mardi 14 septembre 2010

ADIEU. La mauvaise blague de Chabrol

Je m'étais dit récemment : "Allez, j'arrête de leur (vous) parler des disparus du cinéma, ou sinon ce blog se transforme pour de bon en journal funèbre".

Mais la série noire continue de plus belle : ce vieux renard rigolard de Claude Chabrol ("Cha-Cha" pour les intimes) nous a quittés dimanche sans crier gare. Alors, tout de même, un rapide salut au plus balzacien des cinéastes français :

Pour m'éviter la tâche de rappeler son parcours, arte s'est fort bien chargé en 4 minutes chrono de résumer, à l'adresse des amnésiques et des martiens, sa carrière bien remplie :


Chabrol, malgré tous les clichés qui suivent, ce n'était pas juste un cinéaste qui :

- aimait le bon vin et la bonne chère, comme l'oncle Alfred H.
- fumait la pipe en toisant le monde de son regard de hibou moqueur (plus jeune, c'était la cigarette)
- choisissait les lieux de tournage de ses films en fonction des restaurants
- racontait sur les plateaux de télé des (bonnes et moins bonnes) blagues en partant d'un gros rire sonore
- en staknanoviste de la pellicule, alignait autant de grands films que de splendides navets (liste longue dans les deux cas)
- adorait vicieusement la télé, surtout les jeux les plus stupides

... c'était aussi :
- un grand critique : sans lui et ses copains Truffaut-Rohmer, on passait à côté du génie d'Hitchcock
- un homme qui vouvoyait toujours Isabelle Huppert, malgré sept films tournés ensemble
- un metteur en scène qui n' a jamais reçu aucun César ou prix à Cannes ...
- un des meilleurs adaptateurs à l'écran de Simenon dont il captait bien l'atmosphère
- un cinéaste qui assumait être devenu le représentant d'un cinéma français classique après avoir débuté comme "jeune turc" de la Nouvelle Vague,
- un ami intime de Truffaut dont il évoquait le souvenir avec pudeur
- un moraliste caché derrière son masque de cynique vachard
- un anarchiste dans la peau d'un bourgeois (ou bien alors l'inverse ?)
- malgré son image de bon vivant, un auteur qui a signé parmi les films les plus féroces, inquiets et sombres du cinéma *
* dont mes préférés à moi sont : La Femme Infidèle, Le Boucher, Les Fantômes du Chapelier, La Cérémonie
- surtout un cinéphile/cinephage/cinévore/cinémalade de cinéma.
Écoutez-le détailler quelques souvenirs cinéphiles de son panthéon le plus intime ... pour changer, pas de Hitchcock ou Lang, mais des Mizoguchi ou des Anthony Mann à redécouvrir :
On ne lui en voudra pas trop d'avoir eu une fin de carrière mollassonne plutôt en pilote automatique.
D'ailleurs, les cinéastes ont rarement une fin de parcours au niveau de leurs meilleures années ...
Ici, évoquant avec franchise ses "navets volontaires" :
Salut "Cha-Cha"...
Petit sondage : et vos films préférés à vous du gars Claude, ce serait lesquels ?
Oui, oui, je suis curieux...

4 commentaires:

  1. Bonjour, joli hommage à Chabrol qui va manquer au cinéma. Mes films préférés sont Que la bête meure, Une affaire de femme, La cérémonie. Bonne après-midi.

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  2. Bienvenue dasola et merci d'avoir joué le jeu des "films préférés"...
    Oui, l'ironie bonhomme de Chabrol va nous manquer, je pense.
    À très bientôt, ici ou ailleurs !

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  3. Une affaire de femmes est l'un de mes films favoris. J'avais bien aimé les fantômes du chapelier. Il va nous manquer c'est sûr. Merci pour cet hommage.

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  4. Merci pour ton retour Lola et ta participation à ce sondage express... Et tous mes encouragements en ce mois de septembre stressant :-)

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