mercredi 3 novembre 2010

BACK IN TIME. Twin Shadow, Tame Impala, Admiral Radley


Avouons-le, du fait d'un emploi du temps un peu bousculé ces derniers temps, et récemment d'un gros rhume déjà presque guéri, la fréquence de parution des Chroniques de Blake a assez sévèrement chuté.

Début de reprise plus régulière en ce début novembre avec cette petite sélection musicale. Un choix de disques qui ont tous en commun de proposer, comme dans le billet précédent un voyage musical rétro-futuriste.


Ainsi, "Forget", le premier album de Twin Shadow, nouvelle sensation hype programmée au dernier festival des Inrocks, nous propose-t-il de premier abord l'habituel revival eighties, habillage musical quasi obligé pour toute formation indie depuis bientôt deux ans.
"Un de plus ! " se dit-on négligemment, l'oreille déjà lassée et blasée.
Sauf que, sauf que, contre toute attente, la musique produite par Georges Lewis Jr - l'homme caché derrière le pseudo Twin Shadow - même si elle affiche bien les sons de claviers synth-pop, boîtes à rythmes et basses funky ronflantes typiquement 80, s'avère être une sympathique surprise, bien sûr nimbée d'une certaine nostalgie et de références d'époque (New Order ou Morrissey), mais pas seulement.

Est-ce tout simplement qu'en dehors de cette production néo-80's assurée par Chris Taylor de Grizzly Bear, c'est surtout un disque plutôt inventif et addictif, composé d'une excellente collection de bonnes chansons balançant entre mélancolie et énergie (When We're Dancing, Tether Beat, At My Heels, Yellow Balloon) portées par la voix incarnée et atmosphérique de Georges Lewis Jr ?

Un curieux oiseau au look "hindou rock", originaire de République Dominicaine, ayant grandi à Miami puis finalement installé à New York, et un musicien amoureux des groupes mythiques du label 4AD ... label sur lequel il est désormais signé !
Départ logique sous les meilleurs auspices donc, pour un artiste qui évite le piège du passéisme et dont la musique devrait à la fois séduire les accros des dance-floors, les "eighties addicts" (qui ça, moi ?) et les mélomanes indie pop les plus irréductibles.


Twin Shadow. "Forget" (4AD) ♥♥♥♥
audible depuis le 18 octobre en digital, sortie CD prévue le 16 novembre
en écoute sur Deezer et Spotify
chronique sur l'excellent La Tête à Toto et article sur Fluctuat.net
La vidéo du titre "Slow", plutôt rythmé en fait


et "When We're Dancing" qui serait plutôt un slow :


Le même, capté en live et qui témoigne de son énergie sur scène, malgré un son direct déplorable :
Les jeunes Australiens de Tame Impala eux, nous convient à un voyage musical plus lointain, dans le temps et l'espace (inter-sidéral ?), avec "Innerspeaker" premier album aux couleurs rock psychédelique marquées, autre terrain musical ultra-prisé par la scène rock indé ces dernier temps, MGMT en tête.

Coïncidence ? On retrouve aux manettes de la production le même sorcier du son Dave Fridmann, spécialiste incontesté du genre depuis ses Mercury Rev originels.
C'est bien simple, on s'y croirait. Où et surtout, quand ? En pleine explosion rock psychédélique planante, cru 1966-1967, avec ce son kaléidoscopique de guitares carillonnantes et de batteries en folie digne des groupes pionniers 13th Floor Elevators ou Love, parmi les champions du genre.
Et que dire de la voix du chanteur Kevin Parker, réincarnation vocale à s'y méprendre de John Lennon, réverbérations et distorsions soniques inclues (Alter Ego, Solitude Is Bliss) ? En fait si Tame Impala impressionne et surtout emballe, c'est que cette parfaite maîtrise de cette esthétique sonore d'époque, mêlée de plus à des accents shoegaze à la Spacemen 3 ou My Bloody Valentine du meilleur aloi, n'empêche jamais le projet de garder sa fraîcheur et son énergie, loin de la fossilisation musicale qui aurait plus résulter d'une telle démarche.
Question d'âge et d'enthousiasme, peut-être, mais aussi certainement de talent - qui n'attend pas le nombre des années, vous savez bien - et ici assez réjouissant. 

Embarquement immédiat sur le tapis volant de Tame Impala.

