vendredi 4 juin 2010

MUSIQUE. The Divine Comédie Musicale

Neil Hannon et son groupe Divine Comedy, c'est un peu comme une vieille connaissance retrouvée, bien que perdue de vue depuis longtemps : on est en territoire connu, limite blasé, et on se demande bien ce qu'on va pouvoir se dire de nouveau.
Et, pourtant dès qu'on se revoit, c'est comme si on s'était quittés la veille, et c'est reparti comme avant... *

* on peut aussi dire que c'est comme les cacahuètes à l'apéro : on ne tient pas à en manger, mais sitôt remis la main dedans, on s'en goinfre sans s'arrêter. Mais comme image, c'est moins heureux, n'est-ce pas...

Près de dix-sept ans que ça dure pourtant, depuis qu'est sorti son vrai premier album "Liberation" en France et depuis, l'animal en a aligné au moins une dizaine :


Voici donc le nouvel opus de notre crooner irlandais préféré avec sa photo de pochette marrante et loufoque, d'esprit très B.D. (j'aime particulièrement le regard du chien)

Orfèvre pop depuis ses débuts, Neil Hannon s'est fait le spécialiste d'une pop orchestrale hautement mélodique avec en ligne de mire la chanson parfaite, inscrivant sa carrière dans les pas d'illustres anciens tels que Ray Davies des Kinks, dont il perpétue l'esprit de portraitiste de la société anglaise.
Et également aussi, le romantique et théâtral Scott Walker, le caméleon Elvis Costello, ou encore les érudits pop des années 80 Andy Partridge d'XTC et Paddy McAloon de Prefab Sprout.

Rarement artiste aura tracé avec une telle constance le même sillon, perfectionnant au fur et à mesure des années un song-writing à l'ancienne et un goût prononcé pour les orchestrations luxuriantes. Quitte à côtoyer parfois la grandiloquence, mais, coup de chance, pas dans cette nouvelle livraison de notre homme-orchestre.

"Bang Goes The Knighthood" (oserait-on traduire ce titre en VF par un "Boum, voilà la chevalerie" ?) est juste un excellent cru neilhannonien où il assume franchement sa référence de toujours : la grande époque de la comédie musicale.

Voilà son grand rêve : rivaliser avec les classiques composés par Cole Porter, Rodgers & Hammerstein ou Irving Berlin, quitte à passer pour de bon pour un passéiste anachronique.
Pas bien rock, tout ça, me dira-t-on ? Qu'importe, tellement ses chansons faussement désuètes, mais si bien ciselées et finement orchestrées (secondé par l'arrangeur Andrew Skeet) témoignent d'une élégance, vocale aussi, dont notre gandin pop ne s'est jamais départi.

Un opus varié où il fait montre des multiples facettes de son talent : en maniant l'humour pince-sans rire (The Complete Banker, allusion non déguisée à la récente crise financière), le romantisme théâtral (Bang Goes The Knighthood), la mélancolie (When A Man Cries), ou la légèreté des standards de la comédie musicale (le titre d'ouverture Down In The Street Below et Have You Ever Been In Love, que Fred Astaire aurait pu danser).

Et les habituelles perles pop, l'allègre "Neapolitan Girl", le réjouissant "Assume The Perpendicular" ou "At The Indie Disco", où il regrette l'heureux temps des virées en boîte sur les groupes indie de sa jeunesse, citant au passage Cure, New Order, Morrissey et autres Pulp, de son ami Jarvis Cocker, autre outsider du genre.

Si Neil Hannon est plus aimé en France qu'en Grande-Bretagne - n'oublions pas que ce francophile invétéré a composé pour Valérie Lemercier, Air et Charlotte Gainsbourg - c'est pourtant la figure de l'artiste britannique type, cultivé et décalé, mêlant auto-dérision et panache, nostalgie et excentricité. Il a même fait paraître l'an dernier un album entier autour du cricket, The Duckworth Lewis Method. Peut-on faire plus anglais ?

Si vous êtes amateurs de jeunes pousses post-modernes, ce disque ne répondra certes pas à vos envies. Mais on ne peut pas bouder ce recueil d'excellentes chansons brillamment écrites et composées, arrangées élégamment, et où s'exprime tout l'esprit malicieux d'un brillant représentant de l'écriture musicale anglaise la plus pure.
 
The Divine Comedy. "Bang Goes The Knighthood" (DCR/PIAS) ♥♥♥♥ sorti le 31 mai

le site officiel de Divine Comedy

La vidéo du premier single :

8 commentaires:

  1. Hello.

    Je découvre à l'instant ton blog par l'intermédiaire d'un commentaire au post "10 choses..Ludo Pin" sur Hop Blog !
    Je comprend qu'avec un tel nom de blog et de photo d'accueil tu dois être fan de "Dead Man" ! C'est vrai que depuis que je l'ai découvert, il trône au panthéon de "mes meilleurs films" !

    Divine Comedy : La sortie de "Liberation" avait pas mal secouée la planète rock/pop ! Cet album est un peu la matrice des disques fait maison, "lo-fi" et en solo. J'ai pas trop suivi sa carrière, bien que certains de ces albums m'ont plut.
    Savais-tu que la pochette timbre poste de "Victory for the Comic Muse" de 2006 était une parodie ou hommage à l'album "Tested" (1997) de Bad Religion ???? Voir ici : http://www.amazon.fr/Tested-Bad-Religion/dp/B001F2K584/ref=sr_1_20?ie=UTF8&s=music&qid=1276088662&sr=1-20

    A + +

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  2. Salut Francky o1, c'est sympa cette chaîne qui nous amène à découvrir les blogs des uns et des autres et laisser des commentaires chez chacun ... Donc, bienvenue à toi ! En ce qui concerne Divine Comedy, je ne savais pas que la pochette était une citation mais, normal, ce doit être le Divine Comedy que je connais le moins bien. Mais son tout nouveau est vraiment réussi, lui. Bon, là, je crois que tout le monde a compris :-) À bientôt..

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  3. cher Blake,
    mille mercis pour cette nouvelle, je suis un inconditionnel de l'ami Neil H... et de sa comédie... voilà qui réjouit mes oreilles d'éléphant...
    à plus
    amitiés
    christo

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  4. Alors, ce nouvel opus réussi de l'ami pop irlandais devrait te réjouir sans nul doute... À + !

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  5. Bonjour,

    Juste pour information "Bang Goes The Knighthood", en français ça veut dire (grosso modo): "Hop, Envolé le titre de noblesse".

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  6. Merci beaucoup du renseignement, Aline, je savais que ma traduction incompétente et farfelue n'avait aucun sens... Là, c'est plus clair... Mais Neil Hannon en chevalier, finalement, ça lui allait pas si mal :-) À bientôt j'espère...

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  7. jolie analyse. Moi aussi je trouve le nouveau Divine comedy tout bien, sympa comme tout, mais ça n'a plus le même impact qu'on pu l'avoir, à l'époque, ses premiers albums, disons jusqu'à "Casanova".

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  8. O.K. avec toi, rien de neuf, mais cette capacité qu'il a développer un song-writing classique doit satisfaire chez moi mon goût pour le "bon vieux travail artisanal de qualité"... Ça ne révolutionnera pas la pop, mais ça fait du bien aux oreilles quand même en passant :-) À + !

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