vendredi 27 août 2010

ADIEU. Les rêves de Satoshi Kon


Curieux hasard que la vie d'un blog... Alors que je vous parlais très récemment du Japon avec le roman de Murakami, on apprenait cette semaine la disparition prématurée à 46 ans d'un des géants de l'animation nippone, le metteur en scène Satoshi Kon.

Un auteur vite célébré dans le monde en dépit d'une oeuvre relativement modeste : quatre longs métrages seulement, mais pas des moindres !
En premier lieu, "Perfect Blue" en 1995, un des films d'animations les plus originaux et flippants que j'ai vu.
Quel surprenant thriller animé, d'une maîtrise formelle bluffante à l'ambiance de cauchemar éveillé : polar schizophrénique "sous influence De Palma/Argento/Lynch" selon Les Inrocks qui, pour une fois, ont vu juste...


Même si l'intéressé citait plus volontiers l'écrivain Philip K. Dick et surtout Terry Gilliam, période "Brazil", son film préféré.
À l'origine auteur de manga, Satoshi Kon était venu à l'animation en devenant assistant de Katsuhiro Otomo (Akira) et Mamoru Oshii (Ghost In The Shell), deux génies de la S.F dessinée et animée.
Des influences majeures qui détermineront les bases de son cinéma explorant les frontières ténues entre rêve et réalité.

Prouesse rare dans l'animation, ses films au graphisme hyper-réaliste procuraient souvent le même trouble que certains des meilleurs vrais films du genre (Lynch en tête).

"Millenium Actress" (2001) où deux journalistes revivaient réellement les scènes marquantes de la vie d'une actrice oubliée, et plus encore le délirant "Paprika" (2006) où des scientifiques plongent dans le subsconscient onirique de leurs patients - le concept d'Inception ? - témoignent du haut niveau technique et artistique atteint par leur auteur, et plus généralement de l'animation japonaise.






On n'oubliera pas l'atypique "Tokyo Godfathers" en 2003, conte de Noël moderne à la Capra qui voit trois sans-abris de Tokyo, rejetés par la société, unir leurs forces pour retrouver les parents d'un bébé trouvé dans la rue. Un film tendre et drôle, bourré d'énergie et d'humanité.

L'artiste travaillait à un nouveau long métrage "The Dreaming Machine", mais un foudroyant cancer du pancréas l'a emporté avant qu'il mette la touche finale à ce nouveau rêve, qu'on espère aussi planant que les précédents. Fichue réalité....


Satoshi Kon sur dvdanime et rétrospective sur Télérama.fr et les Inrocks

3 commentaires:

  1. Quel pays de merde!

    Pas une ligne ou une dépêche pour annoncer la mort de l'un des meilleurs réalisateurs au monde de "l'animation" diront les néophyte... du cinéma tout court diront les connaisseurs!!!

    C'est par hasard que je suis tombé sur ce blog et appris la nouvelle!

    Je ne suis pas un fan absolu de japanimation mais tout de même! c'est un grand grand monsieur qui nous a quitter!!!

    Je suis triste.

    Paix à son âme...

    Mohamed

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  2. Je partage la même tristesse et aussi l'agacement sur le silence radio qui a suivi sa disparition.
    C'est grâce au site des Inrocks que je l'ai appris et aussi Télérama qui, eux, ont vite réagi.

    Mais, chose curieuse sur la version papier de Télérama : rien du tout...
    Pourquoi les lecteurs du magazine n'ont pas droit à l'info ?

    Drôle de presse, je suis d'accord avec toi Mohamed :-(

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  3. Je viens également de l'apprendre :-O
    Avec un bon mois de retard et c'etait par un pur hasard (je faisais sur une simple recherche sur The Dream Machine). Je me demande si son dernier film va être achevé par son équipe pour sortir en salle..

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