Tame Impala. "Innerspeaker" (Modular Recordings) ♥♥♥♥ audible depuis cet été, mais sorti le 25 octobre
en écoute sur Deezer et Spotify
"Half Full Glass Of Wine", titre inédit absent de l'album :

Tame Impala.com

Dernière galette à nous embarquer dans un petit voyage sonore, "I Heart California" le premier album sous le nouveau nom d'Admiral Radley d'un quasi revenant.

Pendant près de quatorze ans, il fut aux manettes d'une des plus valeureuses formations du rock indie U.S., autrement dit, Jason Lytle ex-leader en rupture de son groupe historique Grandaddy depuis quatre ans.
Sorti dans une complète indifférence en plein mois de juillet dernier - autant dire, déjà une vieillerie - les nouvelles aventures de l'ermite de Modesto, Californie, méritent cependant un coup d'oreille plus que passager.
En effet l'homme, épaulé de son pote Aaron Burtch, l'ex-batteur de Grandaddy, s'y révèle en certaine verve musicale, renouant un peu avec l'inspiration "space electro-pop-folk-rock indie" qui fit la singularité du Grandaddy des grands jours, période "The Software Slump" (2000).
Et que propose-t-il, lui, comme style et période musicale à revisiter ?
En fait, rien que sa propre musique durant les années 90 et début 2000 !

Une sorte de retour modeste aux sources du rock indépendant U.S. des nineties, entre ballades folk-rock rustiques (Ghost of Syllables, Lonesome Co.), ou mini-épopées space pop potaches (I Heart California, GNDN) qui perpétuent l'état d'esprit d'une certaine Americana décalée, dans la mouvance de ses collègues de l'époque, Mercury Rev, Flaming Lips ou encore Eels.








Un disque qui ne renouvelle certes pas le genre pour autant, que certains risquent donc de ranger pour cela dans la catégorie "série B", et qui ne devrait pas avoir l'honneur de figurer sur les palmarès de fin d'année.

Mais juste un disque plutôt réussi dans sa catégorie et qui s'avère simplement attachant. Pour vous en persuader, jetez-donc une oreille à "I Left U Cuz I Luft U", le joliment mélancolique titre de fin.

Admiral Radley. "I Heart California" (The Ship) ♥♥ sorti le 13 juillet en écoute sur Spotify
chroniques sur Le Golb et Jazz Blues & Co


La version live sur un perron de "Ghost of Syllables"


et bien au chaud de "I Left U " :

Admiral Radley

3 commentaires:

  1. Hello et content pour toi que ton p....n de gros rhume soit finit.
    Sympa ton idée de chroniquer plusieurs disques récents, autours d'une thématique, notamment la période d'inspiration ici.
    Twin Shadow, a découvrir...

    Tame Impala : Ayant cette capsule spatio-temporelle nommée "Innerspeaker" depuis juin, je l'ai pas mal empruntée. Je suis content que toi aussi tu parles de leur son comme de la fusion entre le rock psychédélique, la "sunshine pop" et le shoegaze / space rock (des Spacemen 3 & Co) car souvent quand je le disais, on ne trouvait pas. Les gens n'y voyaient que pop psyché.

    Admiral Radley. "I Heart California" : Adorant Granddady, je ne peux que surement les aimer mais pas écouté le disque mis à part 3 titres sur un post du grand et très rock'n'roll dessinateur Half Bob (Gimme Indie Rock, blog dessiné, sélection indie rock pointue et excellent que je te conseille : lien sur mon blog).

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  2. Voici le lien vers le blog de Half Bob que je te recommande absolument si tu ne le connais pas. C'est 1 dessinateur très talentueux à l'humour extra et aux choix musicaux rock indie sympa (il est grand fan de Grandaddy).
    Chaque post est 1 petite histoire parlant d'un disque ou d'un groupe/artiste. Il s'y met régulièrement en scène à la manière de Boulet ou de JC Menu.
    lien : http://blogs.lesinrocks.com/gimmeindierock/

    A + +

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  3. J'avoue être très déçu par cet album de "Admiral Radley", je trouve ça extrêmement brouillon, pour ne pas dire bâcle sur certains titres. Le non-album de Jason lytle a beaucoup plus de charme je trouve... c'est peut-être aussi pour ça qu'ile st passé inaperçu ;-)

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