t'accorde qu'il est disparate mais je le trouve addictif quand même.
Et c'est marrant que le Glasser t'emballe autant, parce que si le disque me charme sur le moment, j'ai peur de m'en lasser bien vite...
Comme quoi, les perceptions sont bien différentes ... ;-)
Bon, bah il va falloir que je m'y mette au dernier Blonde Redhead, vous me faites envie, j'avais déjà super aimé le virage total de ce groupe, après avoir essuyé leur dernier concert 'punk" en 99. "Misery is a butterfly" est qd même un chef d'oeuvre, un grand classique pop lyrique aux constructions époustouflantes proche de la musique classique et des grands compositeurs du 18eme...si si. "23" avait du coup était moindre et attendu.
RépondreSupprimer"the spoils" de ZJ m'avait laissé dubitatif, allergisant le disc.... mais si le nouveau est planant... je vous tiens au courant.
BIZ
Charlu
... Ah, mais Charlu, il y a peut être un peu méprise sur le Blonde Redhead, car Benoît voulait dire qu'il était fort déçu par ce nouvel opus trop calibré et je serai peu ou prou d'accord, car assez lisse et manquant de relief. À toi de te faire un avis maintenant ! ;-)
RépondreSupprimerYes effectivement, je suis parti sur "moins la deception..." sans comparer avec ta chronique...oups... j'ai aussi vu planant et lévitation chez Franky qui à l'air d'apprécier.... hey, franchement "HERE SOMETIMES" est superbe...et "BLACK GUITAR" encore plus haut... je vais le repasser ce soir. Super production limpide et délicate en tout cas (comme eraser , le solo de tom yorke).
RépondreSupprimerAmitiés