Toutes deux produites par la chaîne AMC, et qui dessinent toutes deux le portrait d'une Amérique un tantinet inquiète et névrosée.
Série baignant dans l'humour le plus noir, "Breaking Bad" nous embarque dans le quotidien mouvementé de Walter White, ex-chimiste prodige, devenu anonyme professeur de lycée à Albuquerque.
(Les spectateurs de la sitcom "Malcom" autrefois diffusée sur M6 sauront à quoi s'en tenir au rappel des étonnantes prestations de Bryan Cranston qui y joua longtemps avec bonheur Hal, le père extraverti et dingo).
Mariage de la carpe et du lapin, ce tandem improbable de bras cassés s'embarque - et nous avec - vers le plus chaotique des avenirs, sorte de revers cauchemardesque et meurtrier du rêve américain. Un équivalent télévisé de la mécanique du désastre des losers magnifiques et autres crétins ultimes des films des frères Coen, style "Sang pour Sang" ou "Fargo".
Mais si la série de Vince Gilligan impose un réel anti-conformisme tout en maniant une réjouissante bouffonnerie burlesque, c'est aussi par ses détails réalistes et son portrait en creux d'une Amérique moyenne plutôt très "down", embourbée économiquement, en pleine crise de confiance et en complète perte de valeurs morales.
Diffusion de 2 épisodes chaque samedi vers 22h20 sur arte
Autre fleuron d'AMC, c'est d'ores et déjà une oeuvre culte qu'on retrouve pour sa troisième saison actuellement diffusée sur Canal+, autrement dit, "Mad Men" la plus stylée, la plus élégante des séries de l'histoire de la télé américaine et l'une des plus mélancoliques.
Radiographie de l'Amérique du début des années 60, à travers le quotidien d'une agence de publicitaires new-yorkais, "Mad Men" est devenu, depuis sa création en 2007, un mini-phénomène de société aux États-Unis, ce principalement pour le soin apporté à la reconstitution de l'époque en question. Pas une coiffure, robe, intérieur, objet qui ne soit pas irréprochablement d'époque.
De quoi ravir les amateurs de design, les secrétaires de rédac de magazines branchés et les bobos nostalgiques... Mais justifier le succès de "Mad Men" seulement par sa beauté plastique et son indéniable glamour serait fort réducteur, et occulterait le caractère fondamentalement critique d'une série au caractère secrètement subversif.
Son créateur Matthew Weiner - ex-scénariste des Soprano, tiens, tiens... - dit avoir voulu recréer l'époque où travaillait son propre père pour montrer l'envers du décor de cette période d'expansion trop idéalisée dans la mémoire collective.
"Mad Men" met en scène une société extrêmement clivée, dominée par des hommes dominateurs au machisme profond - le taciturne et mystérieux publicitaire vedette Don Draper joué par John Hamm en tête - et ordinairement conformiste, raciste ou machiste.
Sous les mises en plis impeccables des femmes aux foyers modèles - la très "Grace Kelly" Betty Draper, épouse soumise et mélancolique de Don - ou des secrétaires en mal d'émancipation - l'ambitieuse Peggy Olson - se cachent des abîmes de frustration et de solitude, très loin de l'image d'épinal d'une Amérique épanouie et sans nuages, version moderne des mélodrames amers de Douglas Sirk.
Se développant à l'image d'un cycle littéraire intimiste, Mad Men est une série au fort potentiel romanesque, au rythme volontairement lent et à l'action assez limitée, une particularité encore plus marquée dans cette troisième saison.
Mais il est vrai qu'il faut savoir patienter, et une fois acclimaté à cet univers faussement rassurant, difficile de ne pas succomber au magnétisme de ces personnages tentant sourdement d'échapper au rouleau-compresseur de l'aliénation sociale.
Don Draper, au spleen digne d'un héros de F. Scott Fitzgerald, qui cache soigneusement son passé, ou la secrétaire aux formes voluptueuses Joan Harris luttant pour conserver sa dignité, sont parmi les personnages les plus fascinants de la fiction américaine récente.
Une fiction qui peut se voir comme un portrait en écho d'une Amérique contemporaine également aliénante. Il est temps de succomber à votre tour à la petite musique élégante et mélancolique de "Mad Men".
"Mad Men" une série créée par Matthew Weiner et produite par AMC
Saison 3 (2009), 13 épisodes de 45 mn.
Diffusion d'un épisode chaque jeudi à 22h15 sur Canal+
Bande-annonce américaine de la saison 3 :
Breaking Bad on est dans la 2 et Mad men j'attends la fin de la 3 sur c+ pour regarder. Ma préférence va à breaking Bad, plus folle, plus déjantée, plus fun, plus drôle, même si Mad men ça reste la classe... et puis la rousse elle me fait quelque chose...
RépondreSupprimerSûr, "Breaking Bad" c'est plus fou et plus vivant mais "Mad Men" est une série vraiment unique par la forme, le ton et le rythme lent.
RépondreSupprimerFaussement classique et très addictive sur la longueur en fait ;-)